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Adhésion de la Turquie à l’Union : accord à vingt-cinq en vue

jeudi 15 septembre 2005, par Alexandrine Bouilhet

Le Figaro - 15/09/2005

Bruxelles : de notre correspondante Alexandrine Bouilhet

Loin de l’agitation des capitales, les ambassadeurs des Vingt-Cinq se sont retrouvés, hier, à Bruxelles, pour évoquer l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie, le 3 octobre prochain. Si politiquement le dossier reste très sensible, surtout en France et en Allemagne, il n’existe plus, sur le plan technique, de véritable obstacle au lancement des pourparlers. Même la question complexe de la reconnaissance de Chypre, soulevée cet été par Paris, est en voie de règlement. « Sur Chypre, l’accord unanime est à portée de main », confie un diplomate britannique.

L’Union peaufine sa réponse à la Turquie, laquelle occupe le nord de l’île et refuse de reconnaître la République gréco-chypriote (sud de l’île) avant le 3 octobre et lui interdit toujours l’accès à ses ports et aéroports. D’après le projet de déclaration commune, qui sera adoptée avant le 26 septembre, les Vingt-Cinq indiqueront : « La reconnaissance de tous les Etats membres est une composante nécessaire du processus d’adhésion. » Incapables d’exiger cette reconnaissance avant le 3 octobre, ils vont tenter de presser Ankara, en ajoutant : « L’Union souligne l’importance qu’elle attache à la normalisation des relations entre la Turquie et tous les Etats membres, le plus vite possible. »

Juridiquement, les Vingt-Cinq ne peuvent aller plus loin dans leurs exigences, sauf à rompre leurs engagements. Cette surenchère de dernière minute a été dénoncée, hier, par Recep Tayip Erdogan, le premier ministre turc, depuis New York, où il participe à l’Assemblée générale de l’ONU.

« La Turquie a rempli les critères politiques de Copenhague en travaillant jour et nuit (...), et maintenant, après tout ce que nous avons fait, on se pose encore la question de savoir si les discussions peuvent commencer ou pas », s’est-il offusqué. « Ce n’est pas digne de l’éthique diplomatique internationale », a-t-il estimé.

Au sein de l’Union, c’est la Grande-Bretagne, en tant que présidente, qui veille, ces temps-ci, à l’éthique diplomatique. Favorable à l’adhésion de la Turquie pour des raisons tant stratégiques que politiques, Londres est parvenu, en coulisses, à neutraliser le nouveau front antiturc en semant la zizanie au sein de l’axe Paris-Nicosie. Les Britanniques ont réglé la question chypriote en tête-à-tête avec les Français, en leur faisant endosser une déclaration commune. Du coup, les Gréco-Chypriotes se retrouvent isolés et marginalisés à la table des Vingt-Cinq. Après la France, et Chypre, un autre Etat membre reste à convaincre avant le 3 octobre : l’Autriche. Vienne insiste pour mentionner dans le cadre des négociations une autre alternative à l’adhésion, comme le partenariat privilégié, qui constitue une « ligne rouge » pour Ankara, Londres et Washington. « Les Autrichiens se calmeront si on leur offre l’ouverture des négociations avec la Croatie », suppute un diplomate. Autrement dit : les pourparlers d’adhésion avec Zagreb, bloqués pour manque de coopération avec le TPI sur les criminels de guerre, devraient être débloqués avant le 3 octobre, sauf si Carla Del Ponte y met son veto. « La Croatie fait partie du marchandage global sur la Turquie », reconnaît-on à Bruxelles. Plusieurs Etats membres d’Europe centrale, Autriche en tête, trouvent en effet « anormal » que la Turquie commence les négociations d’adhésion avec Bruxelles avant la Croatie.

De Londres à Bruxelles, en passant par New York, les tractations diplomatiques vont bon train pour sécuriser de toute part l’accord politique sur la Turquie avant le 3 octobre. « C’est une prudence tactique : personne ne veut une crise le 3 octobre, explique un observateur. Les capitales européennes vont maintenir le suspense jusqu’au bout, pour mettre les Turcs sous pression. Certains redoutent toujours un coup de sang d’Ankara à la dernière minute, qui fasse tout capoter. » Par précaution, la présidence britannique n’exclut pas de faire avaliser l’accord sur la Turquie au niveau des ministres des Affaires étrangères de l’Union, le 26 septembre.

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