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1er mai : manifestation de masse sur une place emblématique d’Istanbul

lundi 3 mai 2010, par AFP

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont convergé samedi sur la place de Taksim, la plus connue d’Istanbul, pour y célébrer le 1er mai pour la première fois depuis 1977, date à laquelle des dizaines de personnes avaient été tuées sur cette esplanade.

La vaste place, centre névralgique de la métropole stambouliote, était totalement investie par une foule joyeuse, chantant, dansant et arborant une multitude de drapeaux colorés.

Les autorités n’étaient pas immédiatement disponibles pour évaluer le nombre de manifestants, mais les organisateurs —six confédérations syndicales et plusieurs dizaines de partis de gauche et d’associations— ont affirmé qu’ils attendaient plus de 300.000 personnes.

« Aujourd’hui nous sommes heureux et fiers de célébrer le 1er mai avec les salariés sur la place de Taksim », a clamé Mustafa Kumlu, le président de la confédération Türk-Is.

« Mais nous avons tous une dette envers ceux qui ont perdu la vie : démasquer et remettre à la justice ceux qui sont à l’origine des événement douloureux de 1977 », a-t-il poursuivi.

La place de Taksim était interdite aux manifestants depuis le 1er mai 1977, lorsque des inconnus avaient ouvert le feu sur la foule. Dans la panique générale, les incidents avaient fait 34 morts.

Les auteurs de l’attentat n’ont jamais été identifiés par les autorités, mais les soupçons se portent sur des militants d’extrême droite soutenus par les services du renseignement.

Samedi, de nombreux manifestants ont scandé « Main dans la main contre le fascisme ».

L’interdiction de la place était contestée par les syndicats et des affrontements avec la police ont eu lieu ces dernières années. Les heurts ont fait huit blessés en 2008, une quarantaine en 2009.

L’an dernier, les autorités avaient lâché du lest en déclarant le 1er mai jour férié et en autorisant une partie du cortège syndical à pénétrer sur la place.

Cette année, elles ont totalement ouvert la place. Le gouverneur d’Istanbul Muammer Güler a expliqué que les commémorations pourraient être considérées comme des « festivités » autorisées et non comme un « meeting » politique, proscrit.

Plus de 22.000 policiers ont été déployés et les manifestants se rendant sur la place ont été soumis à une fouille minutieuse. Mais la police est restée discrète et aucun heurt majeur n’a été rapporté.

L’atmosphère était plutôt à la joie parmi les manifestants, estimant avoir remporté un important combat.

« J’étais ici en 1977. Cette année-là, la célébration était aussi joyeuse, et puis les tirs ont commencé », a déclaré à l’AFP Günal Öztekin, un ouvrier retraité de 60 ans. « Mais aujourd’hui je n’ai pas peur, il n’y aura que la joie. »

« Nous avons payé un lourd tribut pour être ici aujourd’hui. Des milliers de nos camarades ont été arrêtés, mais le résultat de notre lutte est là », a commenté Aydin Demir, 44 ans, propriétaire d’un kiosque à journaux.

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Sources

Source : Le Point du 30 avril 2010

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