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Visite historique grecque à Ankara

mardi 29 janvier 2008, par Marc Semo

C’est une bien étrange visite que celle commencée hier à Ankara par le Premier ministre conservateur grec, Costas Caramanlis. Il y a le symbole : même si les rencontres et les visites de travail ont été nombreuses, depuis quarante-neuf ans aucun chef de gouvernement grec n’avait effectué de voyage officiel en Turquie, pays longtemps considéré comme le principal ennemi.

Mais depuis 1999, Athènes est devenu l’un des plus fermes soutiens d’une intégration turque à l’Union européenne avec laquelle Ankara a commencé des négociations d’adhésion en octobre 2005. « Malgré des hauts et des bas, l’amélioration des relations bilatérales restent un choix stratégique », répètent les diplomates grecs soulignant qu’il vaut mieux avoir comme voisin « une Turquie européenne ». En 2004 le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s’était rendu à Athènes et s’était félicité « de l’amélioration des relations et des liens directs instaurés » avec son homologue grec.

« Vaines »

Les deux leaders s’apprécient et Costas Caramanlis a même été invité au mariage de l’une des filles d’Erdogan. Mais les nombreux contentieux restent entiers et nul ne s’attend, à Athènes comme à Ankara, à un quelconque progrès sur les dossiers les plus sensibles comme Chypre ou la question de la délimitation des eaux territoriales dans la mer Egée. « Bien que le gouvernement turc veuille aussi renforcer les liens avec la Grèce au travers de petits pas, les frictions dans la mer Egée continuent et les discussions politiques restent vaines », souligne Sema Tezel, experte de l’Asam (Centre d’études stratégiques sur l’Eurasie) dans un article publié conjointement dans le Turkish Daily News et la version anglaise du grand quotidien grec Ekathimerini.

Peu avant l’arrivée de Caramanlis, la tension avait même recommencé à monter autour de l’îlot de Kardak (Imia pour les Grecs). L’état-major turc a dénoncé sur son site « 28 violations des eaux territoriales turques » par des bateaux grecs depuis janvier. Revendiqués par les deux pays ces quelques rochers désertiques au large de Bodrum avaient failli déclencher en 1996 un conflit armé entre ces deux Etats membres de l’Otan. Les Grecs veulent étendre à 12 miles marins, au lieu de 6 miles, leurs eaux territoriales. Craignant d’être complètement coincés - de nombreuses îles grecques sont proches de leurs côtes -, les Turcs veulent maintenir le statu quo.

Levée

Le dossier de l’île de Chypre, dont le nord est occupé depuis 1974 par la Turquie, est tout aussi bloqué. La République de Chypre, au sud, grecque, a rejeté en avril 2004 le plan de paix de l’ONU puis a adhéré à l’Union européenne alors, qu’au nord, les Chypriotes turcs de l’autoproclamée RTCN (République turque de Chypre Nord, reconnue uniquement par Ankara), l’approuvaient. Ils restent soumis à un embargo international dont la Turquie exige la levée pour ouvrir ses ports et aéroports aux Chypriotes grecs comme le demande Bruxelles. Les relations commerciales n’en prospèrent pas moins et les importations turques en Grèce ont doublé entre 2000 et 2006, arrivant à 1,3 milliard d’euros.

Un grand sondage publié hier par les quotidiens turc Hurriyet et grec To Vima montre des perceptions très différentes. Alors que 70 % des Grecs s’inquiètent des visées expansionnistes de la Turquie, à peine 31 % des Turcs nourrissent de telles peurs vis-à-vis de la Grèce. Et si seulement 8,5 % des Grecs ont une vision positive de la Turquie, 52,4 % des Turcs affirment avoir « des opinions positives » sur la Grèce.

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Sources

- Source : « Libération », 24 janvier 2008.

http://www.liberation.fr/actualite/...

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