Le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a jugé lundi en marge d’une réunion avec ses homologues européens, qu’une rupture des négociations d’adhésion avec la Turquie serait « un vrai désastre ».
Lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre des Vingt-cinq à Bruxelles, le chef de la diplomatie belge a estimé que l’élargissement de l’Europe à la Turquie ne pouvait être comparé à l’adhésion de la Roumanie ou de la Bulgarie.
« L’élargissement à la Turquie est un élargissement géostratégique vu la montée de l’islamisme (dans le monde), la situation au Proche-Orient, ou pour concrétiser la volonté de l’Europe de devenir un acteur mondial », a jugé M. De Gucht. « Je ne dis pas qu’il faut imposer d’autres critères à la Turquie, mais l’approche doit être différente », a-t-il plaidé.
Réunis à Bruxelles pour leur réunion mensuelle, les chefs de la diplomatie européenne ont notamment évoqué lundi la récente note de la Commission européenne sur la stratégie d’élargissement de l’Union européenne, ainsi que la question de l’adhésion turque toujours entravée par le refus d’Ankara d’ouvrir son espace territorial aux avions et navires chypriotes. L’an dernier, les Vingt-cinq avaient explicitement demandé que ces restrictions soient levées avant la fin de l’année 2006, ce que le gouvernement turc ne semble pas disposé à faire au risque d’une crise ouverte avec l’Union.
Pour le ministre belge, qui revient d’un voyage en Turquie, il n’y a pour le moment aucune majorité parlementaire à Ankara pour approuver un changement d’attitude envers les Chypriotes, membres de l’Union européenne depuis mai 2004.
Pour éviter une « rupture catastrophique » avec la Turquie, le ministre belge plaide dès lors pour une plus grande souplesse, notamment de la part des Chypriotes. La Commission européenne devrait à cet égard rendre le 6 décembre prochain un document préconisant la marche à suivre avec la candidature turque à l’adhésion à l’Union européenne.