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Une avancée historique sur la question kurde

mardi 11 août 2009, par Courrier International

Le 5 août 2009, le Premier ministre de Turquie Recep Tayyip Erdogan a rencontré Ahmet Türk, leader de parti kurde DTP, pour la première fois. Un pas très important dans la résolution du problème kurde, estime Erdal Safak, rédacteur en chef du quotidien turc Sabah.

Le président de la République, Abdullah Gül, avait parlé d’une « opportunité historique ». On peut dire qu’il s’agit à présent d’un « processus historique ». En effet, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et Ahmet Türk, chef du Parti pour une société démocratique (DTP, unique parti kurde représenté au Parlement turc], se sont rencontrés, le 5 août, pour la première fois. [Depuis deux ans, Erdogan rejetait les demandes d’entretien émanant du DTP au motif que celui-ci refusait de qualifier le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, mouvement séparatiste kurde) d’« organisation terroriste ».] « Un processus historique » signifie qu’il existe un consensus. A la suite de la réunion de mercredi, on peut penser qu’une approche de solution sera « plus de démocratie », et que la question devra se résoudre au Parlement.

Yalcin Akdogan, conseiller principal du Premier ministre et maître de conférence en communication et science politique, était présent pendant la réunion. Ce fait est très important, car Yalcin Akdogan étudie la question kurde depuis plus de cinq ans. Il appelle à trouver une solution similaire à celle du problème de Chypre, et de laisser tomber la politique selon laquelle « aucune solution est une solution ».

Yalcin Akdogan met en avant trois points essentiels :

- Il faut parler d’un processus plutôt que d’un dispositif [de lois et de réformes] ;

- Abdullah Öcalan [ancien leader du PKK, en prison depuis dix ans] peut contribuer à la solution, mais il ne peut pas être un interlocuteur pour les négociations ;

- Des propositions provocatrices et radicales peuvent faire dérailler le processus.

Yalcin Akdogan appelle le DTP à être réaliste et raisonnable. Il donne quelques exemples des demandes et attentes qui seront impossibles à accepter par le gouvernement : reconnaissance de l’existence d’une identité ethnique dans la Constitution, libération d’Abdullah Öcalan, tout type de demande d’autonomie, cession de certaines responsabilités de l’administration centrale à l’administration locale.

Yalcin Akdogan donne aussi des indications sur « ce qui est possible » : le droit de « rentrer chez eux » pour les membres du PKK à condition que l’organisation dépose les armes (c’est-à-dire leur pardonner et les soutenir avec des mesures de réintégration), le droit d’apprendre le kurde avec des moyens privés, le droit d’utiliser des noms kurdes et des anciens noms des lieux géographiques, la liberté de la presse kurde, etc.

Bien évidemment, c’est aussi possible et même recommandé de changer la loi électorale pour permettre aux partis comme le DTP d’entrer à l’Assemblée sans être obligés d’appliquer d’autres méthodes. [Le système électoral turc n’autorise qu’aux partis recueillant plus de 10 % des voix, au niveau national, l’entrée au Parlement.]

Il faut trouver un juste milieu raisonnable. Ce dernier sera possible grâce à un conseil qu’avait donné Yalcin Akdogan il y a cinq ans : « Voir les problèmes pas uniquement comme ceux d’un groupe, mais ceux de la société entière. »

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Sources

Source : Courrier International, le 10.08.09

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