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Turquie : L’éclaircie dans l’économie demeure fragile

jeudi 3 septembre 2009, par Constantine Courcoulas

Les Turcs ont réussi à transformer en victoire temporaire ce qui avait initialement tout l’air d’une défaite. Il y a quelques mois, leurs tentatives de marchandage avaient fait capoter les pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI), privant le pays de tout secours au beau milieu d’une crise mondiale. Finalement, la Turquie a évité à la fois la catastrophe économique et les sacrifices qui vont de pair avec les plans d’aide du FMI, même si son économie reste très fragile.

Lorsque les autorités turques se sont retirées de la table de négociation, en février, les économistes se sont alarmés de voir le gouvernement prendre d’aussi grands risques, en allant jusqu’à mettre en balance sa crédibilité aux yeux des investisseurs. Le pays négligeait là une rare occasion de dompter son inflation récalcitrante et d’enrayer le renchérissement constant du coût de l’emprunt pour l’Etat.

Les experts pouvaient difficilement aller plus loin dans l’erreur. Depuis la rupture des discussions, l’indice boursier d’Istanbul a progressé de 79 % par rapport à janvier 2008, le taux de rémunération des obligations d’Etat turques n’a jamais été aussi bas, et l’inflation reste, à 5,4 %, inférieure à l’objectif fixé par la banque centrale pour 2009. Les prévisions donnent une croissance du PIB de 2 % en 2009. Le risque d’une déroute de la monnaie turque semble maintenant écarté.

Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, avait soutenu que la Turquie était capable de s’en sortir sans le concours du FMI. Il doit avoir très envie de lâcher un « Je vous l’avais bien dit ». Il ferait pourtant bien d’y réfléchir à deux fois avant de se lancer des fleurs.

La réussite de la Turquie est liée à des facteurs que le gouvernement ne maîtrise pas du tout. Les valeurs mobilières ont profité des effets bénéfiques de la reprise générale sur les marchés des actifs risqués. Quant à l’inflation, elle a pu être divisée par deux grâce à l’évolution du marché du pétrole, les prix et la demande - nationale ou étrangère - ont baissé.

La Turquie a évité le cataclysme, mais sa situation économique reste très délicate. En juin, la production industrielle a reculé pour le onzième mois consécutif. Le taux de chômage est de 15 % et il continue de croître.

La banque centrale turque a indiqué qu’elle continuerait de procéder à des baisses de taux d’intérêt mesurées tant que l’économie ne donnerait pas de signes indiscutables de reprise. Les taux ont ainsi déjà été abaissés de 900 points de base, ce qui les a amenés à un niveau historiquement bas de 7,75 %. Mais l’aggravation du déficit public, attendu à 5 % du PIB en 2009, limitera les possibilités en la matière. Les autorités turques ne sauraient manœuvrer avec trop de prudence, aide financière du FMI ou pas.

Constantine Courcoulas

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Sources

Source : Le Monde, le 02.09.09

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