Un slogan sur le mur souhaite « Longue vie au président Apo », le surnom d’Abdullah Öcalan, le leader du mouvement séparatiste kurde de Turquie, emprisonné depuis 1999. Le bureau poussiéreux du PCDK, le Parti pour une solution démocratique au Kurdistan, est la vitrine politique en Irak de la rébellion des Kurdes de Turquie. Désormais installés à Kirkouk, en dehors de la région autonome kurde, ses membres ne sont, officiellement, plus les bienvenus dans la zone contrôlée et dirigée par le président Massoud Barzani, même s’ils continuent de s’y rendre. En 2007, sous la pression de la Turquie, les représentations d’Erbil, de Souleimaniyé et de Dohouk, dans les provinces kurdes d’Irak, ont été fermées.
Kirkouk (Irak) Envoyé Spécial
« Nous travaillons pour la démocratie, en respectant la loi du gouvernement régional du Kurdistan (GRK), se défend Akbar Jahagiri, membre du conseil du PCDK. Ceux qui enfreignent la loi, ce sont les partis de Massoud Barzani (Parti démocratique du Kurdistan) et de Jalal Talabani (Union patriotique du Kurdistan). » Ce militant, vêtu d’un costume traditionnel kaki, dénonce les actions « illégales » de l’Asaish, les forces de sécurité intérieure contrôlées par les deux grands partis kurdes. Ces dernières coupent désormais la route d’accès au mont Qandil, où se trouvent les camps de base du Parti des travailleurs kurdes (PKK), qui permettait aux rebelles de s’approvisionner.
Immolation à Erbil
« Nous avons pris des mesures : des personnes ont été refoulées à l’aéroport d’Erbil, et nous n’autorisons plus les journalistes à aller là-haut », confirme Fouad Hussein, le secrétaire général de la présidence du Kurdistan autonome. Mais les hommes du PCDK contournent aisément le barrage en passant par les sentiers de montagne. « Nous avons apporté une assistance financière à Qandil et des dizaines de moutons pour les familles », raconte Akbar Jahagiri, entouré par deux de ses adjoints. La Turquie et l’Iran bombardent régulièrement les régions montagneuses du Kurdistan irakien, où seraient retranchés environ 2 000 combattants du PKK ainsi que ceux du PJAK, son équivalent iranien.
Mercredi 18 février, les membres du PCDK étaient montés à Qandil pour enterrer un militant kurde d’origine iranienne dans le « cimetière des martyrs ». L’homme s’est immolé par le feu en hurlant des slogans pro-PKK, le 15 février, au cours d’un rassemblement organisé dans la région d’Erbil, pour marquer le dixième anniversaire de l’arrestation d’Abdullah Öcalan. « Il est mort en martyr pour rappeler au monde le sort de M. Öcalan, récite le militant du PCDK. Il est important pour nous de soulever l’émotion autour de cette question. » Aucune image de cette manifestation n’a été diffusée sur les chaînes locales, pour éviter de contrarier les discussions du gouvernement kurde avec Ankara. Et la police a tiré des coups de feu en l’air pour disperser les 500 manifestants.