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La Russie et la Turquie accentuent leur coopération dans le secteur de l’énergie

lundi 10 août 2009, par Guillaume Perrier

Trois semaines après la conclusion d’un accord, à Ankara, sur le futur gazoduc Nabucco, soutenu par l’Union européenne (UE) et par les Etats-Unis, Moscou riposte en se tournant à son tour vers la Turquie. Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a mis à profit sa visite officielle, jeudi 6 août, dans la capitale turque, pour renforcer la coopération énergétique entre les deux pays et signer une quinzaine de contrats. M. Poutine et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, ont scellé leur entente, notamment sur le projet de gazoduc South Stream, concurrent direct du Nabucco construit par le géant russe Gazprom et par la compagnie italienne ENI, qui passera sous la mer Noire et ralliera la Bulgarie, via les eaux territoriales turques.

Le protocole signé jeudi donne le feu vert au lancement des explorations sous-marines et des études géologiques, au large des côtes turques de la mer Noire. Les travaux commenceront « tout de suite après la signature », a déclaré le ministre russe de l’énergie, Sergeï Chmatko, en marge du sommet, auquel participait également Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien. Avec le South Stream, qui pourra acheminer jusqu’à 63 milliards de m3 de gaz par an d’Asie centrale vers l’Europe, Moscou espère maintenir son emprise sur le marché gazier et contrecarrer les desseins du Nabucco, dont le but affiché est de réduire la dépendance énergétique des pays européens vis-à-vis de Moscou. Le South Stream aura également, pour les Russes, l’avantage de court-circuiter l’Ukraine, en froid avec son puissant voisin.

En janvier, Moscou avait momentanément interrompu ses livraisons à Kiev en raison d’un désaccord récurent sur les prix du gaz. Pour la Turquie, qui multiplie les alliances énergétiques, l’enjeu est de sécuriser son propre approvisionnement en tirant parti de sa position géographique, au carrefour des pays producteurs et des consommateurs.

QUATRE CENTRALES PRÉVUES

Trop dépendante de ses fournisseurs de gaz - l’Azerbaïdjan, la Russie et l’Iran - Ankara explore toutes les pistes pour réduire cette faille. La construction par Gazprom de stations de stockage sur le territoire turc a également été validée, jeudi. En échange du soutien au South Stream, « dans la droite ligne de l’esprit qui anime les relations bilatérales », selon M. Erdogan, la Turquie a obtenu l’appui de M. Poutine sur un autre projet d’importance : l’oléoduc qui traversera le pays du nord au sud et reliera le port de Samsun sur la mer Noire au terminal pétrolier de Ceyhan, sur la Méditerranée. Ce pipeline permettra de désengorger les détroits du Bosphore et des Dardanelles par lesquels transitent quotidiennement plusieurs dizaines de tankers chargés de brut. En outre, la Russie, qui est le premier partenaire commercial d’Ankara, est fortement impliquée dans les projets de centrales nucléaires turcs. La compagnie publique russe Atomstroïexport a déposé, en septembre 2008, la seule offre pour la construction de la première des quatre centrales prévues, qui verra le jour sur la côte méridionale turque, et dont la finalisation a été déjà repoussée.

Le prix de l’électricité produite proposé par le candidat russe a, dans un premier temps, été jugé trop élevé par le ministre turc de l’énergie, Taner Yildiz. Mais il a été légèrement revu à la baisse jeudi, et les deux pays sont finalement parvenus à s’entendre. La centrale pourrait entrer en fonction, au plus tôt, en 2016.

Guillaume Perrier

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Sources

Source : Le Monde, le 08.08.09

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