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Démission de 45% des Membres de l’Académie des sciences de Turquie

mardi 15 novembre 2011, par Erol Gelenbe

Deux récents décrets du gouvernement turc visent à confier la nomination des 2/3 des membres ainsi que du président de l’Académie des sciences de Turquie (TUBA) par les autorités gouvernementales, et ce, en opposition aux traditions internationales qui sont celles de l’élection dans ce domaine.

Ces décisions ont été perçues comme une tentative de museler et contrôler de près l’un des derniers lieux où les idées et théories scientifiques (comme l’évolution en biologie) pouvaient s’exprimer librement. Ces décrets semblent entrer désormais en application malgré les vives protestations adressées au gouvernement turc par les Académies des sciences Britannique, Française, Italienne, Américaine, voire même du Tiers Monde. Ces développements ont défrayé la chronique dans la presse turque depuis le mois d’août et ont fait l’objet d’articles très critiques dans les plus grandes revues scientifiques internationales que sont Science et Nature. Entre-temps on apprend la démission le 11 novembre 2011 de 63 membres de l’Académie des sciences turques sur 137, qui seront probablement suivies d’autres démissions dans les semaines qui viennent. Les membres démissionnaires ont fait savoir qu’ils créeront une nouvelle Académie des sciences de statut privé et certaines académies étrangères ont aussi fait savoir qu’elles sont prêtes à travailler avec elle.

Les Académies des sciences de tous les pays à travers le monde sont des institutions autonomes qui élisent leurs membres et leurs responsables. Elles agissent pour apporter leur avis et conseils bénévoles aux autorités de leurs pays, ainsi qu’à d’autres instances qui ont besoin d’évaluations scientifiques ou sociétales comme les entreprises, les chambres commerciales ou consulaires, l’industrie et le patronat, et bien évidemment la communauté éducative et universitaire. Fondée en 1993, l’Académie des sciences de Turquie (TUBA) a joué un rôle actif dans le même sens que ses consoeurs américaines, européennes ou asiatiques et a établi de fortes interactions avec elles, notamment avec l’Académie des sciences française en matière d’enseignement des sciences dans les écoles par des exemples concrets et expérimentaux (programme « mains à la pâte ») et en travaillant aussi de près avec l’Académie des sciences du tiers monde (Third World Academy of Science) sur des sujets liés au développement.

En plus elle s’est distinguée par une programme innovant qu’elle a mené depuis ses débuts (le « Genç Bilim Insanlari Programi » ou GEBIP) qui servit à identifier, encourager, soutenir et faire émerger de jeunes et brillants chercheurs en Turquie qui ont ainsi été guidés dans leurs premiers efforts et soutenus y compris par des moyens financiers. Elle a aussi donné beaucoup d’importance à l’émergence de femmes scientifiques par des prix et encouragements spéciaux, et certaines de ces femmes chercheur ont désormais atteint une notoriété internationale comme la physicienne Ayse Erzan ou la biologiste Ivet Bahar.

par Erol Gelenbe, Membre de l’Académie des Technologies (France), Membre Etranger de l’Académie des Sciences de Hongrie,
Membre démissionnaire de l’Académie des sciences de Turquie

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