Que se serait-il passé si Nuri Bilge Ceylan avait remporté la palme d’or en 2006 avec Les Climats, son film phare ? On ne peut s’empêcher d’y songer durant les 2 h 37 de Bir Zamanlar Anadolu’da (Once upon a time in Anatolia). Comme dans Les Trois Singes, on a la surprise d’y voir Ceylan essayer d’estomper son image de cinéaste atrabilaire. Ce sixième film possède la ligne de conduite la plus claire qui soit : un médecin légiste à bord d’une voiture de police, coincé entre deux flics et un meurtrier, pour aller déterrer un corps.
Road movie turc sur fond de meurtre
Le meurtrier confond les routes, toutes différentes et pareilles, et alors que la nuit est tombée, et avec elle l’orage, le chemin est enfin trouvé, le corps exhumé, et le film de s’achever sur son autopsie. Entre cette terre qui, aride, n’a plus grand-chose à livrer et ce corps qui ne parlera que disséqué, il reste la parole des hommes. Etait-ce un problème de traduction ou de fatigue festivalière, mais la comédie humaine qui se raconte ici n’arrivait pas à communiquer son pouvoir de fable.
Il faudra revoir ce film au dispositif scénaristique sublime mais qui semblait obtus dans son déroulé. On évitera aussi d’écrire des âneries à forte charge symbolique, en se ruant sur un bout de cadavre, croyant y voir la métaphore d’un destin anatolien.
« Bir Samanlar Anadolu’da » (traduit en bon français par « Once upon a time in Anatolia »)