Hier, j’ai reçu dans ma boite mail une photo intitulée « Les efforts de la Turquie pour entrer dans l’Europe ». Cette œuvre mémorable représentait une toilette « à la turque », plutôt sale, surmontée d’une chaise en bois délabré et percé là ou la commodité l’exige.
J’ai été choqué. Suffisamment pour vous en faire part en tout cas.
Cette photo me fut envoyée par un site internet, et dont, j’espère que vous le comprendrez, je n’ai pas le goût ici de rappeler les coordonnées, non point pour l’épargner de ce qu’il mérite, mais pour éviter que l’immonde caricature méprisante et raciste du peuple turc se propage par le site action-liberale.org, un site pro-adhésionniste sur la question turque.
Bien sur, ce n’est qu’une photo, ce n’est « qu’un trait d’humour », ce n’est « qu’une moquerie franchouillarde ». Non point. C’est du mépris qui remplace la raison quand les arguments anti-adhésion de la Turquie sont à bout de force. Du moins le sont ils sur ce site. Mais le sujet n’est pas de dire du mal de cette adresse malgré d’évidentes velléités.
En vérité, si j’avais d’avantages de bonnes raisons anti-adhésion de la Turquie, non pas à l’Europe, mais à l’Union européenne, je n’utiliserais pas ce genre d’image. J’avancerais des raisons palpables, des convictions dans la voie du respect des êtres humains, quels qu’ils soient, pour expliquer pourquoi cette adhésion à l’Union européenne serait mauvaise ...pour la Turquie notamment.
Ces toilettes révèlent beaucoup plus d’irraison et d’irrationnel sectariste que ne peuvent l’exprimer les textes de certains anti-adhésionnistes. Que voulez vous que l’on puisse penser quand un pays, un peuple est caricaturé de si vilaine façon ? Ce n’est plus seulement la volonté de sauver un système de valeur d’inspiration chrétienne mais de démontrer que la Turquie est sale, que le Turc pu, et qu’il est en plus stupide. Des toilettes sales qui ne doivent pas sentir bon et une « supercherie » de chaise délabrée montre bien cela, font bien passer ce message là.
Je ne pense pas que ceux qui ont prit cette initiative appartiennent à la famille de pensée qu’ils revendiquent pour eux-memes en place publique. Ils ont peur de l’Islam parce qu’ils sont incapables de s’extraire de la pensée collectiviste qui efface l’individualité. Ils sont incapables de comprendre le monde d’aujourd’hui, et à fortiori l’Europe, et les finalités pacifiques de l’Union européenne parce qu’ils sont dans la nostalgie de l’Histoire, et ont besoin du rêve de la Grandeur pour soigner notre indéniable décadence politique.
Ces toilettes insultent un pays qui fait des efforts considérables pour dépasser le poids de ses propres traditions, de son histoire anarchique récente, de ses problématiques internes comme la question Kurde, ancienne comme la question arménienne, pour entrer non seulement dans l’Union européenne, mais surtout dans la modernité, celle qui donnera aux Turcs plus de courage et plus d’arguments pour approfondir les réformes institutionnelles, sociales et morales qui effraient encore une part de la Turquie traditionnelle. Une Turquie insultée qui montre pourtant beaucoup plus de courage à se réformer que ne le font les pays européens, que ne le fait la France.
Ces toilettes insultent aussi les partisans de la non-adhésion de la Turquie en jetant sur leurs arguments une pollution raciste et anti-islamique qui en brouille la lecture, une pollution irrespectueuse de la dignité humaine dont ils ne se sont pourtant jamais départis. Je pense que ces arguments doivent etre entendus, compris, débattus et le cas échéant contestés et invalidés par les pro-adhésions parce que nous sommes dans une démocratie, et parce que dans une démocratie, les citoyens doivent attendre des médias, de ceux qui veulent leur parler, des arguments qui construisent, qui informent, qui font évoluer l’idée et le concept, afin qu’ils puissent choisir l’option en toute connaissance de cause. Toutes choses que ces toilettes ne permettent pas. Ces toilettes veulent éteindre le débat et imposer le silence par l’ostracisme.
Egalement, ces toilettes insultent la civilisation occidentale, et en son sein la civilisation française, la chrétienté en montrant un visage qui n’est pas celui de l’ouverture d’esprit, puisque l’œuvre turque est dans une toilette, ni celui de l’humanisme chrétien qui est respect, partage, commisération et rationalité. Ce dernier point est important dés que l’on veut aborder le point de la laïcité, qui n’est pas un concept de la République, mais une recherche individuelle des chrétiens pour s’émanciper de la théocratie traduite en système institutionnel. Ces toilettes du mépris de l’Humain ou qu’il se trouve, méprisent aussi tout l’apprentissage de la tolérance, du respect et de l’acceptation des différences que l’Europe a appris de la plus dure façon et qui ont produit sa civilisation actuelle. Avec ceux qui clament que « la Turquie est la porte d’entrée de l’Islam en Europe » ou encore, comme Philippe de Villiers qui déclare que l’Europe comprend tous les pays qui sont chrétiens, on mesure tous les progrès qu’ils restent à faire pour comprendre la chrétienté justement, qui a produit la laïcité en s’autocritiquant elle-même, « en se construisant et en se reconstruisant sans cesse » (Tillinac) pour aboutir à ces sociétés de tolérance relative qui font le modèle occidental de la démocratie. Et comme la laïcité est un produit de l’âme et de l’espérance chrétienne, il est heureux de voir qu’elle fasse école dans un pays de tradition et d’espérance musulmane comme la Turquie. Peut-on attendre pareille adoption d’une règle musulmane dans un pays chrétien ? Eux, ils ont le courage de s’autocritiquer en important le fruit de la chrétienté au cœur de leurs institutions !
Ces toilettes insultent l’Union européenne qui s’incarne dans une toilette nauséabonde et sale. L’Europe, « lieu d’aisance » ? Quel irrespect qui montre bien qu’il ne s’agit pas moins de contester l’unification de l’Europe en se saisissant du projet d’adhésion de la Turquie. Tout est bon pour les souverainistes pour casser l’Europe et nous maintenir dans le nationalisme qui fait la joie des étatistes et du catholicisme intégriste. Une nation, une race, une religion. Ou est la liberté ? Ou est l’homme ? Ou est le chrétien véritable ? Dans les eaux usées certainement ! Les eaux des douves de leur France Forteresse ! Voilà, le vrai nom de leurs toilettes, voilà la réalité de l’indépendance nationale. Une indépendance nationale de sables mouvants qui nous fait disparaître : le déclin, c’est le souverainisme !
L’Union européenne est, sans aucune doute, faite par des Etats chrétiens, mais l’Europe, elle, n’est pas toute dans l’Union européenne et n’est pas toute chrétienne. Si nous voulons faire l’Europe politique, nous devons comprendre que ce que nous sommes capables de nous pardonner entre Chrétiens, nous devons êtres capables de nous le pardonner entre Musulmans et Chrétiens, sinon l’Union européenne ne sera qu’un Etat en Europe, et la Turquie en sera un autre. « Faire l’Europe », c’est comprendre que d’un bout à l’autre du continent, il y a un patchwork de peuples qui ont chacun leur idée du continent, faire l’Europe sans la Turquie, c’est simplement faire une Europe arbitraire qui fait triompher un point de vue : l’étatisation de Dieu par la mise à mort de la laïcité. Posons nous la question de savoir ce que laïcité de l’Etat veut dire à partir du moment ou l’Etat se construit sur l’ostracisation de l’Islam européen ? L’Europe est un continent physique qui s’explore avec des idées pionnières dés qu’il faut la penser en terme politique, en terme d’unité ! L’Europe, c’est une idée totalement neuve et révolutionnaire par rapport à n’importe quel passé. Elle n’est pas nostalgie, elle est Espérance.
De toute évidence, ces toilettes sont plus révélatrices du sectarisme et du théocracisme de ceux qui les ont mis en ligne. La liberté et le modèle occidental que ces coquins tentent de récupérer pour masquer le véritable fondement de leurs thèses barbares doivent etre défendus aussi bien par les pro-adhésion que par les anti-adhésion pour la bonne raison que notre civilisation judéo-chrétienne nous donne le puissant concept de l’indignation et que Jésus Christ, est celui qui a mis l’homme au centre du monde, face aux empires, face aux autres hommes voulant pour eux le privilège de la liberté. Et là où les défenseurs bornés de la catholicité perçoivent le peuple turc dans un ouvrage de toilettes immondes, Jésus nous a dit que « L’homme est à l’image de Dieu ». Moins que l’islamité turque, nous devons nous garder de la radicalité christo-nationaliste en Occident européen. Parce que la religion chrétienne, n’est pas nationalisme, mais personnalisme, et nous ne sommes pas mieux Chrétien quand on respecte d’abord la dignité des personnes et que l’on refuse la nationalisation de Dieu et par conséquent son étatisation à partir du moment ou c’est l’Etat qui garanti l’ordre national.
Il ne me laisse aucun doute que ces toilettes sont aussi profanatrices de la dignité humaine des victimes, comme des bourreaux, que le sont les croix hitlériennes rappelées à dessin à d’autres communautés.
Ces toilettes sont beaucoup plus sales et nauséabondes qu’elles ne le laissent voir et n’épargnent personne, personne qui soit encore respectueux de l’Autre et de lui meme.
Je veux dire aux Turcs que nous avons aussi nos intégristes et qu’ils ne défendent pas les valeurs occidentales, comme leurs intégristes ne défendent pas celles de l’Islam. Tous nous salissent et nient les vertus de la foi et de la justice, du respect et de la fraternité, de la tolérance dans l’Etat laïc et de l’homme, œuvre de Dieu.
Je condamne, parce que je suis un Occidental, parce que je suis un Européen, parce que je suis Français, parce que je suis catholique, parce que je suis laïc et parce que je suis un citoyen. Certes. Mais je condamne d’abord par que je suis un homme « fait à l’image de Dieu » et qu’en ces matières là, je me souviens du message du Christ qui fait des hommes, des « frères », et de celui de Voltaire, « des citoyens du monde ». Et citoyen du monde, je le suis dés le départ en face de la barbarie et du Diable. C’est mon premier réflexe en face de l’humanité qui souffre. C’est cet homme là que j’essai d’etre. Et si je me méfie du Clergé, je serais un ingrat de nier son œuvre pour faire de moi un Homme capable d’indignation et de compassion.
Et l’indignation devant ces toilettes odieuses, c’est celle que Jésus à eu contre les marchands du Temple. C’est le meme sujet, le meme commerce. Vendre de la peur et de la haine aux Chrétiens ! Faire du bénéfice électoral sur le dos de la foi chrétienne !
Le monde chrétien ne peut pas combattre l’islamisme par une identique radicalisation sans se renier lui meme, sans tomber dans la barbarie radicale qu’il dénonce. Bien loin de l’exemplarité qui doit le guider pour l’enseignement des autres, le chrétien radical ne fait que légitimer la voie du musulman radical. La chrétienté est trop enseignée des tumultes de l’Histoire pour s’exonérer des leçons apprises. Jésus a élevé l’homme au-dessus des choses, et le chrétien, l’enseigné dans le message du Christ, ne serait qu’un reniement s’il renonçait à la finalité du message de Jésus : l’élévation qui permet justement de célébrer la vie. Si les valeurs chrétiennes sont les plus répandues en Europe, nous pourrions craindre l’Europe qui n’accepte pas la Turquie sur le fait de son Islamité parce qu’elle ne serait qu’un nouvel empire du Mal. Du Mal, parce que dans un empire, l’individu n’existe pas et dans ce cas, Dieu n’y est pas non plus. Et si Dieu ou l’Esprit n’est pas dans l’Homme, alors il ne reste que la chaire amorale, il ne reste que la Barbarie et non plus l’Humanité, il ne reste que des crimes dans un monde en carence de l’innocence comme de la culpabilité (Ce qu’a démontré le communisme et l’Afghanistan taliban). Le mépris de l’Homme, c’est la fin de la civilisation par le renoncement de son élévation.
Il faut se perdre assez soi-même pour avoir peur des autres. Je sais qui je suis, je sais à quoi je dois le fond de mes pensées et l’outil qui les articule. Je sais d’où vient mon sens esthétique de la beauté et à partir de là, je sais que ce sont les intégristes de la Chrétienté comme de l’Islamité qui ont peur de moi, qui ont peur de vous, qui ont peur de nous. « Connais toi toi-même » dit l’Oracle de Delphes. Aux Turcs et à tous les Hommes de bonne volonté, ce sont les mains de l’amitié et de la fraternité que je tend, sachant que dans cette démarche, c’est ma propre chrétienté culturelle qui me guide toujours vers l’Espérance têtue dans mon rapport au monde. Je n’ai pas besoin de coller un drapeau au Christ ou à Dieu pour me connaître parce que son message, celui de la chrétienté, est universalité. Et dans cette Humanité mondiale contingentée, le chrétien doit etre un humain exemplaire par le faire et le pensé.
Ces toilettes sont donc bien une insulte à l’Humanité et blasphématoires du message de Jésus Christ. J’en suis, vous l’aurez compris, profondément affligé et je tiendrais leur auteur en statut de « brebis égarée », ce qui est tout simplement une grâce « politiquement correcte ».
Merci de m’avoir lu
C’était Claude Lamirand
www.action-liberale.org