Il a prôné un concept de « mondialisation humaine ».
Au risque de déclencher une franche envie de rire, Nicolas Sarkozy a osé. Samedi après-midi, il s’est tout simplement présenté en humaniste face à un parterre de sympathisants UMP qui planchaient depuis deux jours sur le thème de l’Europe. Champion des expulsions de familles immigrées et partisan d’une économie ultralibérale faisant la part belle aux plus puissants, l’humaniste Sarkozy a assuré que l’Union européenne devait avoir pour « ambition de promouvoir dans le monde une conception humaine de la mondialisation ». Et d’ajouter que « l’Europe a tout inventé dans la sphère des idées. Elle doit aujourd’hui inventer la mondialisation humaine ».
Cette petite trouvaille sémantique, lui a permis de jouer au gentil garçon sans en faire des tonnes sur la Turquie, unique sujet pour lequel cette convention avait été montée. A une semaine de l’ouverture des négociations sur l’éventuelle adhésion d’Ankara à l’UE, le patron de l’UMP voulait prendre date pour 2007 en démontrant à quel point l’immense majorité de la droite est en désaccord avec Jacques Chirac sur cette question. Et donc avec Dominique de Villepin.
Vendredi et samedi, de multiples intervenants, parmi lesquels des chiraquiens, se sont chargés de faire la besogne pour Nicolas Sarkozy en martelant leur refus de voir un jour la Turquie appartenir à l’Europe. D’aucuns, comme l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing, ont frisé la turcophobie.
Prévenue la veille au soir de la tournure prise par cette convention, la ministre déléguée aux Affaires européennes, Catherine Colonna, a préféré éviter le traquenard. Inscrite au programme pour prononcer un discours en fin de matinée, elle ne s’est pas présentée. « Dégonflée... Elle n’a pas osé venir soutenir la position du président de la République sur la Turquie devant les représentants de son parti », persiflait un des fidèles du président de l’UMP. A l’évidence, il n’y a pas que des humanistes dans l’entourage du boss de l’UMP.
Par Antoine GUIRAL