Logo de Turquie Européenne
Accueil > Revue de presse > Archives 2009 > 08 - Articles d’août 2009 > L’expédition de la birème « Kybele » : 1.400 milles d’archéologie dans le (...)

L’expédition de la birème « Kybele » : 1.400 milles d’archéologie dans le sillage des Phocéens

jeudi 6 août 2009, par Le Matin (Suisse)

La galère à deux rangées de dix rameurs, partie de Foça (Phocée) en Turquie le 7 juin avec un mois de retard, a transporté plus d’une vingtaine d’archéologues, marins ou étudiants. Après des escales en Grèce et en Italie, elle mouille depuis jeudi à l’entrée du Vieux-Port de Marseille.

L’expédition d’archéologie expérimentale, initiée par l’association turque « 360 degrés », spécialisée dans la construction de répliques de bateaux antiques, avait notamment pour but de comprendre si la colonisation phocéenne sur le pourtour méditerranéen s’est faite à l ?aide de bateaux de guerre qui escortaient les gros navires de migration. La réponse est plutôt négative.

« Les écrits historiques font référence aux pentecontores (50 rameurs). Nous avons choisi un modèle un peu plus petit, pour vérifier s’il était à même de parcourir de grandes distances », explique à l’AFP Hayat Erkanal, archéologue et professeur à l’université d’Ankara.

« Nous sommes d’avis que ce n’est pas possible car pas assez résistant, et que par conséquent, ce sont les bateaux de commerce qui ont procédé à la colonisation », estime Osman Erkurt, archéologue à l’université d’Istanbul et capitaine de la « Kybele ».

La birème a été reconstituée dans un chantier naval d’Izmir. La coque étroite en bois mesure 19 m de long. L’éperon qui prolonge l’étrave, servait à endommager la coque des navires ennemis, et les rames à se rendre aussitôt sur les bateaux adverses.

« C’est la réplique la plus exacte possible des bateaux de l’époque, construite à partir de ce qui a été retrouvé lors des fouilles. Nous nous sommes appuyés sur des représentations figurant sur des assiettes ou des amphores pour réaliser la maquette », affirme M. Erkurt.

La « Kybele », du nom de la déesse grecque anatolienne Cybèle adorée dans les cités grecques d’Orient jusqu’à Rome et Marseille, devait initialement suivre la route des colons grecs qui, vers 600 avant Jésus Christ, fondèrent Massalia, Marseille.

Mais face aux vents forts venant de face, ni les rameurs ni la voile —qui ne peut être utilisée que grâce à des vents arrières—, n’ont été très sollicités. La galère a donc été remorquée une grande partie du trajet.

« Nous avons constaté qu’en haute mer, (la birème, 24 tonnes) était très difficile à manœuvrer. Quand nous avons eu un vent de force 6, le bateau a bien failli se rompre en son milieu », raconte M. Erkurt qui énumère les avaries : mât endommagé, gouvernail cassé, voile à repriser, etc.

« L’archéologie expérimentale est importante car elle permet de valider les hypothèses formulées d’après le travail effectué sur les restes d’épave, d’après nos relevés et nos plans de bateaux », commente Marie-Pierre Jézégou, chercheuse du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines de Marseille

Les interrogations des archéologues portaient aussi sur les modes de ravitaillement en eau et nourriture de ce type d’embarcation et sur les techniques de navigation et les routes maritimes anciennes.

Les informations collectées durant le périple, projet soutenu notamment par le centre culturel français d’Izmir et dont le coût avoisine 75O.000 euros, seront soumises d’ici quelques mois à un symposium de scientifiques.

Entre temps, la « Kybele », après les réparations nécessaires, remontera le Rhône, en direction de Paris, puis traversera l’Allemagne pour rejoindre début 2010 la Turquie.

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

Sources

Source : Le Matin (Suisse), le 31.07.09

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0