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Istanbul : 1er mai lacrymogéne

mardi 6 mai 2008, par AFP, Guillaume Perrier

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1er mai 2008 à Istanbul - Photo AA

Istanbul est en état de siège et un parfum poivré de gaz lacrymogène flotte depuis ce matin tout autour de la place Taksim.

La place transformée depuis hier soir en un camp retranché digne de la citadelle d’Alamut, est survolée par des hélicoptères et chacune des rues d’accès est fermée par des centaines de policiers anti-émeutes. Voir les images d’Anadolu Ajansi.

Dans tout le quartier de petits groupes de militants communistes ou anarchistes tentent d’approcher au plus près de la place et affrontent brièvement les forces de l’ordre à coups de cocktails Molotov et de pavés, tentent d’installer des barricades avec le mobilier urbain. Mais en face, 30.000 hommes sont mobilisés, les canons à eau et les véhicules blindés sont de sortie. Une eau teintée de rouge arrosait la foule rassemblée à Sisli.

Les syndicats qui avaient décidé de marcher de Sisli vers la place Taksim, bravant ainsi l’interdiction de toute manif à Taksim prise comme chaque année par le gouverneur d’Istanbul, ont finalement renoncé . Le gouverneur Muhammer Güler et le gouvernement turc sont vivement critiqués pour un usage de la force jugé excessif… Le siège du syndicat Disk, à Sisli, a été bombardé de grenades lacrymogènes et de nombreux militants ont été rudoyés par la police. Le service d’urgence d’un hôpital a également été touché par une bombe lacrymogène égarée. Plus de 500 personnes ont été arrêtées selon la chaîne NTV.

Guillaume Perrier

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1er mai sous tension en Turquie : premiers incidents à Istanbul

AFP : De premiers incidents ont éclaté jeudi matin à Istanbul, où la police a dispersé avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau des manifestants rassemblés devant le siège d’un important syndicat, alors que la Turquie se préparait à un 1er mai sous tension.

Plusieurs manifestants ont été blessés et « un nombre indéterminé arrêtés » lors de ces incidents que la confédération syndicale de gauche DISK a qualifiés « d’assaut de la police ».

Ces manifestants étaient venus de différents quartiers d’Istanbul et de l’extérieur de la ville pour participer aux manifestations du 1er mai.

Les forces de l’ordre n’ont pas commenté ces incidents, survenus devant le siège de DISK dans le quartier de Sisli, dans le centre d’Istanbul.

Un peu plus tard, la police est une nouvelle fois intervenue pour asperger une foule de manifestants avec de l’eau teintée de rouge. Des centaines de personnes se sont alors dispersées dans les rues du quartier, a rapporté un journaliste de l’AFP.

D’autres manifestants se sont réfugiés dans le bâtiment de huit étages, où ils se sont massés aux fenêtres, criant des slogans comme « Ensemble contre les fascistes », « L’Etat assassin devra rendre des comptes », « Nous sommes le peuple, nous avons raison, nous gagnerons ».

Le 1er mai (qui n’est pas chômé en Turquie) devait se fêter dans une ambiance crispée à Istanbul, où plus de 30.000 policiers ont été mobilisés, selon les médias. Les autorités, par crainte de violences, ont refusé aux syndicats l’accès à la place Taksim, un lieu symbolique en plein centre européen d’Istanbul, pour manifester.

Or plusieurs confédérations ouvrières, dont DISK et TURK-IS, la plus importante du pays, ont insisté pour défiler à Taksim pour commémorer la mort de 34 de leurs camarades le 1er mai 1977.

Le centre de la ville a été placé virtuellement en état de siège depuis l’aube. La place Taksim était barricadée par la police, les rues et les stations de métro du secteur fermées, ainsi que 66 écoles.

Plusieurs centaines de policiers anti-émeutes, en tenue de combat, avaient pris position dans le quartier, de même que des centaines de commandos de l’armée et des unités paramilitaires, déployées dans un parc surplombant la place, a rapporté un journaliste de l’AFP. Des hélicoptères survolaient la zone.

Les télévisions ont montré des images de tireurs d’élite sur les toits, tandis que les forces de l’ordre avaient hermétiquement bouclé le quartier, interdit aux piétons et aux voitures.

Ce déploiement exceptionnel devait tenter de maintenir le calme à Taksim, centre névralgique de la rive européenne d’Istanbul, une ville de 13 millions d’habitants. Des discussions étaient en cours jeudi matin entre la police et les syndicats pour essayer de trouver un compromis.

Les autorités affirment disposer d’informations selon lesquelles des groupes extrémistes s’apprêteraient à perturber les célébrations.

Selon Anatolie, la police a arrêté dans la nuit près de la place Taksim un homme en possession de 17 cocktails molotov.

Dans une lettre adressée mercredi au ministre de l’Intérieur Besir Atalay, Amnesty International a appelé la police à ne faire usage de la force « qu’en cas d’absolue nécessité ».

Depuis le coup d’Etat de 1980, le 1er mai n’est plus chômé. Le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) a refusé de donner suite aux demandes des syndicats pour déclarer ce jour férié.

Le 1er mai 1977, des tireurs non identifiés - l’extrême droite, ainsi que les services des renseignement ont été soupçonnés - avaient fait feu sur la foule. La panique qui avait suivi avait causé la mort d’au moins 34 personnes dans une atmosphère de quasi guerre civile, qui avait mené trois ans plus tard à un putsch militaire.

L’an dernier, le 1er mai a donné lieu à des heurts violents à Istanbul.

Les groupes anarchistes et pro-kurdes profitent régulièrement du 1er mai pour s’en prendre à la police.

©AFP / 01 mai 2008 09h52

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Sources

Retrouvez l’article de Guillaume Perrier « Un nuage de gaz lacrymo » et les commentaires des lecteurs sur son blog « Au fil du Bosphore »

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