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Inondations à Istanbul : l’urbanisation sauvage mise en cause

vendredi 11 septembre 2009, par Michel Sailhan

L’urbanisation sauvage et le laisser faire des autorités sont pointés du doigt dans les brutales inondations qui ont tué 26 personnes à Istanbul, alors que de nouvelles pluies torrentielles sont attendues sur la première métropole turque.

« Qui va rendre des comptes ? », lançait jeudi le journal libéral Milliyet, affirmant que les nombreux permis de construire délivrés par les autorités locales autour des cours d’eau de la ville sont à l’origine du drame.

Le quotidien met en cause aussi les responsables de la municipalité qui « ont fait la sourde oreille » aux prévisions météorologiques annonçant de violents orages sur la rive européenne de la ville, touchée par ces inondations brutales.

Des quartiers de la métropole ont été brusquement engloutis sous deux mètres d’eau, et plusieurs axes routiers submergés, dont l’autoroute qui mène au premier aéroport. Des flots d’eau boueuse ont renversé de nombreux véhicules, prenant au piège des dizaines d’automobilistes, qui se sont réfugiés sur les toits de leur voiture ou dans les arbres.

L’eau a commencé à baisser mercredi soir, mais de nouvelles fortes précipitations sont attendues vendredi et samedi dans la région après ces inondations, les plus graves depuis 80 ans en Turquie, selon les autorités.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, ancien maire d’Istanbul, qui s’est déplacé dans la cité mercredi soir, a promis de « réhabiliter » les rivières en crue, qualifiant les inondations de « désastre du siècle ».

Mais le journal Vatan ironisait sur ces déclarations et celles de l’actuel maire Kadir Topbas, pour qui le fléau est le résultat du réchauffement climatique.

« Voici les responsables : le citoyen et la nature », lançait le journal.

L’éditeur en chef du quotidien appelait, sans illusion, les responsables gouvernementaux à la démission.

« Vous verrez, il n’y aura aucun responsable de ce drame », soulignait Güngör Mengi.

Pour la plupart des médias, les inondations ne sont pas dignes d’une ville qui sera, l’an prochain, Capitale européenne de la culture.

« Les gens font des constructions sauvages à un certain endroit et ensuite nous mettons en place des infrastructures pour ces zones illégalement peuplées », a déclaré le ministre des transports, Binali Yildirim, cité par le journal Hurriyet.

« Il faut faire plus attention lorsqu’on décide de l’implantation de villes et d’infrastrutures. Cette inondation n’était pas sur notre agenda, mais elle aurait dû l’être », a reconnu pour sa part le ministre des travaux publics, Mustafa Demir.

Pour l’urbaniste et géographe Jean-François Pérouse, basé à Istanbul, la métropole turque est devenue une « ville ultra-libérale » dans son développement, et les autorités ont laissé faire.

« Il n’y a aucune gestion urbaine, et l’étalement urbain se fait de manière morcelée, avec une artificialisation des surfaces par l’asphalte et le béton », a-t-il expliqué à l’AFP.

Istanbul, qui compte 12,5 millions d’habitants pour le département mais dont l’agglomération totale est estimée à plus de 15 millions, « est l’anti-ville durable, la ville où l’on construit dans l’éphémère », a-t-il ajouté.

Le bilan global de ces inondations sur deux jours, pour Istanbul et la province voisine de Tekirdag, a par ailleurs atteint 32 morts, dont 26 à Istanbul, avec la découverte d’un nouveau corps.

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Sources

Source : AFP, le 10.09.09

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