La victoire, depuis longtemps annoncée, de l’AKP pour une troisième victoire, large et consécutive, aux élections législatives de ce dimanche 12 juin, avait placé cette campagne sous le signe du déjà-vu. Et pourtant...
Si elle a donné lieu à de virulents échanges entre les principaux leaders comme à une succession de coups bas et de cassettes, elle n’en est pas moins parvenue à faire ressortir les deux enjeux majeurs de l’après 12 juin :
une nouvelle constitution, promise depuis 2007, balbutiée puis vite oubliée par l’AKP, la résolution de la question kurde, envisagée par l’AKP en 2008 lors d’une ouverture manquée,
thèmes sur lesquels l’opposition s’est positionnée de manière ambitieuse et constructive, arrachant, pour partie, l’agenda des mains de l’AKP.
Les nouveautés de l’édition 2011 ?
Ces deux thèmes ont été repris par une opposition kémaliste, le CHP (parti républicain du peuple), qui sous la conduite de son nouveau leader, Kemal Kiliçdaroglu, s’est fendu de propositions concrètes quant à l’avenir des Kurdes et de la démocratie dans le pays. À suivre de près.
Le parti politique kurde du BDP (parti pour la paix et la démocratie, successeur du DTP dissous en décembre 2009) devrait voir son groupe parlementaire renforcé et sa stratégie de participation politique et démocratique à la vie politique de Turquie validée, comme son statut d’acteur politique à part entière, normalisé : sa présence confirmée à l’assemblée nationale, comme le renforcement de son potentiel dans le cadre d’une éventuelle normalisation de la vie politique au sud-est de la Turquie [suppression du barrage électoral des 10%, libération des élus arrêtés du DTP, cessation de l’acharnement judiciaire, etc...], consacrent le mouvement kurde comme un acteur de tout premier plan, notamment dans la perspective d’une future alternance de gauche à l’AKP.
L’affaiblissement confirmé du nationalisme archaïque du MHP (parti de l’action nationaliste), sorti du parlement en 2002 et revenu en 2007 à la faveur de la vague nationaliste montée en réaction aux réformes pro-européennes conduites par l’AKP durant sa première mandature. Suite à la démilitarisation du système, à la montée en puissance de la société civile, à l’évolution progressive du CHP kémaliste vers des positions plus modernes et plus tournées vers l’avenir, le MHP se retrouve esseulé et peu à peu disqualifié.
La prochaine configuration parlementaire relèvera donc moins d’une photocopie que d’une sorte de « retour vers le futur ». À suivre dès le lundi de Pentecôte !
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Ci-dessous, la rédaction de Turquie Européenne vous propose une sélection d’articles publiés dans nos colonnes sur cette campagne qui s’achève. Ils sont classés chronologiquement du plus récent au plus ancien (19 avril 2011).
Turquie, le seul vrai projet fou, par Ahmet Insel
Turquie : Sexe, vidéos et politique, par Ariane Bonzon
Turquie : les élections législatives du 12 juin 2011 et la question kurde, par Jean Marcou
Turquie : sursaut de l’opposition sur la question kurde ?, par Oral Çalışlar
Turquie, l’extrême droite dans l’impasse, par Oral Çalışlar
Turquie : la campagne électorale des grands projets et des petites promesses !, par Jean Marcou
Turquie : la politique passe de la peur au rêve, par Eyüp Can
Turquie : Ouverture de la campagne pour les élections législatives, par Jean Marcou
En Turquie, le parti pro kurde semble enfin normalisé, par Anne Guezengar
Revue de presse :
Turquie : une économie florissante sur fond de problèmes structurels, par Dorothée Schmidt
Un scandale de mœurs ébranle le parti d’extrême droite turc, par Guillaume Perrier
Un canal, symbole de la puissance turque et des ambitions d’Erdogan, par Marc Semo
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