Le président français Nicolas Sarkozy a répété, une fois de plus, qu’il est nécessaire, selon lui, de ne pas accepter la Turquie dans l’Union européenne (UE). Sarkozy a déclaré « je ne crois pas que la Turquie appartienne à l’Europe, et pour une raison simple, à savoir qu’elle est en Asie Mineure. Ce que je tiens à offrir à la Turquie un vrai partenariat avec l’Europe, ce n’est pas l’intégration à l’Europe. »
Les déclarations de Sarkozy signifient, d’abord, que la France est un pays qui ne tient pas ses promesses, car aucun des présidents français, de 1959 [année où la Turquie a présenté sa candidature pour une association, en vue de l’adhésion] à 2007 n’a fait valoir que la Turquie n’appartiendrait pas à l’Europe. De plus, cette promesse n’a pas seulement été orale, mais aussi écrite, avec les traités successifs (traité d’Ankara [1963], protocole additionnel [1970], traité d’union douanière [1995]). La Turquie n’est pas un pays qui s’est intéressé récemment à la construction européenne. Son intérêt remonte à cinquante-sept ans [allusion à l’adhésion de la Turquie au Conseil de l’Europe, en 1950]. Sarkozy doit être le plus génial des sept présidents de la Ve République française, meilleur que les différents chefs de gouvernements et ministres jusqu’à présent, puisqu’il est le premier à réaliser que la Turquie ne fait pas partie du continent européen.
Bref, M. Sarkozy doit se souvenir qu’il est président d’un État, et que les États ne sont pas respectés par les autres États et les peuples, s’ils ne respectent pas les promesses qu’ils ont faites et les accords qu’ils ont signés. C’est le principe « pacta sunt servanda » que viole M. Sarkozy. « Pacta sunt servanda » est le premier principe des relations internationales, du droit civil et du droit international : « tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi. »
La Turquie, selon la législation de l’Union européenne, est juridiquement un pays européen. Ce simple fait a été confirmé à maintes reprises par les organes de l’UE, ses membres et les accords signés.
Quant à considérer la Turquie comme un pays d’Asie, apparaît alors cette étrangeté : l’UE considère la République grecque de Chypre, île située au sud de la Turquie, et à au moins 600 kilomètres à l’est que le point le plus occidental de la Turquie, comme appartenant à l’Europe, et à ce titre membre à part entière de l’UE depuis 2004. De même, les pays du du Caucase méridional, plus orientaux même que le point de l’est de la Turquie, sont considérées aussi comme les pays européens par l’UE. La France, par exemple, tient l’Arménie pour un pays européen. Il est utile de rappeler que les voisins nord-ouest de la Turquie, la Bulgarie et la Grèce, sont déjà membres de l’UE. Cela signifie donc que, si l’est, l’ouest, au sud et le nord de la Turquie peuvent être considérées comme des terres du continent européen, la Turquie est considérée comme étant située en Asie ! À vrai dire, cette logique est sans fondement, et difficile à comprendre.
Enfin, il faudrait demander à Sarkozy : si vous voyez la Turquie comme un pays d’Asie mineure, sur quel continent se trouve Istanbul, l’une des plus grandes villes d’Europe ? Sur quel continent placez-vous la région de Marmara, où se concentre plus de la moitié de l’économie turque ? Ou est-ce qu’en fait, la France veut faire de la Turquie un pays situé seulement en Asie mineure, en donnant Istanbul et la Thrace à un vrai pays européen ?