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Question arménienne : la colère des diplomates turcs

jeudi 18 décembre 2008, par Marillac, Zeynep Gürcanli

Le débat est lancé en Turquie. En réponse à la campagne lancée sur Internet lundi dernier par les intellectuels pour une « demande de pardon aux Arméniens », une cinquantaine de diplomates a publié une déclaration : « cette démarche constitue une atteinte à la dignité de nos martyrs… » Le corps diplomatique turc fut la première cible des bombes de l’ASALA dans les années 70.
- Marillac

Frappés mortellement par le terrorisme de l’ASALA, les membres du corps diplomatique n’avaient jamais brisé le silence. Jusqu’à ces derniers jours et au lancement par des intellectuels turcs d’une campagne pour demander pardon aux Arméniens.
Ce sont plus de 50 diplomates qui se sont réunis pour exprimer leur réaction. Ils ont jugé cette démarche de demande de pardon « injuste et fausse » et ont estimé en outre qu’elle porterait atteinte aux « intérêts nationaux de la Turquie ». Ils ont précisé qu’une telle initiative était un manque de respect porté à l’histoire turque.
Ils ont ensuite tenu à rappeler le « vrai visage des événements de 1915 ».

« La dignité de nos martyrs… »

Le paragraphe le plus émouvant de cette déclaration est certainement celui consacré aux diplomates ainsi qu’aux fonctionnaires turcs tombés sous les balles arméniennes. « Une telle démarche infondée et unilatérale constitue une atteinte à la dignité de notre histoire comme une trahison de la mémoire de tous ceux qui sont morts à cause des agissements des organisations terroristes à la fin de l’Empire ottoman comme tout au long de notre histoire républicaine. »

« Les Arméniens ont subi des pertes mais… »

« Dans les conditions de guerre qui étaient celles de 1915, il est certain que la déportation eut de fâcheuses conséquences mais dans le même temps il faut reconnaître que les Turcs ont connu de lourdes pertes du fait de la révolte arménienne comme des actions terroristes qui ont alors été menées.
Dans le cadre de ces actions menées par les Arméniens, les Turcs n’ont pas moins souffert que les Arméniens. Les activistes arméniens ont depuis la seconde moitié du 19e siècle, durant la guerre de 14 et même au début de la guerre d’indépendance régulièrement pris part aux menées des forces d’occupation au terme de visées planifiées et de savantes provocations. On sait par des sources locales et étrangères qu’ils se sont dans ce cadre, livrés à des violences massives contre le peuple anatolien.
 »

Soulignant ensuite que le terrorisme arménien avait traversé toute l’histoire de la République, la déclaration évoque ensuite le bilan des actes terroristes menés par l’ASALA et ses « commandos de la Justice » entre 1973 et 1986 : 70 morts, 574 blessés. 34 fonctionnaires et leurs proches dont 5 ambassadeurs et 4 consuls généraux.

Ne pensez-vous pas qu’il serait nécessaire aux Arméniens de s’excuser ?

La déclaration a ensuite rappelé qu’après la chute de l’URSS et l’indépendance de l’Arménie, celle-ci a envahi un quart du territoire azéri et condamné à vivre comme en exil sur ses propres terres une population de près d’un million de personnes. Avant de poser la question suivante : « les initiateurs d’une telle démarche bancale de demande de pardon pensent-ils également demander pardon à toutes les personnes victimes du terrorisme ou de l’oppression arméniens ?

En mettant de côté une telle initiative de demande de pardon revenant à tenir pour acquises les thèses arméniennes dans leur intégralité, il faut s’attacher à ce que les Arméniens qui ont sauvagement assassiné des diplomates et leurs proches innocents viennent eux demander pardon. Ces gens-là sont encore en vie et restent à l’abri de toute peine du fait d’une protection assurée par l’Arménie comme par certains autres pays. »

Nous avons connu la douleur du terrorisme arménien

« Après chaque attaque terroriste arménienne, dans le contexte de cette même attaque, nous avons constaté que les thèses arméniennes biaisées étaient répétées à l’opinion publique internationale de façon sans cesse plus accentuée. Aujourd’hui le terrorisme a rempli son rôle. Nous savons que la seconde phase du plan passe par le pardon puis par les demandes de terre et d’indemnisations. Notre souhait c’est qu’après tant de douleur et d’injustice, notre peuple ne soit pas l’objet de telles sournoises visées. »

Le bon voisinage ne passe pas par un pardon unilatéral

« Si l’on souhaite que les relations entre la Turquie et l’Arménie puissent entrer dans une phase d’amélioration et créer les conditions d’un bon voisinage, alors la voie n’est pas celle d’une concession telle qu’une demande unilatérale de pardon mais celle d’une reconnaissance entre les deux parties des frontières et des intégrités territoriales. Et s’il faut impérativement aller plus loin, alors il convient d’en passer par un partage réciproque des douleurs vécues par les deux camps au cours de l’histoire. Dans le cas contraire, une « demande de pardon » unilatérale ne peut être que fausse et sans justification. Elle peut en outre être contraire aux réalités de l’histoire et porter gravement atteinte à nos intérêts nationaux. Il nous faut à tous être très prudent sur ce sujet. »

- Cette déclaration a été signée par 50 diplomates :

Erdil Akay, Ömer Akbel, Nusret Aktan, Mümin Alanat, Önder Alaybeyi, Ali Hikmet Alp, Akın Alptuna, Burhan Ant, Erdoğan Aytun, Candan Azer, Ahmet Banguoğlu, Nazım Belger, Sadi Çalışlar, Ertuğrul Çırağan, Sevinç Dalyanoğlu, Gönül Dalyanoğlu (emekli Başkonsolos), Daver Darende (emekli Başkonsolos), Cenk Duatepe, Şükrü Elekdağ, Orhan Erdivanlı, Erdinç Erdün, Uğur Ergun, Erkan Gezer, Gün Gür, Burak Gürsel, Korkmaz Haktanır, Aydın İdil, Salih Zeki Karaca, Aydan Karahan, Alp Karaosmanoğlu, Yıldırım Keskin, Fazlı Keşmir, Ömer Engin Lütem, Ünal Maraşlı, Ali Engin Oba, Tansu Okandan, Erhan Öğüt, Onur Öymen, Önder Özar, Müfit Özdeş, Ergun Pelit, Turgut Serdaroğlu, Yüksel Söylemez, Ülkü Süelkan (emekli idari memur ve şehit Bora Süelkan’ın eşi), Teoman Sürenkök, Ömer Şahinkaya, Bilal Şimşir, Kaya Toperi, Muammer Tuncer, Senbir Tümay, Tugay Uluçevik, Erdinç Ulumlu, Necati Utkan, Nuri Yıldırım, Betin Yiğit (Emekli Başkonsolos), Erhan Yiğitbaşıoğlu, İlhan Yiğitbaşıoğlu, Ömer Zeytinoğlu.


Sur le même sujet :

- La démarche des intellectuels expliquée par Baskin Oran.

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Sources

Source : Hürriyet, le 15-12-2008

- Traduction pour TE : Marillac

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