Gilles Derronsoro, professeur et auteur, parle des tensions qui agitent la Turquie. Le pays a fait beaucoup d’efforts pour se moderniser, mais ceux-ci ne sont reconnus ni par sa population, ni par l’Europe.
A la fin du printemps, l’attention s’est brutalement focalisée sur l’importante tension qui régnait en Turquie, notamment sur des questions toujours problématiques, celles, par exemple, qui tournent autour de la laïcité.
Mais les motifs de cette agitation sont infiniment plus complexes et les élections législatives du 22 juillet prochain devront apporter des réponses à bon nombre de questions. Le principe même d’une élection présidentiel au suffrage universel a été adopté, ce qui nous dresse le portrait d’une société mouvante.
L’importance de la Turquie
L’affaire n’est pas mince car la Turquie n’est pas une petite nation indifférente. On a un peu perdu de vue que c’est une vraie puissance montante.
C’est la 18e richesse au monde, avec un Produit national brut (PNB) de 584 milliards de dollars, pour une population de 75 millions d’habitants. Elle est placée juste devant l’Iran pour à peu près la même population. Mais comme la Turquie n’a pas de pétrole, cela signifie que pour dégager une pareille richesse, elle doit beaucoup travailler.
Elle doit amplement sa modernisation à sa volonté d’entrer dans l’Union Européenne, même si aujourd’hui la majorité de sa population boude cette perspective et, il faut reconnaître, beaucoup d’Européens aussi.
On risque donc de se trouver dans cette situation potentiellement dangereuse d’un pays qui aura fait d’énormes efforts pour déboucher dans une impasse.
L’invité :
Gilles Dorronsoro, professeur de Science politique à la Sorbonne, développe cette situation, aujourd’hui dans Géopolis. Il est l’auteur – notamment – de La Turquie conteste publié en 2005 aux Editions du CNRS.
Un livre de Gilles Dorronsoro : La Turquie Conteste
Télécharger le texte de l'article au format PDF
RSS 2.0