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La Turquie, championne d’Europe d’Asie mineure

mardi 17 juin 2008, par Jean-Michel Aphatie

Inouï ! Incroyable ! Inncrédibel, avec l’accent pour faire anglais ! La Turquie d’Asie mineure est qualifiée pour les quarts de finale du championnat d’Europe de football.

Imaginez que la Turquie d’Asie mineure parvienne en demi-finale, puis en finale, puis, fabuleux, fabulous, gagne la finale. Alors, la Turquie serait le premier pays au monde d’Asie mineure à être champion d’Europe. Ce jour là, je voudrais bien voir ce qu’en dit François-Mitterrand de pacotille 2017, ce serait un grand jour, une belle nalyse.

Je blague, mais à moitié. J’ai bien lu, ici et là, ici surtout, l’incompréhension que suscite mes sorties répétées sur la Turquie, admise à la fête européenne du football. Et Israël, me dit-on. Et ça ne veut rien dire, ajoute-t-on...

Au milieu des années cinquante, le souvenir de la guerre s’estompant, l’Europe du football s’organise. L’UEFA est portée sur les fronts baptismaux au moyen du droit suisse, le football ayant toujours eu la tête près du bonnet. Deux évidences s’imposent aux organisateurs. D’une part, il faut tendre la main à Israël, petit pays menacé par ses voisins, isolé et esseulé, à propos duquel l’Europe nourrit une forme de culpabilité, inutile d’épiloguer. Deuxième évidence : l’Europe du football accueille la Turquie pour la seule raison que la Turquie de l’époque fait évidemment partie de l’Europe. La Turquie, au confluent des continents, a participé à l’écriture de l’histoire européenne. Elle fut même décrétée, au début du XX° siècle, « homme malade de l’Europe ». C’est dire si elle était en Europe. Après la deuxième guerre mondiale, elle intègre tout naturellement le Conseil de l’Europe, dont elle est toujours membre. Il y a peu de temps, dix ans, quinze ans, que la droite française, surtout la droite française, se pose des questions à propos de l’appartenance de la Turquie à l’Europe.

On connaît les termes du débat. Ceux qui prônent l’adhésion de la Turquie expliquent que c’est la seule façon d’arrimer ce grand pays encore laïque au camp de la démocratie, et de montrer aussi que l’Europe est une idée, pas une alliance religieuse. Les adversaires évoquent les différences culturelles et aussi le poids démographique, 70 millions d’habitants aujourd’hui, une bonne centaine dans un quart de siècle. Ce dernier argument n’est pas mince : la Turquie serait, à moyen terme, le pays le plus peuplé de la future Union.

On peut admettre les doutes et les débats. Ce serait tout de même une cocasserie suprême si, fin juin, la Turquie était championne d’Europe de quelque chose, de football en l’occurrence, mais en réalité, le football importe peu.

[...]

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Sources

Source : le blog de Jean-Michel Aphatie, le 16/06/2008

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