Bruxelles souhaite que la Turquie intègre la Communauté européenne de l’énergie. Du coup, Ankara demande une accélération de ses négociations d’adhésion.
C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. La Commission européenne a exhorté la Turquie, à l’occasion d’une conférence qu’elle a organisée à Istanbul avec la participation des autorités turques, à s’associer à la Communauté européenne de l’énergie, qui fixe un cadre légal aux investissements dans le secteur. ” Nous sommes un peu hésitants à signer le traité “, a rétorqué Hilmi Güler, ministre de l’Énergie. Et son collègue de l’Économie, Ali Babacan, par ailleurs négociateur en chef d’Ankara avec l’Union, de saisir la balle au bond et de réclamer l’ouverture ” dans les plus brefs délais ” du chapitre relatif à l’énergie dans ses négociations d’adhésion.
On devine l’embarras de la Commission et de la présidence de l’Union européenne. Alors que huit des trente-cinq chapitres qui jalonnent les négociations d’adhésion sont gelés en raison du refus des Turcs de reconnaître Chypre (les huit chapitres relatifs au marché intérieur en lien direct avec Chypre) et que le nouveau chef de l’État français refuse l’adhésion de la Turquie à l’Union, la présidence allemande entend tout de même ouvrir trois nouveaux chapitres (politique économique et monétaire, statistiques et contrôle financier), le 26 juin. Pour ne pas compromettre un accord sur le futur traité européen, Paris ne s’y opposerait pas. Ce qui ne constitue véritablement pas une accélération des négociations puisque Ankara n’est parvenu à ouvrir, depuis le lancement des négociations en octobre 2005, que deux chapitres (science et recherche ainsi qu’entreprise et politique industrielle).
Rôle clé à jouer
” C’est le bon moment pour approfondir le dialogue et assurer un approvisionnement énergétique sûr et à un prix abordable, ce qui est un vrai défi pour l’Europe, dans lequel la Turquie a vraiment un rôle clé à jouer “, a cependant convenu lors de la conférence d’Istanbul, le commissaire européen à l’Élargissement, Olli Rehn. Et de préciser que ” la préparation des négociations concrètes sur l’énergie est en cours, les États membres de l’Union évaluant actuellement le rapport de l’examen de l’acquis communautaire sur l’énergie “.
Le traité instituant la Communauté européenne de l’énergie est entré en vigueur le 1er juillet 2006 avec la participation des vingt-sept États membres de l’Union, de sept États et territoires des Balkans (Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine, Albanie, Kosovo). Une expansion à la Turquie, la Norvège, l’Ukraine et la Moldavie est envisagée.