Obama vient de sauver les élections européennes. Turquie ou pas Turquie ? Ça, c’est un choix.
C’est vrai ? A quoi servent les élections européennes ? Ce devraient être les plus belles des élections : 27 Etats, qui ont connu entre eux tant de fracas, et qui votent ensemble, le même jour, pour élire leurs représentants, au terme d’une campagne politique exemplaire. Un idéal ? Non, un flop assuré.
D’abord, la logique européenne, il faut bien la chercher. Chacun dans son coin avec son sucre d’orge européen, et rien pour l’Europe, à part des discours grand écart, entre les mots vibrionnant et les réalisations aussi plates qu’un discours de politique générale de François Fillon. Les heureux élus, sur des bases nationales, forment ensuite une fois arrivés à l’Assemblée de Strasbourg, des groupes inconnus des électeurs, et des alliances aussi imprévisibles.
Le résultat des courses est bien connu : dans cette noble assemblée, émergent quelques parlementaires valeureux. Mais pour le reste, c’est l’électroencéphalogramme plat. Tout le monde sait que l’avenir des pays européens passe par la construction européenne, mais personne ne s’intéresse aux travaux du parlement européen, pour la seule raison qu’il est discrédité par les parlementaires eux-mêmes.
Prenons l’exemple du traité constitutionnel. Pour ou contre... Le parlement aurait du être une ruche… Il n’a a été qu’un réseau de buses… laissant d’autant plus de place à la Commission européenne… ce qui permet ensuite de dénoncer la toute puissance de la Commission… Ah, les crétins !
Depuis la France, ça donne quoi ? Dati, disgraciée, est punie en sa faisant exiler sur la liste européenne. Yade fait son caprice car elle ne veut pas y aller, vu les hauteurs de sa pensée politique. Au PS, ce sont des listes maquignonnées comme à la belle époque. En héros, Peillon qui a été l’un des parlementaires les plus absents, car l’Europe n’est que son gagne pain. Vive l’Europe.
Autant dire que, vue de France, les élections européennes ne sont qu’une expérimentation in vivo des futures élections, et ben sûr de notre divine présidentielle. Tiens au hasard… A deux mois de l’élection européenne, qui peut me dire quel est le thème dominant de la campagne de chaque camp et quel est son leader naturel ?
Au moins, après le discours d’Obama, l’horizon s’éclaircit. Les élections ont un enjeu : pour ou contre l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ?
Pour simplifier le débat, je ne parlerai que deux choses.
D’abord, la Turquie fait partie de l’Europe. Elle est l’un des membres fondateurs du Conseil de l’Europe. C’est dire que question religion, ce qui semble défriser notre girouette Kouchner, tout est réglé depuis belle lurette, car la liberté de religion dépend, sur le plan européen, du Conseil de l’Europe et de la jurisprudence de la Cour européenne de sauvegarde des droits de l’homme. Les problématiques de l’Union européenne sont l’économie et le social. Donc la question religieuse pour traiter de l’adhésion turque, c’est hors jeu.
Ensuite, sur le plan économique, arrêtons la plaisanterie. Depuis 1992, la Turquie a accédé au statut de membre associé de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). En 1993, le Conseil européen de Copenhague définit les critères d’adhésion à l’Union européenne. Nous sommes en 2009, et il n’existe pas un seul observateur économique sérieux pour dire que Turquie ne répond pas à ces critères.
Alors, où est le problème ? Il reste peut être encore des esprits flétris qui pensent que l’avenir se joue entre le mode occidental et l’islam… Pour ceux-ci, il ne reste pas grand chose à faire, à part augmenter les gouttes, et se faire lire quelques pages du « Le choc des civilisations » par l’infirmière, avant de dormir.
Si on regarde ce qu’a été l’évolution de l’Union européenne ces dernières années, aucun critère ne tient : ni l’économie, ni le social, ni le société, ni la religion. La seule question est politique, et encore politique genre « touche pas à ma place ». La seule question, c’est la place qu’il faudrait donner, au sein des instances politiques européennes à la Turquie : combien de commissaires européens à Bruxelles, combien de juges à Luxembourg, combien de députés à Strasbourg ? Et combien en moins pour tous les autres Etats ? Tout le reste est du bla-bla.
Alors, on peut encore ruser, et agiter les peurs. Pas de problèmes, nous avons des experts. Mais, il suffit de faire un tour en Turquie pour se rendre compte que la population commence à en avoir assez d’être ce pianiste doué à qui un jury poussiéreux demande sans relâche de refaire des gammes.
La fière Turquie, qui avait refusé que les avions US survolent son territoire lors la guerre d’Irak, a suffisamment obtenu dans le réel de l’Union européenne, pour se passer des honneurs politiques, et trouver les moyens de s’affirmer, vu son implantation géostratégique, comme une puissance autonome. S’il le faut, dans un rapprochement respectueux avec les Etats-Unis. Quand on a à l’esprit tous les enjeux de la région, continuer à fermer la porte politique de l’Europe devant la Turquie revient à se plomber l’avenir.