Étienne Copeaux est chercheur associé au Groupe de Recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen Orient (GREMMO) du CNRS, et est ancien pensionnaire de l’Institut Français d’Études Anatoliennes (IFEA - Istanbul).
Le président turc Erdoğan s’est récemment distingué en déclarant, lors d’un sommet de responsables musulmans originaires d’Amérique latine réuni à Istanbul, que l’Amérique a été découverte par des marins « musulmans » en 1178 et non par Christophe Colomb en 1492.
Cette information fait bourdonner les réseaux sociaux et certains médias depuis quelques jours, provoquant des moqueries tout à fait justifiées.
Mais une telle information ne peut étonner que ceux et celles qui ne connaissent pas encore assez bien (...)
Ils ne veulent être ni les instruments de la mondialisation, ni des pions dans un combat identitaire. C’est l’émergence d’une population préoccupée par des valeurs morales, d’acteurs sociaux non liés à une structure de pouvoir. Et c’est ainsi que Gezi est devenu rapidement un mouvement œcuménique, conforme au message clamé lors des obsèques de Hrant Dink.
[Ce texte est destiné à une manifestation toulousaine, « La Turquie de Gezi Parkı. Quatre jours pour comprendre le soulèvement populaire du printemps (...)
Les obsèques de Berkin Elvan resteront sans doute dans l’histoire de la Turquie contemporaine comme un événement comparables aux obsèques de Hrant Dink, en janvier 2007. Je ne sais pas encore quelle est l’estimation du nombre des participants, hier, mais Radikal annonce que l’événement Berkin Elvan a battu le record des tweets : quatorze millions d’échanges ces deux derniers jours.
L’assassinat, puis les obsèques de Hrant Dink, avaient provoqué en Turquie un ébranlement dont les effets durent encore et (...)
Heureusement, il n’y a pas eu de drame. Quelques blessés seulement, selon toute apparence, ce 12 mars au matin. En voyant hier soir les foules qui montaient de toutes part vers la place de Taksim que la police cette fois était bien décidée à préserver de toute manifestation, en voyant les premiers actes dénotant un certain énervement – la mise en place ici ou là d’autobus en travers de la route pour barrer le passage à la police, la destruction de véhicules de l’AKP, de vitrines de sièges du parti – on (...)
Les chercheurs en sciences sociales ont tendance à négliger les questions juridiques. Pourtant, le droit est l’une des interfaces essentielles entre l’État, le citoyen et la société ; il protège, régule et réprime.
En Turquie, cette dernière fonction a prévalu depuis les débuts de l’époque républicaine. Pendant la guerre de libération, l’armée kémaliste a instauré des tribunaux d’exception qui ont fait exécuter près de 700 personnes . Ils étaient destinés à punir, mais surtout à intimider, voire à terroriser. (...)
On ne parlait que de cela. Le samedi 16 novembre 2013, à Diyarbakır, le premier ministre turc a rencontré Mesud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak. Devant des milliers de personnes, il a plaidé pour la fin du conflit entre l’armée turque et le PKK, qui dure depuis 1984 : « Comment le Turc et le Kurde ont-ils pu se déchirer ? Le Turc et le Kurde ne doivent plus se déchirer, ils ne se déchireront plus », a déclaré Recep T. Erdoğan, évoquant la naissance d’une « nouvelle (...)
La fausse république. 51 questions sur Atatürk et le kémalisme : ce livre de Sevan Nisanyan (prononcer « Nichanian »), historien, linguiste et – entre autres - rédacteur à l’hebdomadaire arméno-turc Agos, est une remise en cause des dogmes sur lesquels reposent le kémalisme et l’histoire officielle enseignée en Turquie. L’histoire de la république, en particulier, est enseignée comme un catéchisme. C’est Mustafa Kemal lui-même qui en a fixé le récit, dans son célèbre discours-fleuve, le Nutuk, prononcé en (...)
Alors que trois journalistes, à nouveau, ont été condamnés la semaine dernière à la prison à vie (cf. Le Monde : « Ankara accroît encore la répression contre la presse »), le « procès KCK » a repris à Silivri pour une audience qui durera du 7 au 18 novembre. A titre de documentation, voici de larges extraits de la réponse d’Ayşe Berktay à l’acte d’accusation, lors de l’audience de mars 2013 de ce procès-fleuve.
« Honorables membres de la Cour, »
« J’ai adhéré au Parti de la paix et de la démocratie (BDP) en (...)
Sur les photographies de presse antérieures aux années 1990, les policiers qui interviennent contre des manifestants ont une apparence assez inoffensive, si on les compare avec leur aspect actuel. Ils ne sont pas revêtus de la tête aux pieds d’une épaisse carapace de plastique, ne portent pas de casque à visière ni de bouclier de plexiglas. Souvent, ils apparaissent en simple casquette et sanglés dans un uniforme ajusté qui ne devait pas être commode pour les affrontements. Ils sont armés d’une (...)
Le titre de docteur honoris causa (h.c.) est la distinction honorifique la plus élevée qu’une université française puisse décerner à une personnalité étrangère, sans qu’il soit nécessaire que celle-ci soit universitaire, enseignante, chercheuse ou même intellectuelle. Elle confère un certain prestige au récipiendaire, surtout si l’université qui confère le titre est elle-même prestigieuse. Inversement le talent, la notoriété de la personne qui reçoit le titre de docteur h.c. peut augmenter le renom de (...)
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