Les habitants du village de Ovaköy dans la province du sud-est de Şırnak sont dans l’impossibilité de quitter leurs foyers sans le consentement de l’armée depuis ces 15 derniers jours. Alors qu’on attend toujours une explication de la part des officiels, les habitants du village craignent que leurs moyens de subsistance soient mis en danger, puisqu’ils ne peuvent pas s’aventurer dehors pour nourrir leurs animaux et s’occuper de leurs champs.
Les villageois n’ont pas étés confrontés à de telles mesures depuis 2004, déclare Raşit Uçar, un habitant d’Ovaköy dans le district de Silopi, province de Şırnak, ajoutant qu’ils étaient pour ainsi dire emprisonnés dans leurs propres maisons.
Uçar a raconté à Bianet comment il avait dû passer un point de contrôle de l’armée après être revenu du district de Cizre où il était allé faire ses courses pour les fêtes du ramadan.
« Nous passons par des points de contrôle de l’armée d’une demi heure à chaque fois que nous entrons ou sortons du village. Les véhicules sont aussi interdits dans le village ; nous avons dû marcher 800 mètres pour revenir chez nous en portant les courses que nous avions faites pour les vacances » a dit Uçar.
« Ils jouent avec nos moyens de subsistance »
Le village d’Ovaköy compte une dizaine de foyers, mais la majorité des habitants ont quitté le village les années 1990’s, laissant derrière eux 25 personnes qui demeurent dans 3 maisons du village.
« Nous avons peur. Nous ne pouvons plus sortir de nos maisons le soir. Les troupes patrouillent sans arrêt dans le village » a déclaré Uçar.
Uçar a expliqué qu’il avait trouvé un travail comme garde pour 750 liras (environ 335 euros) par mois dans un champ de coton avoisinant.
« Ils ne m’ont pas autorisé à m’y rendre parce que nos noms de familles ne correspondaient pas à celui du propriétaire du champ ; alors je n’ai pas pu aller y travailler. Ils ne nous autorisent pas à aller dans nos propres champs où nous devons semer ou faire paître nos moutons sur les hauts plateaux. Nos animaux sont en train de mourir de faim. Ils jouent avec nos moyens de subsistance » a-t-il déclaré.
De telles mesures n’avaient pas été mises en place depuis l’abolition de l’état d’urgence (OHAL) en 2002 par le gouvernement, a ajouté Uçar.
« Nous étions relativement à l’aise ces 4 voire 5 dernières années. Nous faisions paître nos moutons et labourions nos champs. Lorsque nous demandons aux soldats pourquoi ils agissent ainsi, ils nous répondent en gros que ce sont les ordres. Ils ne nous ont jamais montré aucun documents officiels ni ne nous ont donné aucune explication »
Il n’y a aucun affrontement près d’Ovaköy, et de telles mesures n’existent pas dans les autres villages voisins, a-t-il expliqué, ajoutant que n’ayant pas d’autre endroit où aller si les autorités décident de les expulser du village, ils n’auront plus d’autre choix que de se réfugier dans la Région Autonome Kurde d’Irak
« Nous ne sommes même pas autorisés à aller au ruisseau devant la maison. Nous avions l’habitude d’y nager et d’y pêcher durant l’été » a-t-il lâché.
Le Bureau du Gouverneur de la province sud est d’Hakkari a désigné 7 secteurs interdits d’accès suite aux intenses affrontements qui se sont déroulés dans le district de Şemdinli tout le mois dernier, mais Ovaköy n’en faisait pas partie.
Le Bureau du Gouverneur d’Hakkari a donné la liste suivante des régions interdites d’accès jusqu’au 6 octobre :
« La région d’ İkiyaka, l’est de Beytüşşebap à Şırnak et Altındağlar dans le centre d’Hakkari, la région de Buzul Dağı, la région d’Alandüz, la région du Mont Balkaya, les régions de Gediktepe et Karadağ, et les régions de Çağlayan et Pirinçeken. »