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Turquie : parler de l’avenir de l’Europe

mardi 24 octobre 2006, par Ismet Berkan

© Turquie Européenne pour la traduction

© Radikal

A la fin de la semaine dernière s’est tenue à Göcek une réunion d’une grande importance. La rencontre était organisée par un tout jeune think tank, le Centre de Recherche en Economie et en Politique Etrangère (EDAM). Ce furent plus de 40 universitaires venus des quatre coins de l’Europe et de la Turquie qui, pendant deux jours, se sont penchés sur l’avenir de l’Europe.

En fait, cette réunion était la deuxième du nom. L’initiateur de celle-ci l’année dernière était Kemal Derviş (ancien ministre de l’économie) juste avant qu’il ne soit choisi comme directeur du PNUD. Cette année, il était présent comme simple participant : mais on peut dire que ce qu’il avait semé l’année précédente a bien pris et que l’intérêt porté à ce rendez-vous n’était pas feint.

Il existe deux rendez-vous de ce type organisés en Turquie, non pas au sujet des relations entre la Turquie et l’UE mais bien sur celui de l’avenir de l’Union Européenne elle-même. L’une d’elles est organisée par Radikal en partenariat avec l’EDAM et l’on y rencontre des participants venus d’Europe ainsi que des journalistes.
Cette fois, dans le cadre de cette réunion organisée par l’EDAM en collaboration avec le Fonds Bosch, l’Union des Bourses et des chambres de métier de Turquie, les intervenants européens provenaient des mondes politique et académique comme plus largement de celui des think tanks.
Et sur le fond, il n’est pas possible dans une telle réunion, si elle se tient en Turquie, de ne pas aborder la question de la possible adhésion de la Turquie à l’UE. Qu’on le veuille ou non, lorsqu’il est question de l’avenir de l’Europe, on s’attaque forcément au sujet des avenirs très différents de l’UE selon qu’ils se conçoivent avec ou sans la Turquie. Mais comme je le disais un peu plus haut, le cœur du sujet n’est pas la Turquie mais bien l’Europe.

Voies turques et voies européennes

Par exemple, il n’est pas facile d’aborder l’un des sujets les plus brûlants en Europe à l’heure actuelle, à savoir celui de l’approvisionnement énergétique, sans faire référence à la Turquie. Parce que lorsque l’on parle, en Europe, de sécurisation des approvisionnements énergétiques, il est question de la dépendance vis-à-vis de la Russie. Et la voie qui permettra de diminuer cette dépendance passe par la Turquie. Et si par exemple, notre sujet est celui du gaz naturel, Ankara partage aujourd’hui les mêmes appréhensions que l’UE : c’est-à-dire celles liées à sa dépendance vis-à-vis de Moscou. Diversifier les sources d’approvisionnement implique d’assurer les débouchés directs des gaz turkmènes et azéris par l’Anatolie. Les ventes en Europe par le « canal » de la Turquie sont aujourd’hui d’actualité dans ce contexte précis.

Autre exemple : l’un des problèmes sociaux majeurs auquel l’Europe se trouve aujourd’hui confrontée n’est autre que l’Islam, autrement appréhendé sous le vocable de multiculturalisme. La Turquie est un pays candidat à l’adhésion à l’UE de 70 millions d’habitants, majoritairement de religion musulmane. En outre, une partie importante des musulmans vivant en Europe est originaire de Turquie. C’est dire qu’il est quasiment impossible d’aborder ce sujet sans parler de la Turquie.

Par exemple encore, lorsque vous vous attaquez à la question de la compétititivité économique de l’Europe à l’échelle globale, vous ne pouvez faire l’économie de la question turque tant il existe de différences entre les avantages concurrentiels d’une Europe avec la Turquie et d’une Europe sans la Turquie.

Mais comme je l’évoquais plus haut, il existe également une différence importante entre les façons de poser le problème : du point de vue de l’Europe en général ou du seul point de vue de l’adhésion turque et de toutes les difficultés qui sont les siennes.

D’une certaine façon, ce jeune Think tank qu’est l’EDAM contribue à faire apercevoir la Turquie aux intelellectuels, journalistes et politiciens européens depuis un plan et une perspective européennes.
Les tables rondes tenues pendant deux jours furent d’un niveau très élevées et comme il n’était pas prévu ni d’en publier les discours et les échanges alors, elle donnèrent lieu à des débats d’idées très libres et très riches.

Quant à l’intervention que Kemal Derviş devait donner lors du dîner d’ouverture, elle fut courte mais très profonde : « la situation du monde et la place de la Turquie dans ce monde ». Une intervention qui devait me rappeler combien la Turquie a besoin de personnes de son envergure.

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