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PKK à en mourir ?

jeudi 6 mars 2008, par N. A., Sahin Alpay

Soldats turcs en Irak

Les opérations des forces armées turques (TSK) au Nord Irakien a surpris à la fois par leur déclenchement et par leur fin. Les troupes turques sont entrées dans la nuit du 21 février et se sont retirées le 29 février au matin.

Dans un climat où on s’attendait à une opération qui allait durer au moins une à deux semaines, le retrait rapide de l’armée turque a provoqué l’étonnement.
Etonnement car lorsque le secrétaire d’Etat à la défense américain, Gates suivi du président Bush ont exigé le retrait au plus vite, la réponse du premier ministre et du chef des forces armées ne s’est pas fait attendre : «  les opérations s’arrêteront lorsque les objectifs seront atteints  ». De surcroît, le retrait des militaires turcs a été annoncé par le ministre des affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari. Le Premier ministre turc et les membres du gouvernement ne cachaient pas leur ignorance.

Le général des forces armées turques, Yasar Büyükanit pour atténuer la surprise, a déclaré : « la décision du retrait a été prise avant même la venue de Gates à Ankara. Elle n’a ni été suggéré par le politique (donc le gouvernement) ni par les étrangers (donc les Américains). Le gouvernement a été informé du strict nécessaire. La décision a été maintenue dans le secret pour sécuriser le retrait. L’objectif a été atteint ». Büyükanit parle également des conditions hivernales : « vous parlez de retrait précipité, j’aimerais vous voir rester là-bas 24 heures... »
et à la question « pourquoi vous ne maintenez pas une force permanente ? »Je répondrais que nous seuls avons connaissance des conditions climatiques auxquelles sont confrontés nos militaires" (le quotidien Milliyet, 1er mars)

La fin des opérations reste une bonne nouvelle. Car le prolongement de l’intervention, l’augmentation des pertes, les tensions avec les Etats unis, l’Irak et la région autonome kurde plus les pièges du PKK auraient augmenté les risques en tout genre.
Le DTP- parti nationaliste kurde au parlement- exploitait le filon et affirmait déjà que les opérations ne visaient pas le PKK, mais étaient une agression menée contre les Kurdes. Espérons que les agressions du PKK prendront fin et ce, malgré nos 27 morts.

Les appels des autorités américaines suivis du retrait le jour suivant pourraient supposer qu’ Ankara reste bien à leur écoute comme si on en doutait toujours. Mais ces allégations ne sont pas révélatrices. Car je rappelle qu’ Ankara a maintenu sa neutralité lors de l’invasion de l’Irak par les Américains. De toute évidence, l’occupation américaine de l’Irak imposait de toute manière des limites aux opérations turques.

L’argument, par ailleurs, selon lequel le gouvernement turc a donné le feu vert aux opérations pour échapper à la polémique liée au voile dans les universités, n’est pas sérieux.

Une alliance Ankara - Erbil ?

Les vraies questions portent plutôt sur les points suivants : dans quelle mesure l’opération est-elle une réussite ? En quoi des bombardements, des tanks, des armements lourds, des soldats armés de 4O kilos de matériels sont fondés pour lutter contre les tactiques de guérilla ? En quoi les opérations ponctuelles contre la guérilla aident-elles ? Enfin, les forces armées turques lors des opérations militaires doivent-elles rester autonomes face au gouvernement dans le cadre d’un régime démocratique ?

L’opération a montré, à tous, la réponse adéquate à apporter à la rébellion du PKK. Cependant en quoi est-il difficile de comprendre qu’il faut s’associer non pas seulement avec Washington ou Bagdad mais surtout avec la région autonome kurde pour affaiblir le PKK. Le gouvernement de l’AKP va-t-il dans ce sens ?

L’extermination du PKK ne suffira pas, seules la démocratie et la reconnaissance des droits légitimes des Kurdes peuvent mettre un terme à la violence. Le gouvernement AKP va-t-il proposer au Parlement des réformes nécessaires en collaboration avec les représentants kurdes légitimes ? Des mesures spécifiques pour le développement du Sud-Ouest - le Kurdistan turc - seront-t-elles entreprises ?

Pourra-t-on empêcher la jeunesse kurde de tomber dans le giron du PKK ? Une loi d’amnistie non dégradante verra-t-elle le jour ? Voilà les véritables questions.

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Sources

Article original publié dans Zaman le 4 mars 2008
Traduction NA pour Turquie Européenne

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