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La Turquie, poil à gratter des relations entre l’OTAN et l’UE

vendredi 22 octobre 2010, par Jean Marcou

OTAN - Turquie Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen (à gauche sur la photo), a effectué une visite rapide mais importante, en Turquie, le 7 octobre dernier. L’amélioration des relations entre l’OTAN et l’UE était au cœur des entretiens qu’il a eus avec le premier ministre et le ministre turc des affaires étrangères (à droite sur la photo).

Si la Turquie apparaît en l’occurrence comme l’un des nœuds du problème, c’est paradoxalement parce qu’elle n’est membre que de l’OTAN. En effet, la non-appartenance de la Turquie à l’UE et le conflit chypriote gênent la coopération de l’OTAN avec Bruxelles. D’une part, la Grèce et Chypre s’opposent à la participation de la Turquie à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) et à l’EDA (European Defense Agency), qui est l’une de ses instances majeures, d’autre part, la Turquie refuse que Chypre (grecque), qu’elle n’a pas reconnue officiellement, participe à des missions de la PESD utilisant les ressources et le renseignement de l’OTAN. La Turquie souhaiterait notamment que Bruxelles parvienne à convaincre Chypre de consentir à ce qu’elle devienne membre-associé de l’EDA. Elle revendique, en outre, le droit à être consultée sur la conduite de la PESD, en rappelant qu’elle est très investie dans des opérations militaires européennes (notamment en Bosnie, où elle entretient le second contingent militaire destiné à maintenir la paix) et qu’elle constitue de ce fait un élément clé de cette politique.

Anders Fogh Rasmussen s’était récemment montré optimiste sur la question, en proposant que Bruxelles passe un accord de sécurité avec la Turquie et lui octroie un statut de pays invité au sein de l’EDA, à l’instar de la Norvège, qui est, elle aussi, un pays membre de l’OTAN, non-membre de l’UE. Mais les semaines passent, l’issue du conflit chypriote est plus incertaine que jamais, et le prochain sommet de l’OTAN (qui aura lieu les 19 et 20 novembre, à Lisbonne) approche sans que se dessine une perspective de règlement de ce contentieux entre des pays qui sont théoriquement des alliés…

L’OTAN, en fait, est d’autant plus incitée à ménager la Turquie dans cette affaire que celle-ci constitue par ailleurs un acteur majeur du dossier afghan. Anders Fogh Rasmussen a d’ailleurs salué le travail que faisait la Turquie en Afghanistan, et Ankara vient de décider de prolonger d’un an son mandat à la tête de l’ISAF (« International Security Assistance Force » qui agit sous l’égide de l’OTAN). Pourtant, la Turquie refuse d’aller plus loin, et de s’impliquer dans les opérations militaires. Elle s’investit plutôt dans la formationsde l’armée et de la police et, alors même que les pays européens sont peu enclins à accroître leur effort militaire sur le terrain, elle ne comprend pas qu’on lui demande de le faire à leur place. « Pourquoi un pays qui n’est pas considéré comme ayant vocation à devenir membre de l’UE devrait en faire plus que les membres de l’UE, eux-mêmes, afin d’assurer la sécurité de l’UE ? » s’étonne la professeure Beril Dedeoğlu, dans un éditorial publié par l’édition du 9 mars 2010 de « Zaman », intitulé de façon significative : « Une période éprouvante pour l’OTAN ».

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Sources

Article publié sur le blog de l’oViPoT le vendredi 15 octobre 2010 sous le titre : La Turquie poil à gratter des relations entre l’OTAN et l’UE.

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