4e de couverture :
Voilà des mois que je parcourais en tout sens aussi bien la Turquie que la Syrie. Un peu au hasard. La montagne Kurde, que je découvrais pour la première fois, me plut d’emblée et je devais y retourner maintes fois par la suite. Je m’attachais à cette région, à son climat, à ses oliviers, à ses villages. J’y rencontrais des gens fiers, généreux, curieux de tout. J’aimais les histoires qu’ils me racontaient. Des histoires d’un temps révolu peuplées de personnages hauts en couleur. « En Occident, me dit un jour un chef de village, on parle beaucoup des Kurdes de Turquie et d’Irak et jamais des kurdes de Syrie. Nous souhaiterions tellement qu’on sache à l’étranger qu’il existe des Kurdes en Syrie. Pourquoi n’écrirais-tu pas quelque chose sur la montagne Kurde ? » En réalité j’avais déjà commencé à le faire.
Une lecture :
Dominique Fradet, éditeur rémois est quelqu’un de modeste et discret. Cet historien, devenu un ami à cause de notre intérêt commun pour le monde turco-iranien et le Moyen Orient, a découvert la Turquie en l’abordant par le côté kurde alors que moi, je l’ai approchée d’abord par son côté turc. En suivant des chemins différents, nous sommes arrivés au même amour des gens de cette région du monde pourtant si décriée.
« La montagne Kurde » est plus qu’un récit de voyage, c’est le témoignage de quelqu’un qui a su aller au delà de la surface et des apparences et a pris le temps d’écouter les gens. C’est une histoire ou se mêlent le passé proche et le présent à travers l’histoire de quelques tribus kurdes qui ont vu les occidentaux dresser des frontières absurdes entres les peuples et même au milieu d’eux.
Les schémas simplificateurs qui opposent les Kurdes, Turcs, Iraniens et Arabes suivant des critères ethniques sont sérieusement mis à mal, chaque tribu kurde ayant fait des choix d’alliances différents suivant les intérêts du moment et les rivalités existant déjà entre elles avant la partition de l’Empire ottoman. Si il existe bien une réalité culturelle et linguistique kurde, la convergence sur un projet politique n’existe pas encore. A-t-elle jamais existé ? Existera-t-elle jamais ? On perçoit très bien que les Kurdes se satisferaient pour la plupart de la liberté de circuler, de la liberté de parler leur langue, de pratiquer leur coutumes et leurs religions comme bon leur semble, et de pouvoir être propriétaires du sol qu’il cultivent quel que soit l’Etat dont ils sont citoyens malgré eux.
La greffe du concept d’état-nation sur le Moyen-Orient a très mal pris car on oublié de tenir compte d’un facteur essentiel : il n’y a jamais eu d’homogénéité ethnique ou culturelle ni de frontières étanches dans cette région du monde car c’était un carrefour, un point de rencontre et de fusion depuis la nuit des temps.
Reynald Beaufort