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L’Union européenne renforce son dialogue avec les pays d’Asie centrale

jeudi 25 septembre 2008, par Natalie Nougayrède

La guerre en Géorgie et le déploiement de milliers de soldats russes supplémentaires sur les flancs sud des monts du Caucase – non loin du tracé de l’oléoduc Bakou-Ceyhan évacuant du brut de la mer Caspienne vers les marchés occidentaux – ont conféré une importance accrue au premier Forum Union européenne-Asie centrale.

Prévue depuis le printemps, cette réunion devait être l’occasion pour l’Union européenne (UE) de rehausser son dialogue avec les cinq Républiques d’Asie centrale, au moment où celles-ci, dans des formes diverses, semblent chercher à élargir leur marge de manœuvre face à Moscou et à diversifier leurs appuis extérieurs. La réticence de ces régimes à suivre la Russie après sa reconnaissance des « indépendances » ossète et abkhaze n’est pas passée inaperçue côté européen.

Aussi le moment apparaît-il bienvenu d’intensifier une coopération avec ces républiques, dont l’importance stratégique tient à leur positionnement géographique aux confins de la Russie, de la Chine et de l’Afghanistan, ainsi qu’à leurs capacités énergétiques.

Les ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Turkmenistan et du Kirghizstan ont donc été conviés à Paris par leur homologue français, Bernard Kouchner, au titre de la présidence française du Conseil européen. Etaient également présents le haut représentant de l’UE Javier Solana, la commissaire européenne Benita Ferrero Waldner, et le chef de la diplomatie turque, Ali Babacan.

L’idée est de poursuivre l’initiative lancée en 2006 par l’Allemagne : mettre en place une « stratégie » de l’UE en direction de l’Asie centrale. Trois thèmes principaux ont été retenus : la prévention du terrorisme et de la prolifération nucléaire, la lutte contre les trafics, la sécurité énergétique.

La crise géorgienne avait conduit l’UE, lors de son sommet extraordinaire du 1er septembre à Bruxelles, à souligner « la nécessité d’intensifier les efforts en matière de sécurité de l’approvisionnement en énergie », notamment « en matière de diversification des routes d’approvisionnement ».

Le « forum » de Paris apparaît cependant davantage comme un signal politique que comme l’occasion de faire progresser ce dossier précis. Celui-ci pose la question de l’avenir du gazoduc Nabucco, projet soutenu par l’UE et censé relier un jour l’Azerbaïdjan à l’Europe via la Turquie, en contournant la Russie par le sud. Les fonds manquent pour le financer et les incertitudes sont lourdes quant à sa faisabilité. De nombreux experts et diplomates commentent que Nabucco ne sera jugé rentable qu’à la condition que du gaz russe et/ou iranien passe un jour dans ce tube.

La Russie et la Chine se sont par ailleurs employées à « préempter » l’accès aux réserves de gaz du Turkménistan, le plus gros producteur de la région, ce qui rend les chances des Européens sur ce marché bien aléatoires. D’autant que la connexion de l’Asie centrale au réseau de gazoducs européens, en évitant la Russie, reste virtuelle. Tout projet de tube sous la Caspienne, reliant le Turkménistan à l’Azerbaïdjan - et donc potentiellement, à Nabucco - dépend notamment de la résolution du problème du statut juridique de la mer Caspienne, en suspens depuis 1991.

Pour les pays de l’UE engagés militairement en Afghanistan, soigner les relations avec ces Républiques présente un intérêt plus immédiat. L’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan abritent des bases militaires utilisées par la coalition internationale qui combat les talibans. L’Asie centrale est aussi le principal conduit pour les exportations de drogue afghane vers l’Europe.

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Sources

Source : Le Monde, le 18-09-2008

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