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l’UE est dirigée par des amateurs

mardi 16 août 2011, par Seyfettin Gürsel

L‘Europe ne possède pas de plan efficace pour faire face à la crise de la dette. Elle tente de gagner du temps avec ses plans d‘austérité.

Je tiens à préciser que la comparaison « amateur » n’est pas en rapport avec l’allusion de notre premier ministre sur l’« expertise ». J’ai emprunté ce terme à l’éditorial du Monde de mardi dernier. Le Monde défend l’idée que l’UE est dirigée par des amateurs. C’est vrai d’ailleurs que des élites politiques sans vision règnent sur les pays occidentaux. Jetons un œil sur ce paysage politique.

Le premier ministre italien, tumultueux comme irresponsable, néglige son programme gouvernemental alors que la dette publique a atteint 120% du revenu national, en forte décroissance et dans un contexte où l’on tente de combler tant bien que mal le déficit. Quant au grand pompier Sarkozy qui met son grain de sel partout, il est actuellement en offensive. La chancelière de fer, Merkel, exagère tout bonnement à propos de la future facture que l’Allemagne devra payer d’une manière ou d’une autre. D’un côté, elle s’en prend aux agences de notation américaines, « mettons en une nous-mêmes sur pied », dit-elle, et de l’autre côté, elle veut que les banques partagent les factures de la dette. C’est le plus grand allié de Merkel, Trichet - l’ultra orthodoxe, qui s’oppose le plus à cette idée. Quant à Cameron, il dit : « Faites comme il vous plaira, cela ne nous regarde pas ». Papandreu reste le plus responsable d’entre eux mais il est hors jeu.

Sans croissance, ce n’est pas possible.

Comme je l’ai défendu dans mes articles précédents, l’Europe n’a pas véritablement de plan pour faire face à cette crise. Elle tente de gagner du temps à travers ses plans d’austérité. Cependant les chiffres de croissance prévus sont complètement gonflés. Sans croissance, il n’est pas possible de réduire les colossales dettes publiques juste en se serrant la ceinture. Si l’on compare les premiers trimestres 2011 et 2008, les taux des revenus nationaux sont de 12% pour le Portugal, 9% pour la Grèce et celui de l’Italie descend à 5%. Les perspectives de croissance de ces pays sont minces. Parmi ces pays, l’Italie est le plus prometteur en raison de sa tradition industrielle et de son potentiel d’exportation mais il a de sérieux problèmes de concurrence et de gouvernance.

Les agences de notation qui scrutent le marché sont conscientes de cette situation. Comme elles ont eu chaud aux oreilles à cause de la crise globale, elles tirent les notes constamment vers le bas. Le fait que les notes de crédit de la Grèce, l’Irlande et le Portugal, toujours sous protection du FMI et de l’UE, soient précipitamment baissées montre que les programmes gouvernementaux en vigueur n’ont plus aucune crédibilité aux yeux de ces mêmes agences. Avec de telles mesures, un retour sur les marchés n’est pas possible.

Il est nécessaire de sortir de l’Euro

Aux dernières nouvelles, la situation de l’Italie était différente à deux niveaux. Premièrement, ni les ressources du FMI ni celles de l’UE ne sont suffisantes pour sauver l’Italie en la mettant hors du marché et résorber la dette. Deuxièmement, l’Italie a une base industrielle solide. Elle peut croître avec les exportations. Cependant pour que cela se produise, il faudrait que l’Euro se dévalue rapidement ou alors, mieux encore, que l’Italie sorte de la zone Euro. Berlusconi avait pendant un temps défendu cette thèse. Mais un plan de sortie convenable, c’est-à-dire sans créer de séisme, est inexistant.

Le véritable problème est bien là. Ces pays, surendettés, peu compétitifs, de surcroît mal gouvernés par le passé et dotés actuellement de gouvernements faibles, doivent au plus vite quitter l’Union Monétaire Européenne pour effacer une partie de leur dette dont la facture devra être équitablement réparti entre tous les pays européens. Pour résumer, il faut repenser et reconcevoir l’Union Européenne. Malheureusement les dirigeants amateurs n’auront jamais le courage et l’audace de redéfinir l’Europe en dehors des sentiers battus. Nous sommes curieux de voir qui arrivera à sauver l’Europe de ce mauvais présage !

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Sources

Source : Radikal, 14 juillet 2011

- Traduction pour TE : Sevil Budak

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