En turc, “Kader” signifie “destin”. Mais ici, KA-DER est l’acronyme de KAdin-DERnegi.
Fondée en 1997, cette association regroupe maintenant près de 1000 membres sur toute la Turquie et se donne pour mission de lutter pour l’introduction et la promotion des femmes dans la vie politique.
Et cela de plusieurs façons :
en luttant contre la domination des hommes dans la vie politique,
en demandant une législation pour lutter contre la discrimination sociale, culturelle et économique qui empêchent les femmes de se présenter,
en demandant la mise en place de quotas.
Dans la perpective des élections prévues initialement en novembre (et qui auront finalement lieu le 22 juillet prochain), dès le 15 Mars, l’association a lancé une campagne sur le thème “Pour entrer à l’Assemblée, faut-il être un homme ?”. Les grandes manifestations pour la défense de la laïcité des dernières semaines dans les grandes villes de Turquie, dans lesquelles les femmes formaient un fort contingent, ont projeté KA-DER sur le devant de la scène.
Pleine d’humour, cette campagne a mis en affiche des personnalités comme Umit Boyner (femme d’affaire), Meltem Cumbul ou Lale Mansur (actrices) affublées DU symbole masculin en Turquie, la moustache !
Cet humour ne doit toutefois pas cacher une réalité : 4.4% des parlementaires sont de femmes soit 24 députés (16 en 1935, 12 après la création de la République…). Et plus préoccupant : le taux d’illétrisme est de 25% chez les femmes, contre 5% chez les hommes ; 25% des femmes travaillent contre 72% chez les hommes, et les salaires sont parfois 40% plus faibles…
Cette affirmation des femmes sur la scène publique n’a pas échappé aux grands partis politiques. L’AKP a lancé un mot d’ordre : “81 circonscriptions, 81 femmes” et veille à ce qu’elles soient en bonne place sur les listes ; les jeunes du CHP ont quant à eux ouvertement soutenus la mise en place de quotas dans un mémorandum publié le 29 avril 2007. Mesure très rapidement soutenue par Arzu Yalcindag, présidente de la TÜSIAD, la très influente association du grand patronat turc.
La démocratie turque évolue… vers son kader.