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Istanbul raffole de l’art actuel

jeudi 21 août 2008, par Guy Duplat

Istanbul devient une des villes importantes de la création contemporaine. Des lieux nouveaux, créés par des mécènes, fleurissent le long du Bosphore.

Istanbul devient petit à petit une ville importante de l’art contemporain. Non seulement par sa Biennale d’art (prochaine édition en 2009) mais déjà par une floraison de lieux nouveaux et d’artistes prometteurs.

Première halte à une vingtaine de kilomètres d’Istanbul, le long du Bosphore. La route jusque-là n’est que ports de plaisance, yachts, lieux de villégiature, grosses villas. On se croirait le long de la Côte d’Azur. “Vous ne pouvez imaginer le nombre de très grosses fortunes à Istanbul” explique Ayse, jeune cadre stanbouliote. À Emirgan se trouve le “Sakip Sabanci museum”, sur une colline boisée avec une vue imprenable sur le Bosphore et la rive asiatique. Une grande maison construite en 1927 par un architecte italien présente l’art turc du XIXe et du XXe siècle et une belle collection de calligraphie islamique. Une aile contemporaine propose régulièrement des expos (en septembre, Salvador Dali).

Comme dans tout lieu branché contemporain, le musée possède un resto-cafétaria luxueux avec une superbe vue sur la mer. En juillet, pour le festival de jazz d’Istanbul, des concerts se donnent dans le parc et les “bobos” stanbouliotes viennent écouter, tout en déjeunant, allongés au milieu des arbres, sur de gros coussins.

Les chevaux de Venise

Le musée fut jadis la maison d’un Khedive égyptien, puis une ambassade du Montenegro, avant d’être achetée en 1951 par la richissime famille Sabanci, toujours bien présente dans l’économie turque, entre autres dans les cimenteries. Dans le parc, on découvre des répliques des chevaux de la cathédrale Saint-Marc de Venise. Ces chevaux furent volés à Constantinople par les Croisés. La famille Sabanci légua sa maison et son musée à l’université privée Sabanci qui gère le lieu et a ouvert, en 2002, la nouvelle galerie.

A Istanbul, les nouveaux centres d’art sont souvent issus de ces riches industriels qui ont choisi de miser sur l’art contemporain. Ils ont compris le rôle important des lieux contemporains (le fameux “effet Guggenheim” à Bilbao) pour le renouveau de leur ville et l’importance de l’art comme signe social. L’art actuel peut être aussi une manière de sortir la ville de sa mélancolie (“hüzün”) si bien décrite dans le dernier roman d’Orhan Pamuk, “Istanbul”.

Au cœur de la ville, dans un ancien hangar du port, se trouve “Istanbul modern” une sorte d’avatar turc de la Tate modern ou de Beaubourg, en bien plus modeste certes, mais quand même sur 8 000 m2. À l’’extérieur, un grand bâtiment industriel défraîchi. Et dedans, des espaces “clean et design”, avec à nouveau un resto-bar et une vue formidable sur le Corne d’or.

Modern Istanbul fonctionne sans aucun fonds public, grâce à une fondation créée par Nejat Eczacibasi, une des grandes familles stambouliotes. En juillet, le public pouvait y voir une expo permanente sur l’art turc du XXe siècle (on y retrouve un artiste aussi connu que Sarkis), une expo sur le design de l’après-guerre, une mini-expo de vidéos contemporaines et des installations diverses dans le musée.

Centrale électrique

Troisième halte, dans le quartier un peu périphérique d’Eyüp, près du café Pierre Loti et du grand cimetière, où se trouve “Santral Istanbul”, une ancienne centrale électrique transformée en lieu d’éducation, de culture et d’art, inauguré en septembre 2007, avec à nouveau 8000 m2 d’exposition et un bar-resto branché. Un grand bâtiment universitaire est destiné à l’enseignement des nouvelles techniques artistiques. C’est un entrepreneur privé, enrichi dans la messagerie rose, qui a créé ce lieu. Une partie est en pleins travaux pour devenir un musée de l’énergie. On y a gardé, dans une véritable cathédrale de pierre, de métal et de verre, les grandes turbines et alternateurs. Dans l’autre partie ont lieu des expos.

En juillet, malgré l’été, saison très morne sur le plan de l’art, il y a une grande expo du photographe anglais Martin Parr et une autre des meilleures photos du magazine Geo. On peut aussi visiter le musée Pera, à côté du mythique Pera Hotel cher à Agatha Christie, près de l’avenue Istiklal, le centre nerveux de l’Istanbul moderne. En juillet, on y présente une expo Miro.

Les galeries ne sont pas en reste. Sur Istiklal 311, à Beyoglu, se dresse un immeuble entièrement occupé par des galeries d’art. Sur le toit, se trouve un des lieux les plus branchés de la ville, le “360”, avec une vue à 360 degrés sur Istanbul et la Corne d’or, des meubles design et une carte originale, mêlant sushis et spécialités turques. Un resto tenu par un duo sud-africain et afghan !

Dans l’immeuble se trouve la galerie “Galerist”, peut-être la plus cotée au niveau international, présente dans les grandes foires d’art, y compris à Art Brussels. Elle se donne un double objectif : promouvoir des talents turcs à l’étranger comme Haluk Hakace, Taner Ceylan, Hussein Chalayan et Mustafa Hulsi, mais aussi faire connaître l’art contemporain aux Stanbouliotes. Elle vient d’exposer Tony Cragg et elle édite tous les deux mois un journal, à 15000 exemplaires, destiné aux amateurs d’art et aux collectionneurs, qui parle des événements en art contemporain dans le monde, avec des interviews et des analyses.

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Sources

Source : La Libre Belgique, le 26-07-2008

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