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Histoire d’îles de Turquie

vendredi 20 décembre 2013, par Marie-Antide

Cher lecteur de Turquie Européenne,

Installé à Istanbul, visiteur occasionnel ou rêvant de vous y rendre, les Iles aux Princes, posées à quelques miles de la ville, ne vous sont pas inconnues.

Peut-être avez-vous un jour parcouru à pied, à vélo ou en phaéton, les routes vallonnées de Büyükada, Heybeli, Kınalı ou Burgaz, aperçu au loin l’îlot à la Cuillère, l’île Plate et celle voisine, la Pointue ? Peut-être ces grandes villas silencieuses, une église au sommet d’une colline, une grande ruine derrière les pins, vous ont-ils intriguées ? Peut-être les légendes qui courent sur ces princes byzantins, abandonnés les yeux crevés, vous plongent-elles dans un abîme de réflexions tant est cruel le contraste entre l’esprit enchanteur de ces îles et la destinée de ces infortunés ?

Les ÎLes des Princes
Les ÎLes des Princes
Un archipel au large d’Istanbul
Crédits : Catherine Pinguet

Infatigable chercheur à la plume sensible, Catherine Pinguet a arpenté les îles, interrogé ses habitants, fait ressortir des archives et de la littérature les histoires du passé. Son dernier ouvrage, Les Iles des Princes. Un archipel au large d’Istanbul est le recueil de ces rencontres.

Mondes insulaires dont la riche histoire se découvre au fil des pages, les Iles des Princes respirent aussi au rythme d’Istanbul. Avec l’arrivée des premiers bateaux à vapeur, dès 1854, Prinkipo (Büyükada), Halki (Heybeli), Antigone (Burgaz) et Proti (Kınalı) deviennent des lieux de résidence estivale pour les riches familles grecques, arméniennes, juives et levantines. La douceur de vivre marque les hôtes de passage, simples visiteurs, écrivains ou diplomates qui laissent de nombreux témoignages sur la vie insulaire et la féérie des lieux. Certains s’y exilent durablement comme Sait Faik Abasiyanik à Burgaz et Huseyin Rahmi Gürpınar à Halki, dont les résidences ont été transformées en musée. D’autres n’y font qu’une escale comme Trotski, qui vécut trois ans à Prinkipo.

Les évènements du XXe siècle, comme les échanges de populations, l’impôt sur la fortune (varlik vergisi), les émeutes de septembre 1955 et surtout « l’affaire chypriote » frappent durement les communautés non musulmanes et certains lieux de vie se vident et s’enfoncent dans l’oubli. Ainsi, la très renommée Ecole grecque de Commerce d’Heybeli n’est plus qu’un lointain souvenir, l’orphelinat de Prinkipo, conçu à l’origine pour être un hôtel de luxe, s’écroule par pans entiers. Seul le séminaire de théologie orthodoxe d’Halki a quelques chances de revivre compte tenu de la polémique qui l’entoure.

Catherine Pinguet s’intéresse aussi aux autres îles de l’archipel, celles où le voyageur ne se rend pas : la Pointue, lieu d’extermination de milliers de chiens en 1910 ; la Plate, qui a un temps abrité un château médiéval construit par un diplomate britannique, puis a fait office de prison de haute sécurité et de tribunal durant le procès du gouvernement Menderes.

Aujourd’hui, un parfum de nostalgie entoure les îles et leur histoire s’estompe dans les mémoires.

Grâce à ce livre, éventuel compagnon de route lors de votre prochaine visite, les îles sortent de la brume et retrouvent leur riche identité.

Les îles des Princes Un archipel au large d'Istanbul Catherine Pinguet (2013). Les îles des Princes Un archipel au large d’Istanbul, collection « Littérature », Empreinte Temps Présent, Paris, 240 p., ISBN: 978-2-35614-062-3 (http://www.editions-empreinte.com/detail_produit.php?article=6714&voir=e (...)), RIS, BibTeX.

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