Quelques nouvelles de l’affaire Pinar Selek.
- Pınar Selek à Strasbourg en mars 2011
- (Photo Etienne Copeaux)
Pınar, après l’acquittement aussitôt annulé en février, restait en état d’arrestation. En effet le procureur ayant fait appel de l’acquittement et ayant à nouveau requis la prison à vie, Pınar était menacée d’incarcération préventive si elle rentrait en Turquie.
C’est pourtant ce qu’elle a fait en avril, bravant le risque, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre. Heureusement, tout s’est bien passé, et les retrouvailles avec les personnes qui la soutiennent en Turquie avaient fortement remonté son moral.
Mais Pınar a été à nouveau convoquée au tribunal en mai, et cette fois, elle devait y être en personne, risquant à nouveau l’emprisonnement. Lors de cette comparution, le procureur Nuri Ahmet Saraç, connu pour sa rigidité et son obstination, a demandé son arrestation immédiate.
Fort heureusement, le tribunal a refusé de le suivre, arguant de la date du 22 juin retenue depuis février pour la décision définitive. Mais, selon le communiqué paru sur le site pinarselek.fr, cette décision ne peut être définitive « car à cause de l’appel du procureur, le cas sera renvoyé à la Cour de Cassation et la décision finale sera prise par la Cour de Cassation. Pınar Selek, attend, prise dans un brouillard qui la menace sans cesse ».
Pınar a pu rentrer sans encombre, mais bouleversée, à Berlin.
Pourquoi cette obstination ? Nous sommes à la veille des élections, les résultats ne sont guère douteux, le pouvoir devrait rester dans les mains de l’AKP, parti islamo-conservateur. Pınar est-elle victime d’une rivalité entre le procureur, kémaliste, et le pouvoir AKP ? En tout cas il paraît clair qu’elle paie sa totale indépendance d’esprit, ne faisant allégeance à aucun parti, aucun courant politique : c’est une femme libre.
A l’instar du Comité de soutien à Pınar Selek, je vous invite à rester informé. L’acharnement judiciaire, la torture psychologique à l’encontre de Pınar se poursuivent.
Que le procureur Saraç, que cet oppressant système judiciaire sachent que Pınar n’est pas seule !!!
E.C.
Note du 12 juin 2011 - Malheureusement il faut sans cesse rappeler que le cas de Pınar n’est pas isolé. Ferhat Gerçek, un jeune militant de 17 ans, a subi des tirs de policiers en octobre 2007 alors qu’il distribuait un hebdo de gauche, Yürüyüs. Resté paraplégique, il est néanmoins accusé de « rébellion » et risque 15 ans de prison. Le 9 mai dernier, il a de nouveau arrêté lors d’une rafle dans le quartier d’Okmeydani, arraché de son fauteuil roulant et roué de coups. Lire les informations sur MediaBeNews