Il faut que je m’y remette. Comment suivre ce Dallas du Moyen-Orient que constitue l’intervention turque au Kurdistan Irakien, souvent annoncée, jamais réalisée ?
Oui, on sait, la Turquie est à bout de patience, mais elle n’en a jamais eu. Oui, on sait, les troupes se massent à la frontière, mais d’un autre côté, elles le font depuis mars 2003. CNN Türk avait même annoncé que les troupes turques marchaient sur Kirkuk au lendemain de l’invasion américaine, le 21 mars 2003. Sympa l’ambiance au Newroz de Diyarbakir.
Oui, on sait, la Turquie n’acceptera jamais tel franchissement de ligne jaune, tel dépassement de ligne rouge, mais au final est bien impuissante à atteindre autre chose qu’un profond pouvoir de nuisance dans les affaires internes du Kurdistan Irakien.
Le récent attentat d’Ankara a été attribué avec empressement par l’armée au PKK. Le profil du Kamikaze (un ultra-gauchiste paumé, pas même kurde) et les dénégations du PKK et même du TAK (les Faucons de la Liberté du Kurdistan qui revendiquent d’habitude leurs attentats avec force communiqués vengeurs et farouches) laissent croire à une énième manipulation des barbouzes en folie ; très pratique pour justifier une intervention.
Cette invasion potentielle et injustifiable : envahir un Etat souverain pour exterminer quelques centaines de guerrileros en shalwar armés d’AK-47 ?
Il faudra qu’on m’explique comment la glorieuse armée turque pourrait occuper le Kurdistan Irakien contre sa population, son armée et l’opinion internationale, alors qu’elle est bien incapable d’empêcher le PKK de faire dérailler ses trains, attaquer ses convois et miner ses routes dans le « Sud-Est Anatolien ».
Les Américains, qui ont déja assez de mal à gérer leur zone, ne veulent pas qu’on vienne pourrir le « miracle » de « L’Irak nord ». La récente violation de l’espace aérien turc par deux F16 U.S était un message très clair, qui a dû en faire eructer plus d’un chez les képis.
Et la ça se complique ! Le train attaqué par le PKK à Genç (province de Bingöl) a révélé son contenu : planqué dans du matériel de construction, des armes en provenance d’Iran et à destination de la Syrie.
Selon diverses sources : des armes légères, des lance-roquettes et 300 roquettes. Les Iraniens nient toute implication, mais les ficelles sont un peu grosses. Et on se prend à rêver : le PKK aurait il agi sur information américaine, pour éviter un approvisionnement en armes par l’Iran du Hezbollah libanais ?
Si les U.S.A utilisent maintenant le PKK dans leur stratégie anti « Axe du Mal » sur le territoire turc, on n’a pas fini de rigoler.