Logo de Turquie Européenne
Accueil > Articles > Articles 2007 > Question arménienne et bon sens

Question arménienne et bon sens

vendredi 2 février 2007, par Hasan Cemal, Marillac


© Marillac et Turquie Européenne pour la traduction
© Milliyet, le 27/01/2007

JPEG - 21.1 ko
Funérailles de Hrant Dink - « Nous sommes tous Hrant » (en kurde)

Tout d’abord, quelques mots pour la diaspora arménienne !
Allez-vous continuer à faire ainsi pression à grand coup de « génocide » sur les USA, la France et même l’Europe en vous disant que de toutes façons la Turquie et les Turcs ne comprennent que cela ?

Allez-vous encore continuer à faire tout ce qui est en votre pouvoir afin de faire passer au Congrès américain, au Parlement français ou dans je ne sais quelle autre assemblée encore des législations de reconnaissance, voire de pénalisation du « négationnisme » en vous persuadant que les Turcs ne peuvent entendre que la manière forte ?

Si vous répondez oui à ces questions, alors vous faites fausse route. Vous vous fourvoyez même complètement…

A ce sujet, Hrant Dink vous a toujours mis en garde avec les meilleures et les plus sincères intentions du monde. Mon ami Hrant s’est toujours efforcé de vous expliquer à cœur ouvert que cet effort que vous menez ne pourra provoquer que l’effet contraire à celui attendu, qu’il ne fera jamais le jeu que des opposants à l’UE, des adversaires de la démocratie en Turquie.

En substance, il disait ceci :

Plus la Turquie se démocratise, plus haut relève-t-elle la barre de la démocratie, meilleure sera la situation. Dans le contexte démocratique d’une Turquie mâture et ayant en confiance en elle, toute chose – y compris le génocide – sera en mesure d’être discutée librement. Et avec le temps, les souffrances du passé vécues entre Turcs et Arméniens, entre ces deux pays, cesseront de ne constituer que des problèmes. C’est dans un tel contexte que les deux sociétés pourront alors commencer à partager et à comprendre leurs deuils et leurs souffrances réciproques.
Hrant avait complètement raison.

Parce que tout autre voie serait une impasse
Et si vous, en tant que diaspora arménienne, même après les funérailles stanbouliotes de Hrant, vous vous entêtez à avancer le génocide comme une obligation revancharde imposée à la Turquie en précondition à toute démarche, alors il vous faut savoir que les nationalismes fanatiques continueront ainsi longtemps encore à s’empoisonner les uns les autres.

Et c’est la paix qui en souffrira.

Le nationalisme de la diaspora

Allons-nous encore aujourd’hui continuer à produire de la haine des pages de notre histoire, au lieu d’en panser les plaies à l’aide de cette édification que peuvent nous autoriser les blessures héritées du passé, au lieu de nous débarrasser de tous ce préjugés en recourant à la méthode historique ?
Ne serait-ce pas là un immense gâchis ?

Plus la diaspora arménienne sera en mesure de circonscrire en son sein l’influence de son propre fanatisme, plus les puissantes veines du nationalisme fanatique en Turquie verront leur sang coaguler et leur souffle s’amenuiser.

Quelques mots à l’attention du Congrès américain !
Le mois d’avril approche. Une décision sur la reconnaissance du génocide arménien verra-t-elle le jour cette fois ?

Pour la France !
Avant les présidentielles du mois de mai, ferez-vous de la négation du génocide arménien un motif d’incarcération au mépris le plus total de la liberté d’expression ?

Et pour l’UE !
Continuerez-vous longtemps à ne vous faire que les simples spectateurs de tous ces développements seulement capables d’attiser l’anti-occidentalisme et de faire gonfler la vague nationalisme et de fanatisme en Turquie ?.. Ici - vous en rendez-vous compte - tous les cercles allergiques à la démocratie n’attendent de vous, en se frottant les mains, qu’une erreur, une totale indifférence ou négligence historiques.

A l’Arménie !
Je ne crois pas que de rompre la glace et de normaliser les relations avec la Turquie soit si difficile à réaliser que cela. Je pense même qu’un peu de bon sens, un peu de politique réaliste pourraient ouvrir la voie de la paix entre Arménie et Turquie…

Et enfin, au petit monde de la politique turque !

Nous avons problème à aborder dans le sang froid et avant toute chose dans ce pays au nom d’une vie tranquille et paisible sur ces terres : la question arménienne…
En sommes-nous si conscients ?

Mais si les politiques turcs, surtout après le meurtre de Hrant Dink continuent de faire comme si rien ne se passait sur ce front-là, de considérer cette question comme un adjuvant à l’électoralisme le plus cynique, alors à ce moment c’est à la démocratie et à tous les espoirs de paix que nous porterions atteinte dans ce pays.

Et ce serait dommage. Extrêmement dommage.

Télécharger au format PDFTélécharger le texte de l'article au format PDF

Nouveautés sur le Web

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0