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Le coup de gueule des Turcs de la région lyonnaise

mercredi 29 mars 2006, par COJEP, Sebahat Erol

En réaction au traitement médiatique réservé à la manifestation du 18 mars dernier organisée par les associations franco-turques de la région lyonnaise, TE se propose de revenir sur les faits puis de verser au dossier, autant que faire se peut, témoignages, réactions et positions qui furent aussi celles de manifestants dont la voix n’a semble-t-il pas été entendue ni comprise dans le concert de condamnations “morales” unanimes.

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- LYON (AP) - Six opposants à une manifestation d’associations franco-turques, rassemblées samedi après-midi à Lyon pour protester contre la construction d’un mémorial arménien dans la ville, ont été interpellés pour outrage à rébellion et jets de projectiles sur forces de l’ordre, a-t-on appris auprès de la police.

Vers 14h, alors qu’environ 2.000 personnes d’origine turque, selon la police, arrivant par bus de toute la région Rhône-Alpes, brandissaient des drapeaux turcs et des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire, « il n’y a jamais eu de génocide arménien », plusieurs dizaines de jeunes gens se sont mis à les huer en leur répondant « Devoir de mémoire : nous sommes tous des Arméniens ! ».

Les forces de l’ordre sont alors immédiatement intervenues entre les deux groupes pour éviter des incidents. Vers 15h15, des gendarmes mobiles ont lancé des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les opposants à la manifestation. Des bouteilles ont alors été jetées.

Encadré par son propre service de sécurité et par les forces de l’ordre, le cortège des associations franco-turques est alors parti de la place Bellecour vers 15h40 pour défiler jusqu’à la place des Terreaux.

L’ensemble de la manifestation a été émaillée d’incidents. La vitrine d’une boutique a été brisée et quelques personnes ont été blessées, dont un photographe lyonnais qui a reçu une pierre à la tête. Environ 200 fonctionnaires de police ont été mobilisés pour cette manifestation.

Vers 17h, les membres des associations franco-turques ont commencé à repartir en direction de leurs bus, toujours sous les huées de leurs détracteurs.

Une porte-parole des associations franco-turques, Sevda Gog, a expliqué, à la fin de la manifestation, qu’elles souhaitaient « un monument pour représenter la paix et non pour condamner (leur) communauté ». Les travaux du mémorial arménien ont débuté mi-février sur la place Antonin-Poncet.

La France a reconnu le génocide arménien de 1915 en 2001.

AP

bia/pyr

samedi 18 mars 2006, 20h47


La réaction de Sebahat Erol, secrétaire de Turquie Européenne

- Par rapport à d’autres articles de journaux parus dans la presse sur le même sujet, cette dépêche reste relativement objective, l’auteur se contentant de rapporter les événements sans qualificatifs péjoratifs. C’était bien une marche contre la construction d’un mémorial arménien en plein centre de Lyon qui a été organisée par les associations franco-turques et non d’une manifestation contre le génocide arménien comme on pouvait le lire ailleurs dans la presse selon des raccourcis abusifs. Il est certes regrettable qu’on ait pu lire dans ce genre de manifestation le seul slogan que tous les journaux ont retenu (« il n’y a jamais eu de génocide arménien ») et qui a été enlevé très vite. Sur de nombreuses pancartes, déposées en fin de défilé devant l’Hôtel de Ville, ce sont d’autres messages qu’on pouvait lire : Non aux monuments d’hostilité, oui aux monuments de paix ; Arrêtez d’humilier le peuple turc, etc.

Les médias ont fait de cet événement une manifestation d’extrémistes nationalistes, de Loups gris, alors que justement, les associations turques de cette tendance ont refusé de défiler avec les autres groupes. Dans toute manifestation de cette ampleur, il existe des gens malveillants, mais suffit-il de défiler avec des drapeaux turcs pour être traités de fascistes ?

Même si nous comprenons la douleur du peuple arménien, en quoi un tel monument dans une ville où la minorité turque est aussi importante que la minorité arménienne va-t-elle favoriser une réconciliation entre les deux peuples ? Ce genre de projet ne risque-t-il pas de crisper davantage une Turquie qui, justement, fait des efforts actuellement pour ouvrir le débat sur les événements de 1915 ?


Communiqué de presse de la COJEP

Plusieurs associations franco-turques de la région lyonnaise ont organisé samedi 18 mars une manifestation pacifique à Bellecour en centre ville contre la construction d’un mémorial arménien. Cette manifestation a été présenté par les médias comme un rassemblement d’extrémistes turcs, violents de surcroît et niant en ch�ur le génocide arménien. En réalité le but de cette manifestation était de protester contre la construction d’un monument sur un plan purement local. L’objectif n’était pas de s’en prendre aux Arméniens et de caresser le nationalisme turc, ni de mépriser la mémoire des victimes de la première guerre mondiale, mais d’appeler les élus à ne pas envenimer les relations turco arméniennes par des décisions unilatérales sans un débat de fond sur les questions qui les opposent.

- Nos élus, au niveau local et national devraient s’abstenir d’adopter une posture de donneur de leçon.

- Ils devraient plutôt aider les parties à dialoguer en évitant d’incriminer une partie.

En somme nous attendons de la part de nos élus qu’ils agissent avec prudence et modération sans heurter la susceptibilité des parties en présence. L’initiative de la mairie de Lyon soulève ces questions : Quels seraient les avantages d’un tel monument ? Est-ce qu’il favoriserait le rapprochement turco arménien ? Est-ce qu’il permettrait à ces deux peuples qui partagent une histoire douloureuse de mieux se comprendre ? Nous ne le pensons pas ! Une telle initiative renforce les positions des extrémistes des deux cotés et met à mal les tentatives de rapprochement. Les franco-turcs et les franco-arméniens de France vivent en paix et aspirent à vivre en bonne entente avec leurs voisins quelques soit leurs origines. Nous invitons nos élus à ne pas mettre en danger cet équilibre fragile entre les français d’origine arménienne et turque.

Source : COJEP

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