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La phrase

mardi 30 octobre 2007, par Thomas

Sönmez Köksal, ancien chef du MIT, doute fortement de l’efficacité d’un raid militaire sur les positions du PKK au Kurdistan Sud...

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« Pendant une attaque aérienne, les terroristes feraient de la musique et chanteraient dans des abris à vingt mètres de profondeur. Ce n’est pas facile de nettoyer ces caves une à une... »

C’est en fait cela qui est fatigant : les deux camps savent parfaitement que la victoire finale est impossible ! Mais la Turquie continue de refuser de négocier avec le PKK, qui de son côté affirme n’être pas séparatiste, souhaiter une démocratisation de la Turquie, mais utilise la violence pour continuer d’être incontournable...

Le raid du week-end dernier met légèrement à mal la théorie de la légitime défense, et n’a au final servi qu’à alimenter l’ultranationalisme turc : à Osmaniye (Sud), deux loups gris armés de fusils à pompe (apparemment en vente libre en Turquie ???) ont bloqué une route, menaçant de tuer les personnes qui ne criaient pas « mort au PKK ». Des bureaux du DTP (Parti pour une Société Démocratique, kurde) et des commerces kurdes ont été vandalisés.

Une majorité de la population kurde soutient le PKK, mais ne veut plus de violence inutile. En attirant sur les Kurdes la haine et la vengeance primales par des actions militaires foncièrement inutiles, le PKK est en contradiction avec ses objectifs annoncés, et redonne le moral aux va-t-en-guerre... Le camp CHP (gauche nationaliste) / MHP (extrême droite nationaliste) a été broyé aux élections de Juillet ? Les voilà sur le devant de la scène, leur discours anti-américano-européano-kurde « légitimisé »...

Que demandent les militants du PKK, rencontrés par ce journaliste du Guardian ? « Des garanties sur la santé de notre leader, empoisonné dans sa cellule ». La démocratisation de la Turquie, l’avenir du Kurdistan irakien, la reconstruction du Kurdistan turc, pris en otage pour un hypocondriaque agonisant depuis maintenant 8 ans sur une île de la Mer de Marmara. Les demandes de reconnaissance officielle de l’identité kurde en Turquie sont on ne peut plus légitimes et nécessaires, mais la stratégie de tirer la Turquie vers le chaos est en totale contradiction avec ces demandes.
Demander que l’armée turque se retire dans ses casernes, tout en attaquant lesdites casernes, c’est au mieux de la mauvaise foi, au pire de la schyzophrénie.

Une Turquie dont l’opinion publique serait manipulée par des Ertugrul Özkok (rédacteur en chef du quotidien Hürriyet) et des Devlet Bahçeli (chef du MHP, parti d’extrême droite nationaliste), rêvant de « punir » les Kurdes irakiens, traversés de lynchages et de pogroms anti-kurdes, coupant les ponts avec l’Europe : c’est la Turquie que parvient à dessiner l’action du PKK, malgré toute la candeur, les aspirations légitimes et le romantisme de ses militants.
Ils ont en face d’eux un système foncièrement violent et terriblement obstiné, dans lequel un noyau de fascistes a besoin du PKK pour continuer à exister et à empêcher tout changement.

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