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La complainte du bon nationaliste...

jeudi 1er mars 2007, par Gündüz Aktan, Marillac


© Marillac et Turquie Européenne pour la traduction
© Radikal 22/02/2007

Juste pour le plaisir !!! Non, Turquie Européenne n’a pas encore viré de bord pour verser dans le lobbyisme de mauvais aloi. Mais nous ne pouvions pas ne pas publier ce papier de Gündüz Aktan, le pape en cravate de la contre-réforme nationalo-conservatiste turque. Ancien diplomate, polyglotte et lettré, « intellectuel » lui-même, il est le défenseur le plus cérébral de thèses aux apparences très policées, mais qui n’ont rien à envier à celles du nationalisme de caniveau. Place donc à ce magnifique opus de mauvaise foi et de paranoïa pour le plus pur plaisir du mélomane qui se laisserait aller à un doux mais inéluctable crescendo de l’argumentation.

Petit jeu pour nos lecteurs :

- chercher les effets de miroir auxquels l’auteur abandonne l’alouette de ses convictions politiques (goûtons tout de même notre plaisir de l’entendre s’en prendre à l’hypocrisie européenne, au nationalisme chypriote comme au fanatisme des Dashnack arméniens…)

- imaginer les solutions implicitement proposées aux questions abordées

- relever toutes les simplifications…

Quant à tous nos amis de moindre proximité : ne surtout pas oublier de supprimer cette introduction propédeutique comme la mention “Turquie Européenne” avant de copier-coller le texte de Gündüz Aktan dans les pages de vos sites web.

Bonne lecture à tous.

La rédaction de TE

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Les intellectuels « libéraux » défendent les Droits de l’Homme et la démocratie ; l’adhésion à l’Union Européenne, des solutions pacifiques aux questions chypriotes et « kurdes » comme une résolution du problème des thèses arméniennes concernant le génocide par une confrontation du peuple turc avec son passé. Ce ne sont là qu’ambitions légitimes et justes.

Avant 2002, existait un assez large consensus sur ces objectifs. Or aujourd’hui, la société semble être divisée et abandonnée à une profonde rancœur du fait même de ces questions. Et ceci pourrait très bien résulter des approches et des moyens utilisés pour parvenir à ces fins-là.

L’adhésion à l’UE, avant même l’arrivée de l’AKP au pouvoir fut une politique d’Etat. Le processus de candidature a commencé sous le 57e gouvernement (l’avant-dernier). La Turquie et les Turcs de Chypre furent alors ceux qui acceptèrent le paquet de mesures « De Cuellar » concernant une solution à Chypre comme (partiellement) la Série de Principes censés en inspirer le processus.

C’est à nouveau de 57e gouvernement qui a décidé de ne pas pendre Öcalan, de faire les premiers pas en ce qui concerne la diffusion et l’enseignement des langues maternelles autres que le Turc. On prévoyait de régler la question « kurde » dans le cadre de l’UE et du développement des droits culturels.

Tous les gouvernements, en ce qui concerne la question des thèses relatives au génocide arménien ont toujours défendu la position définie par Kamuran Gürü, diplomate et secrétaire général des Affaires Etrangères dans ce dossier, à savoir qu’il s’agissait d’une tragédie et qu’il revenait d’en laisser l’étude aux historiens.

Prenant le relais, le gouvernement AKP, sous influence des intellectuels « libéraux » a décidé d’adopter de nouvelles approches. L’adhésion à l’UE a dès lors gagné une importance capitale. Sans l’UE, il serait impossible de jamais solutionner les problèmes de démocratie et de développement économique de la Turquie.

Et pour devenir membre de l’UE, il fallait tout mettre en œuvre.
A Chypre, on a tenu Denktas (le président historique de la partie turque de Chypre) et les politiques menées depuis 40 ans pour responsables du blocage. Et c’est en changeant cela que le camp grec allait accepter une solution.

La Turquie, en allant au-delà du simple terrorisme du PKK, devait trouver une solution démocratique, c’est-à-dire politique à la question « kurde ». Et dans ce cadre, une sorte d’autonomie aurait même été pensable. Le chef du gouvernement, Erdogan, fut soutenu par les intellectuels « libéraux » dans sa tentative de réduire une sur-identité turque relativement large et intégratrice en une sorte d’identité ethnique.

Sur la question arménienne, l’AKP ne s’est pas résolu à suivre les intellectuels dans leur démarche de confrontation à l’histoire et d’acceptation du génocide.
Toutes ces politiques impliquant ou paraissant impliquer, non pas la lutte qui doit se trouver à la source d’inspiration de toute politique étrangère mais une attitude indiquant que l’on est prêt à tout accepter, ont toutes été vouées à l’échec.

Les opposants à la Turquie dans l’UE en recourant, à côté de difficultés bien réelles et objectives, à des discours racistes et chargés de préjugés historiques dissimulés derrière les différences invoquées de culture et de religion ont tout fait pour barrer la route à notre adhésion. Les intellectuels « libéraux » ont encaissé sans broncher les coups successifs du 17 décembre 2004, du 3 octobre 2005 et du 8 décembre 2006. Ils ont continué à défendre cette perspective, même au prix d’une reptation.

Et le président chypriote Papadopoulos sentant bien que notre appétit d’Europe était sans borne s’est attelé à favoriser le rejet du plan Annan par ses compatriotes ; résolu qu’il était à obtenir de nous par chantage tout au long de ce processus des concessions dont il n’aurait jamais pu rêver.
Les Kurdes séparatistes ont dédaigneusement repoussé les offres de médiation de nos farouches pacifistes « libéraux ».

Quant aux thèses sur le génocide arménien, le peuple les a laissés seuls.

« Métamorphoser la République »

Pour ces intellectuels, l’UE était en droit de nous repousser d’un mépris frisant le racisme ; l’hellénisme très 19e des Chypriotes et des Grecs, l’ethnonationalisme kurde et le fanatisme Dashnak leur est tout à fait naturel. Mais ce qui leur oppose résistance, à savoir le nationalisme turc n’est qu’une maladie. Ces politiques n’ont causé que des torts psychologiques à une société et à son identité.

Au fond, le seul souci de ces intellectuels n’est autre que l’Etat ou la République. Si avec l’adhésion à l’UE, ils avaient pu, conformément aux volontés de l’autre bord, résoudre les questions kurde, arménienne et chypriote, alors la République aurait été complètement métamorphosée. Si derrière toutes leurs idées et leurs actions ne se tenait pas ce principe fondateur, alors il serait bien plus simple de répondre à ces questions et de progresser dans la voie de l’adhésion à l’UE. Mais il n’en fut rien.
Au final, les politiques de ces intellectuels « libéraux » ont fait faillite. Désormais, ce sont de larges franges de la population qui ne veulent plus de l’UE. Qui sont contre une solution à Chypre. Et qui réagissent face aux Kurdes séparatistes. Ce sont les souffrances causées aux Turcs par les Arméniens qui passent au premier plan.

Et ce groupe « d’intellectuels » vient de se mettre en tête de comparer le nationalisme violent de certains groupes marginaux de jeunes avec le nazisme. Bien sûr qu’un racisme plus ordinaire ne leur correspond pas.
Par pitié qu’ils ne s’attaquent pas au racisme ! Tout ce qu’ils ont essayé de solutionner jusqu’à aujourd’hui est devenu insoluble. Que l’on ne nous sorte pas maintenant la question du racisme !

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