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Çoğunluk (The Majority) : l’itinéraire d’un sale gosse des nouvelles classes moyennes turques

mardi 7 décembre 2010, par Anne Guezengar

L‘affaire Emir Kusturica a failli faire oublier que le festival de l’Orange d’Or d’Antalya est d’abord la fête du cinéma. Cette année, c’est un premier film, Çoğunluk du réalisateur Seren Yüce qui a remporté le trophée. Un réalisateur qui a fait ses classes comme assistant de Sevim Ustaoglu (une réalisatrice que j’adore) et de Fatih Akin (dont j’adore moins les films, même si évidemment je reconnais qu’il a du talent, notamment un sacré sens du rythme).

Je ne pouvais malheureusement pas me rendre à Antalya lors du festival et je n’ai pas non plus (encore) vu Çoğunluk sorti le 15 octobre sur les écrans turcs. Mais c’est l’occasion de recommander à ceux qui aiment le cinéma en général et le cinéma de Turquie en particulier, le site Turkish Cinema Newsletter, qui ne manque pas de tels d’événements. Dommage qu’on ne trouve pas l’équivalent en français sur le Net. Pourtant ce ne sont pas les cinéphiles turcs ou kurdes francophones qui manquent. Je crois même qu’ils sont assez nombreux à suivre des formations de cinéma en France.

Ces derniers temps, le cinéma turc s’intéresse souvent à la jeunesse du pays. C’est le cas aussi de Çoğunluk. Merktan, est un garçon de la classe moyenne. Il adore le football, n’ouvre jamais un bouquin, fait des virées en frimant avec la 4/4 de son père. Les filles, réduites à des objets, n’appartiennent pas encore à son univers. Il vénère son père, dans l’entreprise duquel il est employé : un gros beauf macho, dénué de scrupules en affaires et pour lequel le slogan Her sey vatan için (Tout pour la patrie) est synonyme de tout pour ma pomme. Le destin de Merktan est à une croisée lorsqu’il rencontre Gül, une jeune Kurde originaire de Van qui s’amourache de lui. Une idylle nait entre eux, réprouvée par ses amis et bien sûr par son père, qui en bon nationaliste primaire, déteste les Kurdes qui fichent la zizanie dans la représentation qu’il a de son pays. Quelle voie va choisir Merktan ? Celle que lui ouvre Gül ? Ou va-t-il choisir de marcher sur les traces de son père, en rejoignant l’opinion majoritaire dans son environnement ? Cette majorité macho qui a donné son titre au film et complique pas mal toute tentative de règlement de la question kurde (et d’autres).


Çoğunluk film fragmanı (Altın Portakal en iyi film Ödülü)
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Un film qui est “une véritable gifle”, en dit Emine Yildirim dans un article publié dans Todayszaman , et dont on trouve la traduction en français sur le site Mes Arménies. Ce qu’elle ne dit pas, mais qu’un autre article de Today’s Zaman. rapporte est que si Çoğunluk est un film qui dérange, il n’est pas plombant pour autant et ne manque pas d’humour. De quoi donner envie de se précipiter dans un cinéma de Beyoglu… Et d’espérer que le film sera distribué en France.

Après avoir été remarqué au festival de Venise, avoir plusieurs fois été récompensé au festival d’Antalya (Bartu Kuçukcaglayan, l’acteur qui joue le rôle de Merktan y a reçu le prix du meilleur acteur), Çoğunluk vient à nouveau d’être récompensé au festival de Mumbai, en Inde.


- Source : Yol (Routes de Turquie et d’Ailleurs)

- Article original

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