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Changer n’est pas suffisant ; encore faut-il que vous le fassiez savoir.

mardi 28 février 2006, par Didem Eryar Ünlü, Reynald Beaufort

© Dünya - 31/01/2006
© Turquie Européenne pour la traduction
Voir l’interview qui a servi de support à cet article.


Selon le Président de l’association Turquie Européenne, Reynald Beaufort, les Français ne connaissent pas la Turquie.

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Turquie Européenne dans Dünya - 30 janvier 2006

Turquie Européenne est une association fondée par des Français et soutenant la perspective d’une adhésion de la Turquie à l’Union Européenne (UE). Son Président, Reynald Beaufort soutient que la totalité des Français ne sont pas opposés à l’entrée de ce pays dans l’Europe.
« Il fallait une voix issue de la société civile capable de rétablir la vérité en ce qui concerne la Turquie. C’est ce que nous faisons » , explique-t-il.

Reynald Beaufort affirme que cette association qui œuvre à faire connaître la Turquie aux Français a été également fondée en réaction aux manœuvres de politiciens soucieux d’instrumentaliser une certaine islamophobie plus forte que jamais depuis le 11 septembre. L’une des principales raisons de la montée, ces derniers mois, des discours contre l’adhésion de la Turquie dans toute l’Europe tient dans cette volonté d’en faire un thème électoral. « Les Français ne connaissent ni la Turquie ni l’Islam et ne se déterminent, pour la majorité d’entre eux, qu’en fonction de slogans simplistes sur ces sujets » , indique Reynald Beaufort, avant de poursuivre ainsi :
« Le plus souvent, l’équation posée est simpliste. Turquie = pays musulman, musulman = terroriste, donc Turquie = danger. D’un autre côté subsiste une image de barbare véhiculée par des souvenirs d’école ou du film Midnight Express que les politiciens ont beau jeu d’exploiter.
La Turquie n’a jamais accordé assez d’importance à la communication. Aujourd’hui les réformes réalisées ne peuvent se suffire à elles-mêmes. Il faire savoir que vous changez. »

Un lobby pro-Turquie

L’association Turquie Européenne dans un premier temps propose par l’intermédiaire de son site Internet www.turquieeuropeenne.org, tout un panel informatif sur la Turquie. On y retrouve l’ensemble de l’information diffusée sur le sujet dans la presse française. Depuis quelques temps également, les lecteurs français peuvent y retrouver des nouvelles et des articles tirés de la presse turque traduites en français.
Turquie Européenne se propose ensuite d’offrir ses services à toute personne désireuse de se renseigner sur la Turquie. Et Reynald Beaufort de décrire ces actions :
« Notre objectif reste de développer un réseau entre toutes les personnes et les institutions s’intéressant à la Turquie d’une façon ou d’une autre. Sur certains sujets, il nous arrive aussi de faire du lobbying. Sans faire de pression directe sur les élus, nous faisons simplement connaître nos positions. Dans de nombreux courriers adressés aux politiques, nous expliquons tout l’intérêt que l’Europe peut trouver à intégrer la Turquie.
Par exemple, en novembre 2004, nous avons fait parvenir à l’ensemble des parlementaires un courrier dénonçant la récupération électoraliste dont faisait l’objet la perspective de l’adhésion de la Turquie à l’UE. »

Une communication négligée

Tenant la Turquie elle-même pour responsable de son déficit d’image, Reynald Beaufort précise que l’importance de la communication a trop longtemps été négligée et que cela constitue une erreur grave :
« Dans un monde où les médias sont rois, les réformes opérées par un pays ne suffisent pas. Il faut en rendre compte. Les responsables turcs qui n’ont pas jugé nécessaire de présenter et de faire la démonstration de leurs actes ont trop laissé le champ libre aux détracteurs de la Turquie. L’Empire ottoman, c’est du passé. Aujourd’hui, même les plus grandes puissances sont forcées de rendre des comptes. La Turquie doit cesser de se considérer comme un pays en état de siège. Dans le même temps, les dirigeants turcs doivent s’efforcer d’anéantir cette image négative de leur pays, parce que même si les médias exagèrent, les problèmes existent bien. Des réformes concernant les droits des minorités ou bien les droits civils sont indispensables. »


Reynald Beaufort souligne également que l’un des défis à venir de la Turquie concerne son système éducatif : La baisse de la natalité doit permettre le passage d’un modèle éducatif fondé sur la répétition et le par cœur à un modèle privilégiant davantage la logique, l’expérimentation et l’esprit critique. Du point de vue de la vie et de la durabilité de la démocratie, il estime également que les citoyens turcs doivent être en mesure de se forger leurs propres opinions comme d’être capable de regarder en face les réalités du passé.



Encadré 1

La Turquie est une pierre importante de l’édifice en construction qu’est l’Union Européenne.

« Comme la génération qui tiendra les rênes dans 15 ans est en train d’émerger personne ne peut aujourd’hui préjuger de ce que sera alors l’UE » , précise Reynald Beaufort.
« Elle sera ce qu’en feront les citoyens européens. La Turquie est une pierre importante d’un édifice encore en construction. Quant à savoir quelles seront la forme et la taille du bâtiment, ce sont des questions encore largement sans réponse. La seule chose sûre étant que ce ne sont pas les politiciens d’aujourd’hui qui doivent en fixer les limites mais les générations futures.
Comme tous les autres pays membres, la Turquie est porteuse d’une richesse potentielle qui pourrait bien être plus grande encore que celles de ses prédécesseurs dans l’adhésion.
Elle représente un immense marché. C’est aussi un pays d’une importance stratégique de tout premier ordre, un lien important entre l’ouest et l’est. Mais aussi dans le même temps un pays d’une grande importance du point de vue des ressources humaines avec une population jeune, créatrice et dynamique. Et l’UE doit nécessairement savoir bénéficier de ces forces libérées par la modernisation de la Turquie et le reflux d’une lourde structure étatique...

Pour conclure, l’avenir de la Turquie est dans l’Union parce que c’est de l’Europe dont elle est le plus proche par la mentalité. La Turquie est un pont tendu vers l’Asie centrale et les pays du Sud. Que ce pont soit sous contrôle européen plutôt que dans les zones d’influence russe ou américaine, ne peut que servir les intérêts de l’UE. Il n’y a d’ailleurs pas de meilleure alternative pour chacune des deux parties.
Plutôt que de chercher à briser l’intégration en cours, une collaboration vers un approfondissement de celle-ci ne peut être qu’au service des intérêts des deux parties. »




Encadré 2

L’UE doit modifier son comportement à l’égard de la Turquie.

« A ce sujet, il incombe beaucoup aux classes politiques du continent. D’un côté pour des raisons de politique interne, de l’autre pour échapper à leurs propres responsabilités, les hommes politiques n’ont pas rempli le rôle qui est le leur auprès de leurs concitoyens. Il aurait fallu préparer les élèves dans les écoles, par exemple, à l’idée de l’élargissement, en expliquer l’intérêt. Sur ces sujets, des associations issues de la société civile comme la nôtre ont un rôle à jouer. Nous nous efforçons de corriger les contrevérités énoncées sur la Turquie, de montrer en quoi un Turc n’est pas différent d’un Européen, combien il existe de liens historiques et culturels entre nos pays. »

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