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Halil Savda, objecteur de conscience en Turquie : « Je marche de Roboski à Ankara pour la Paix ! »

jeudi 6 septembre 2012, par Halil Savda, Reynald Beaufort

Nous vivons actuellement un point de rupture historique dans le dilemme guerre/paix en Turquie. Depuis 30 ans les gens meurent de la guerre. Chaque jour, pratiquement, dans les médias nous avons des nouvelles de gens qui meurent et de funérailles.

Les défenseurs des droits humains, les anti-guerres, et les pacifistes doivent trouver de nouveaux moyens de lutte pour la paix. Sinon, cette guerre continuera à nous salir et nous faire souffrir. Le massacre de Roboski est un crime contre l’humanité qui est le fruit de la politique et des moyens de sécurité que le gouvernement a présenté comme étant les seules solutions de mettre fin à la guerre.

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Halil Savda engagé dans la campagne d’Amnesty International

La question kurde ne peut pas être résolue avec une escalade de la violence et de mises en œuvre de politiques sécuritaires mais avec plus de paix et de liberté. Bien sûr, plus de paix signifie plus de pain quotidien, car le pain, la sueur et l’argent du peuple sont donnés aux armes, aux soldats, aux militaires, et aux organisations de sécurité. Plus de sécurité, plus d’armement, moins de pain quotidien. La volonté de “faire taire les armes” est un positionnement contre la définition et les structures utilisées comme moyens de sécurité par l’ État.

C’est pourquoi, le premier septembre, Journée Mondiale pour la Paix, je marcherais pour la PAIX les 1300 km qui séparent de Roboski à Ankara en 40 jours ! Durant ce voyage, je partagerais avec le public les violations des droits humains résultant dans chaque ville que je traverserais.

La guerre n’est pas notre destin et cela ne doit pas l’être ! Nous pouvons et nous devons arrêter cette guerre !

Je crois aux mots de Gandhi :« Soyez-vous même le changement que vous voulez être vous même dans ce monde ! » Je veux commencer chez moi avec cette marche ce changement que je désire voir dans le monde. Je fais le choix de répondre à ces injustices que nous vivons. Je comprends aujourd’hui par ce que j’ai traversé dans le but le but de lutter pour la paix cette la phrase de Martin Luther King qui dit « L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l’amour le peut. » Je marche dans le but de mettre cette guerre en lumière et d’augmenter ainsi les espoirs de paix et rappeler aux différents partis la paix et la vie.

L’idée de marcher pour la paix n’est pas une première :

En 1930, le leader spirituel et politique du mouvement d’indépendance de l’Inde, le Mahatma Gandhi, a marché 400 kms contre « la taxe du sel » imposée par les Britanniques aux colonisés, et il a été le précurseur de cette façon de lutte active sans violence. Plus récemment, en 1995, la plupart des Bosniaques qui utilisaient le chemin de la forêt pour atteindre la ville de Tuzla dans le but d’échapper au massacre de Srebrenica furent massacrés par les Tchetniks. Dès lors cette route s’est nommée « la route de la mort » et tous les ans, une marche de 3 jours y est organisée afin de transformer cette « route de la mort » en « route de la paix ». Sur le trajet que je vais traverser, des militaires, des guérilleros, et des civils continuent de tomber depuis 30 ans.

J’ai toujours gardé intact mes espérances de paix contre la guerre. Je me suis toujours efforcé d’apporter ma maigre contribution même si le prix à payer à été d’être envoyé en établissement pénitentiaire, car la floraison de la paix sur les terres de mon pays était plus important que mon propre avenir.

Cette fois, je vais prendre la route pour trouver la paix en moi-même.

Je crois en la possibilité d’un monde libéré de toute violence. Si j’arrive à apporter ma petite contribution pour que la volonté de paix soit entendue d’une vue plus élevée et pour cette « route de la mort » qui prend sa source à Roboski évolue en route « route de la vie ». Ainsi, cela me rendra heureux.

Je fais un petit pas, nous pouvons faire de ce pas une grande marche.

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