Le débat sur l’adhésion de la Turquie européenne et la volonté des opposants dissimulent en réalité une mécanique idéologique qui dépasse grandement la question de l’islamité de la Turquie, ou de son appartenance ou non au continent européen, ou des questions migratoires supposées être identiques dans une quinzaines d’années à ce qu’elles sont supposées être, concernant les Turcs, aujourd’hui.
C’est la revendication d’un référendum par les opposants qui donne corps au véritable objectif de ceux qui se sont emparés du débat pour le fausser et faire voter contre l’Europe les plus convaincus des Européens qui s’interrogent toutefois sur la viabilité d’un membre comprenant une importante population de confession musulmane.
Les organisateurs du débat d’opposition revendiquent un référendum français afin d’imposer au président Chirac, un éventuel choix négatif du peuple français dans le cadre d’une décision européenne ou la France n’est qu’un membre parmi les 25 autres, et où elle vient de recevoir un blâme réduisant considérablement son influence dans la nouvelle Commission Barroso.
Que changerait un référendum français disant le non de la France à la table des 25 ?
Rien, au niveau européen. Les Français, comme n’importe quel peuple des Etats membres disposent souverainement du droit d’organiser chez eux les consultations nationales qu’ils souhaitent. L’Union européenne est une organisation qui compte ainsi 25 Etats souverains libres de faire la même chose chez eux. C’est l’Europe des souverainetés. C’est l’Europe des Etats que les membres eux-mêmes, notamment la France ont voulu. Les abandons de souverainetés ne sont pas des abandons de souverainetés, ce sont des décisions souveraines de chaque membres consistants à mettre en commun la gestion de certaines questions. Ce n’est pas l’Union européenne qui décide les dossiers qu’elle doit gérer, à chaque fois ce sont les chefs d’Etats et de gouvernements élus dans chacun des cadres nationaux qui décident de confier à l’Union certains dossiers qu’ils estiment voir gérés de façon plus efficace que s’ils l’étaient par 25 Administrations nationales différentes.
Alors à quoi peut bien servir un référendum français sur une question qui concerne tous les peuples de l’Union européenne ? Juste à produire une voix sur les 25 voix !
Un non français minoritaire peut il avoir une quelconque autorité de droit pour changer un oui majoritaire des autres Etats de l’Union européenne ? En vérité, ont touche au cœur de la question.
L’enjeu est donc ailleurs : il est franco-français et la Turquie est la belle dinde du Thankgiving hexagonal
Pendant des mois, les partisans du NON A LA TURQUIE ont tracé le portrait de la Turquie qu’ils souhaitent. Les deux points de focalisation étaient de rappeller les errements passés d’une époque de violence dans toute l’Europe, le fameux massacre des Arméniens, qualifié du mot fort et discutable de « génocide ». On ne peut pas nier qu’il n’y a pas eu massacre, mais il faudrait prouver comme c’est le cas pour les Juifs d’Europe et l’Allemagne, qu’il y a eu une politique délibérée du gouvernement turc de l’époque pour exterminer tous les Arméniens. La qualification de génocide est reconnue par la France, mais le débat n’est toujours pas clos et serein.Le gazage des Kurdes d’Hallabja par Saddam Hussein peut il être qualifié de génocide ou de massacre ? Le génocide est la volonté d’exterminer physiquement un groupe ethnique dans son entier. Evidemment, le rappel des violences de l’armée turque dans ce grand massacre ne peut que mobiliser le souvenir des descendants des Arméniens en France. Il s’agit de les utiliser, il s’agit de grossir les bataillons anti-Turcs.
Que faire des Kurdes alors, et des Arméniens de nationalité turque vivant toujours en Turquie et qui se prononcent en faveur de l’adhésion de la Turquie en Union européenne, y espérant une meilleure garantie pour la protection de leur droit et surtout de l’égalité de droit en pratique ? A quoi rime de pleurer sur les Arméniens qui ne risquent plus rien en France, à quoi rime de soulever la question Kurde en France, si c’est pour laisser toutes ses populations présentent sur place en Turquie dans les mains de l’ennemi qu’ils désignent ici et là-bas. Voilà une bien curieuse façon de contester l’adhésion de la Turquie au nom des principes civilisateurs de l’Europe !
Le fond de la question n’est pas davantage contenu dans le points de géographie, ni dans l’histoire qui prouve que la Turquie fut et reste un acteur de l’Europe. Même la présence des musulmans démocrates au pouvoir à Ankara est un masque de second ordre.
Le vrai débat sur la question de l’adhésion de la Turquie porte sur la remise en cause de l’Union européenne. C’est un combat souverainiste.
L’Islam fait peur en Occident dans la mesure ou à chaque fois que l’on en parle, il s’agit de compter les morts des attentats islamistes. On dissimule largement le fait que ceux qui les commettent sont des islamistes Arabes, combattants pour le nationalisme arabe, et plus rarement le fait d’extrémistes Turcs visant davantage la restauration du rêve Ottoman. Ont cachent au possible le fait que les Turcs sont détestés par les Arabes. Et l’on minore constamment le fait que les extrémistes Turcs sont carrément en guerre civile et religieuses avec le gouvernement musulman démocrate d’Ankara ! Pourtant cela pourrait constituer un arguments permettant aux anti-Arabes nationalistes de comprendre que les Turcs dans l’Union européenne renforcent le camp de ceux qui luttent contre le nationalisme islamique arabe. Il est préférable là encore de ne pas faire de détail et d’avoir l’approche de l’Islam la plus rentable, celle de la peur qu’inspire les terroristes en confondant Turcs et Arabes dans un extrémisme de même importance, de même profondeur, de même objectif et de même impacité. Il suffit d’un seul Turc terroriste pour qualifier de terroriste plus de 65 millions de citoyens Turcs. C’est faire peu de cas du libre-arbitre des personnes, surtout en Turquie ou cohabitent tous les styles, et c’est vraiment prendre les Français pour de profonds imbéciles.
L’Islam est donc le godillot du souverainisme français, et le référendum qu’il soit fait ou non, la porte qui ouvre grand l’histoire martyrologique justifiant que le peuple français n’est pas écouté sur cette question. Le peuple français portant baillon, mains propre et tête haute...
Si les opposants à la Turquie réclamaient un référendum européen, la question ferait progresser l’Europe démocratique et politique. Pour la première fois, chacun des peuples de l’Union européenne débattraient d’une question qui concerne tous les autres et s’apprêteraient à donner leur choix dans le cadre d’une procédure électorale éminemment fédérale. Mais les opposants à la Turquie ne visent pas du tout un débat européen, ce qu’ils souhaitent réellement, c’est que l’adhésion de la Turquie, potentielle et dans une quinzaine d’années, soit d’abord ressentie comme un diktat de l’Europe au peuple français. « L’Europe, la porte d’entrée de l’Islam », c’est la vrai démarche de ceux qui organisent et dominent dans le camps du non.
La cible première de l’action politique s’opposant à la Turquie, est l’Union européenne supposée imposer à la France, un Etat membre dont le peuple français ne veut pas. Comme il est probable qu’aucun référendum n’aura lieu sur cette question, le fond de commerce souverainiste va perdurer pendant des années.
Le Front National, par l’intermédiaire de son leader est beaucoup plus franc. Jean Marie Le Pen dit « qu’il faut couper le nœud gordien » avec l’Union européenne, et ce fut un de ses principaux thèmes de campagne du second tour de l’élection présidentielle. Les membres de l’UMP qui organisent aujourd’hui, à travers des mouvements associatifs comme La Droite Libre ou Debout la République, ou de composante partisane comme Mouvement Pour la France, l’opposition à l’adhésion de la Turquie, font du frontisme politiquement correct.
Si la revendication d’un référendum européen était réalisée, la consultation prendrait un sens efficace sur la question de l’adhésion de la Turquie. Aucun gouvernement d’Etat membre n’irait contre le résultat local national quelque soit ses convictions. Certains démissionneraient, d’autres seraient confortés. Mais la proposition des opposants français est l’organisation d’un référendum français qui pourrait certes décider de la position française mais sans rien influer, ni de fait, ni de droit, la position finale des Chefs d’Etats et de Gouvernements des 25. Ce que contestent donc les opposants à l’adhésion de la Turquie, c’est la construction d’une Europe politique. La Turquie et l’Islam ne sont donc que des opportunités fallacieusement argumentées qui trompent les opposants sincères à une adhésion de la Turquie. Le débat en cours est donc un débat tronqué, un miroir aux alouettes alimenter de « têtes de Turcs » pour la récupération des idées du Front National par ceux qui ont la prudence des serpents pour rester « politiquement corrects » et membres de l’UMP.
Il est démoniaque dés lors de jouer les martyrs de la tyrannie présidentielle alors que le but est de tromper les électeurs français sur les vrais enjeux qui motivent l’appel à référendum national. Gardons à l’esprit que le vice honore toujours la vertu et que le Diable se fait toujours beau. La stratégie de massification du peuple turc est une stratégie délibérée pour en gommer l’immense diversité d’opinion. Le NON opposant à la Turquie est ainsi corrodé par la malhonnêteté et une volonté machiavélique de détruire l’Union européenne.