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Turquie : culture

Turquie : avoir 10 ans, peindre Istanbul et découvrir Paris

mardi 16 octobre 2007, par Marie-Antide

C’est mon ami - qui - habite - sur - les - bords - du - Bosphore qui m’a mis sur les traces de Burhan Dogancay et de son musée de Péra. « Un musée comme une maison où il a fait une rétrospective de ses œuvres et qui fut le précurseur à Istanbul des géants de l’art moderne comme Istanbul Modern, Sabanci muzesi ou encore Central Istanbul à Eyüp. »

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De l’extérieur en effet, ce musée est une maison bourgeoise ottomane d’Istanbul : petites fenêtres minces et renfoncées, encorbellement du premier étage, frises blanches sur un crêpi jaune clair. Ne le distinguent que deux grands fanions qui s’agitent dans le vent : « Dogancay Museum ».

Dans l’entrée, sur la gauche, une grande tapisserie d’Aubusson, sur un fond violet, des lames de couleurs sortent, vives et saillantes. Mais une rumeur descend des étages supérieurs : des voix d’enfants, des éclats de rire, la voix d’un adulte …

Une classe a en effet investi le musée. Une ribambelle d’enfants en uniforme, tablier bleu et collerette blanche déambule devant les toiles. Quelques uns sont agglutinés autour d’une sculpture et au milieu d’eux un vieux Monsieur au sourire doux, à la grande et large stature légèrement voûtée, deux yeux noirs et très vifs au milieu d’un visage rayonnant : nul doute, Burhan Dogancay est heureux au milieu de son jeune public.

Car ces enfants de Turquie, il les aime. Et c’est parce qu’il les aime mais se désole du trop peu de place qui est fait à l’enseignement de l’Art et l’expression de la créativité dans le système scolaire turc, qu’il a créé en 2005 un concours de peinture ouvert aux classes du primaire et lycée. En 2006, le thème était « Istanbul ». 7 000 jeunes élèves ont envoyé leurs peintures au musée : un grand bonhomme de neige posé sur le pont regarde une mosquée d’Ortaköy couverte de roses, la Tour de Léandre flotte au milieu d’un Bosphore aux mille bleus pailleté de bateaux en goguette, une Tour de Galata colorée comme un arc-en-ciel s’élève au milieu d’un champs de fleurs … Le regard de ces jeunes artistes est frais, joyeux, libre, sincère, et fait revivre celui de Fikret Mualla, artiste turc dans le Paris des années 50, distingué par ses créations dites « naïves ».

Après une première sélection, un jury, composé des peintres Adnan Cöker, Burhan Dogancay, Güngör Taner et du galeriste Yahsi Baraz sélectionnait les 5 meilleures compositions de chaque catégorie. La remise des prix eut lieu dans le cadre prestigieux du Cemal Resit Rey Salonu. Ce sont deux filles, toutes deux prénommées Mervé, qui eurent les premiers prix : un voyage de quatre jours à Paris pour découvrir cette capitale de l’art et ses musées : Picasso, Le Louvre, Orsay, la Seine en bateau-mouche …

Les deux enfants en revinrent transformées : ce voyage leur avait apporté bien plus que les livres. Et c’est précisément cela que veut insuffler Burhan Dogancay : donner le goût de la découverte de l’ailleurs et de l’autre et faire sentir, sinon comprendre, l’importance de la culture dans une vie d’homme.

En 2007, toujours avec le patronage de la Mairie d’Istanbul et le soutien financier de Siemens, le thème du concours fut « Quatre saisons à Istanbul », et les deux heureux lauréats partirent découvrir Londres.

Aujourd’hui, l’aînée des deux Mervé veut enseigner l’art aux enfants et la plus jeune, a décidé de devenir chirurgien et peintre : « comme cela, avec mes mains, je pourrai (re)donner vie à des personnes et à des tableaux. »

En attendant que leurs rêves se réalisent, je pris rendez-vous avec Burhan Dogancay pour un entretien, très curieuse de découvrir un peu de la vie de ce peintre qui continue de partager sa vie entre Istanbul et New-York.

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