Un concert, organisé par des bénévoles issus des chorales arméniennes, et l’association musicale Aşiyan, soixante-neuf compositeurs arméno-ottomans au palais international des congrès Lütfi-Kırdar, le 9 décembre à 19 heures. Intitulé « Ensemble du passé pour l’avenir », le projet comporte également une exposition de photos dans la salle de concerts Cemal-Reşit-Rey, qui explore le rôle de la famille arménienne Balyan dans le style architectural des palais ottomans.
Nazaret Özsahakyan, coordonateur du projet, a accordé un entretien exclusif au Turkish Daily News.
Par ses recherches menées avec la diaspora arménienne et dans les archives familiales, Özsahakyan a été en mesure de découvrir les morceaux de musique si rares que la radio-télévision d’État turque ne les connaissait pas. Özsahakyan a compilé au total, avec l’aide du musicien Erdener Koyutürk. « La diaspora arménienne est connue pour son attitude stricte », a dit Özsahakyan. « Toutefois, les Arméniens d’Istanbul ont été les premiers à apporter leur soutien à ce projet, après en avoir entendu parler. »
L’exposition photographique intitulée « Le rôle de la famille Balyan dans l’architecture » comporte une collection de la famille d’architectes qui Ces compositeurs sont les artisans de la musique classique turque, mais leurs œuvres ne sont pas dans les archiont joué un rôle dans les palais ottomans. Le projet comprend des photographies de Gökhan Tan, d’Atlas Magazine, représentant 64 créations des Balyan. L’exposition sera ouverte du 23 au 30 décembre, au Cemal Reşit Rey, à Istanbul. Le professeur Afife Batur et le Dr Elmon Hançer ont étudié la famille Balyan.
Le 9 décembre, de hauts représentans de l’Union européenne (UE), ainsi que le maire de Şişli Mustafa Sarıgül, et le patriarche arménien de Turquie Mesrop II assisteront à un concert, dont l’entrée est libre.
« Nous invitons tous ceux qui croient dans la paix et l’amitié. Notre invitation est une invitation à la tolérance », a déclaré Özsahakyan. L’évènement sera diffusé sur IETT, grâce aux efforts de la municipalité du Grand Istanbul.
Outre l’Union européenne, qui a versé une subvention, les auteurs du projet sont les suivants : la municipalité du grand Istanbul, l’Union des chorales arméniennes d’Istanbul, l’association musicale Aşiyan Musiki, Beyazıt Lions, et la Fondation ecclésiastique arménienne Beyoglu Üç Horan.
La diaspora montre son intérêt
Actif depuis 26 ans dans diverses organisations non gouvernementales, principalement la Fondation pour l’histoire, le premier projet d’Özsahakyan parrainé par l’UE a été un film documentaire, intitulé “Les couleurs de mai ne s’effacent pas et les cultures ne disparaissent pas”. Le film, qui consiste en des entretiens avec des membres des minorités arménienne, juive et grecque, vivant à Istanbul, a été montré au public l’année dernière dans le cadre du Festival du film d’Istanbul et a également été diffusé sur la chaîne documentaire Digitürk İz.
Un élément-clé de ce projet était l’intérêt manifesté par la diaspora. Des Arméniens de Los Angeles, ont d’ores et déjà mis en ligne le documentaire (www.oia.net), indique Özsahakyan. Depuis, plusieurs milliers de personnes ont vu ce film sur Internet.
Selon Özsahakyan, tout a commencé alors qu’il écoutait la radio Karmaturka dans sa voiture.
« Il y avait un embouteillage alors que j’arrivai à Beşiktaş. J’écoutais des œuvres de Sarkis, compositeur et violoniste, Balyan le Palais de Dolmabahçe, construit par l’Arméno-Ottoman Garabet Amira Balyan et son fils Nigoğos Balyan, était debout devant moi, dans toute sa grandeur. En une fraction de seconde, j’ai décidé d’explorer ce projet. Nous vivons ensemble sur la même terre à l’heure actuelle, comme nous l’avons fait par le passé. »
L’UE a versé 52 000 € pour ce plan, qui fut signé à la fin de 2006. Toutefois, ce ne fut pas suffisant. Il demeurait un déficit dans le budget, et se posait encore la question de la location de la salle. Özsahakyan a reçu l’appui financier de nombreuses associations et a relevé tous les défis. Maintenant, il se prépare pour un autre projet.
Intitulé « Des jeunes d’une minorité dans le processus d’élargissement », il reflètera la vie des jeunes Arméniens vivant à Istanbul, et celle des jeunes Turcs de Thrace occidentale [c’est-à-dire grecque]. La raison de ce nouveau projet est la suivante : « Les gens de là-bas [en Thrace occidentale] sont turcs, mais ils sont confrontés à un problème quant à leur identité. C’est qu’ils sont une minorité. »
Les archives de la TRT ne suffisent pas
En plus des morceaux de musique classique turque, Koyutürk et Özsahakyan ont trouvé des cantos et des tangos, composés dans les années 1800.
« Nous avons numérisé les archives de la TRT, et nous sommes tombés sur quelque chose de très intéressant. Il existe des textes et des documents sur certains compositeurs de musique, mais pas de manuscrits », explique Özsahakyan. Il a donc créé un groupe de discussion Yahoo ! demandant à toute personne possédant des manuscrits écrits par des compositeurs arméniens de prendre contact avec lui. La première réponse est venue du sud-est de Bitlis [ville d’Anatolie orientale]. Koyutürk et Özsahakyan ont ensuite continué à chercher et à creuser.
Des contacts ont été établis avec la diaspora, et les manuscrits du violoniste Sarkis, dont il n’y avait pas même une trace dans les archives de la TRT, ont été trouvés.
La caractéristique la plus importante de ces manuscrits, c’est qu’ils ont été écrits dans le système de notation d’Hamparszum. Hamparszum Limonciyan est l’inventeur de ce système, et a vécu pendant le règne du Sultan ottoman Selim III [1789-1808]. Il a changé et a organisé une ancienne forme de notation musicale des églises arméniennes, appelée « Khaz », et harmonisée avec le système de musique turc, créant le premier système de notation ottoman. La plupart des opus de la musique classique turque ont été écrits à l’aide de cette méthode.
Göktan Tan, photographe à Atlas Magazine
« La famille Balyan occupe une place importante dans l’architecture ottomane. Jusqu’à ce que j’aie commencé ce projet, je ne savais pas que je trouverais une famille si grande et si influente ; je pourrais même dire que je ne savais rien sur eux. Je ne crois pas que le travail que j’ai produit reflète pleinement l’importance de la famille Balyan. La photographie d’architecture est complètement différente de la photographie conventionnelle ; vous devez consulter les détails et l’équipement comme totalement différents. Ce que j’ai fait, ce fut de trouver la solution à travers les yeux d’un journaliste. J’ai pris des photos de soixante-quatre bâtiments bâtis sous la direction de la famille Balyan. La plupart sont aujourd’hui en ruines, et certains ont complètement disparu. L’importance de mon travail réside dans le fait qu’il est le premier à présenter une collection des œuvres réalisées par les Balyan. Ce fut difficile d’obtenir des autorisations. Les Balyan ont construit des bâtiments de nombreuses sortes, notamment des palais, des mosquées et des bâtiments militaires. De ce fait, une autorisation est nécessaire pour chaque site, ce ne fut pas facile de les obtenir. J’ai dû convaincre chaque institution que je voudrais bien tenir compte de ses publications et faire de mon mieux avec eux. Toutes les structures des Balyan sont splendides. Il serait impossible de les construire avec la technologie d’aujourd’hui. Les constructions en pierre sont incroyables. Chacune des chambres à l’intérieur des bâtiments est un palais à lui seul. »
Le palais de Dolmabahçe
Situé sur la rive européenne du Bosphore, juste en face d’Üsküdar, entre Kabataş et Beşiktaş, Dolmabahçe était à l’origine une baie du Bosphore, qui a été comblée progressivement au cours du XVIIIe siècle, pour devenir un jardin impérial, très apprécié par les sultans ottomans. Le nom vient de dolma, mot signifiant « remplissage », et de bahçe, mot signifiant « jardin ». Le palais actuel a été construit entre 1842 et 1853, sous le règne du sultan Abdülmecid, sur le site de l’ancien palais côtier, par l’architecte arméno-turc Garabed Amira Balyan et son fils Nigoğos Balyan.
Le palais de Çırağan
Situé sur la rive européenne du Bosphore entre Beşiktaş et Ortaköy. Le palais, construit par le sultan Abdülaziz, a été conçu par l’architecte Nigoğos Balyan, puis construit par Sarkis et Hagop Balyan entre 1863 et 1867. Abdülaziz dépensé 4 millions de lires or pour sa construction.