La profession de foi de Baskin Oran

Pour vous servir Baskin Oran. Simple professeur. Je ne fais pas de politique politicienne. Et je n’en ai d’ailleurs aucune intention. Je ne me réclame d’aucun parti ; je n’ai pas plus l’intention d’adhérer à l’un ou l’autre de ceux qui existent.

Des amis m’ont appelé : à gauche la seule façon de s’en sortir c’est de lancer des candidatures indépendantes et communes. Qu’il en aille ainsi, ai-je répondu. C’est par là que passent beaucoup de choses. Un mois plus tard, les voilà qui me rappellent : c’est ton nom qui revient le plus souvent parmi les candidats possibles. Il faut que tu acceptes. J’ai eu peur. En même temps, c’était un honneur. J’ai accepté. Et me voilà candidat à la députation à Istanbul.

Au nom du droit que l’on doit voir émerger en Turquie. Il est ici des millions de personnes qui sont exclues, opprimées, méprisées ; à qui on interdit la parole et le moindre avenir, voire le plus petit espoir. Et l’on se permet encore de parler de démocratie.
Les hommes ne sont pas prêts à partager leur pouvoir avec les femmes. L’Etat ne croit ni en ses citoyens ni en ses jeunes. L’armée maintient son système de domination. Si les armes se mettent à parler, alors les désarmés sont privés du moindre espace d’expression. Ce sont d’autres armes qui répondent.

On est allergique à la différence kurde. Mais les différences tcherkesse et laze elles-mêmes nous affectent. Les non-musulmans ne comptent pas pour des citoyens. On fait réciter les principes du sunnisme aux Alevis. Quant aux homosexuels et aux travestis... dans ces conditions, c’est la vie elle-même qui n’a de cesse de leur inspirer des regrets.

Les ouvriers ne sont pas syndiqués. Les travailleur sont privés de garantie et de la moindre sécurité. Et croissent les rangs des pauvres qui ne trouvent pas de travail comme ceux des travailleurs pauvres. Vendre des entreprises rentables et en dépenser l’argent, voilà ce que l’on appelle le néo-libéralisme. Être néo-libéral doit compter au nombre des vertus cardinales.
« Ah et comment avons-nous pu manquer l’occasion de rentrer en Irak avec les USA », entend-on dire aussi. La voix des exclus doit pouvoir résonner au sein de l’Assemblée. Et cette voix, on l’appellera, « la voix de la conscience publique ».

Cette voix désormais remonte de la rue. Qu’elle parvienne ensuite à se faire entendre depuis les travées de l’Assemblée et nous serons alors en mesure de nous débarrasser de cette terre sous laquelle le coup d’Etat du 12 septembre 1980 avait voulu ensevelir la société, la gauche et les démocrates.

Voilà ce que signifie pour moi la toute nouvelle aventure de cette candidature à la députation. Il n’est guère de livre ou de tables de la loi pour une telle entreprise. C’est quelque chose que nous écrirons ensemble, au fur et à mesure. Et que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants.

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