Turquie Européenne se lance par cette publication dans une collaboration avec les étudiants en Français de l’Université d’ Eskişehir (Anatolie entre Istanbul et Ankara). Ils nous proposent la traduction d’un éditorial de Semih Idiz revenant sur le renforcement et l’irréversibilité de la solidarité turco-grecque, qu’elle soit économique ou politique.
C’est la même chose dans les relations humaines : si vous vous lancez dans une entreprise importante avec quelqu’un que vous teniez la veille encore pour un ennemi, cela prouve bien qu’il y a des choses qui changent fondamentalement. Si c’est une énorme somme d’argent qui est en jeu, cela prouve l’existence d’une confiance réciproque qui ne cesse de se renforcer dans cette situation changeante.
Il faut juger à cette aune le mariage de Finansbank et de la Banque Nationale de Grèce (BNG). S’il n’y avait pas eu de confiance réciproque, la BNG verse 2.3 milliards d’euros à la Turquie. Et, naturellement, la Finansbank n’aurait pas osé entreprendre un tel mariage. Ils se sont donc rejoints sur un point commun.
Anachronismes
Or, les points de vue de deux pays n’étaient pas du tout les mêmes il y a seulement 15 ans.
Les expressions du style - « la soie du cochon et l’amitié du Grec, c’est du pareil au même » ou « un bon turc est un Turc mort » étaient monnaie courante. En fait, il est toujours des mentalités arriérées prêtes au mépris de part et d’autre.
Si la perception avait été toujours telle, ni M.Husnu Ozyeğin, propriétaire de la Finansbank, ni M. Takis Arapcıoğlu, Ceo de la BNG, n’aurait pris ce risque. N’oublions pas que les grands investisseurs figurent parmi les personnages les plus prudents.
De l’impossibilité de revenir en arrière
En un mot, la crise de confiance a, désormais, été bien surmontée. Et le retour aux mauvais jours nous paraît presque impossible. Les gouvernements turc et grec ont non seulement applaudi l’union entre la Finansbank et la BNG, mais aussi encouragé leurs investisseurs pour faire mieux.
Le ministre d’Etat au commerce, M. Kürşad Tüzmen, revient d’Athènes où il était parti pour le même but. Et avec des impressions bien positives. Les importantes sociétés turques, elles, ont déjà commencé à conquérir le marché grec.
Là viennent à l’esprit les questions égéenne et chypriote, toujours en attente d’une solution. Toutefois, il n’est pas besoin d’être un génie pour deviner qu’à mesure que se renforcent ls intérêts communs, se constituera un contexte plus favorable pour résoudre ces problèmes.
La vérité dans la bouche de Mitchotakis
C’est vrai que la charmante nouvelle ministre des affaires étrangère de la Grèce, Madame Dora Bakoyannis, a utilisé des expressions qui ont dû faire plaisir aux Grecs lors de sa visite en Chypre du Sud. Par exemple, elle a souvent répété que le plan Annan était mort, ce qui d’ailleurs a dû rendre heureux beaucoup de gens chez nous aussi.
Alors que Madamme Bakoyannis exprimait ces mots destinés à « son peuple », son père M. Kastos Mitchotakis, l’ancien premier ministre et l’un des plus importants hommes politiques de la Grèce, a affirmé que la résolution du problème de Chypre était tout d’abord liée à l’attitude des Grecs.
Papadopulos est indifférent
Or, le leader grec, M. Tassos Papadopulos est indifférent. Il ne cesse de répéter que les relations entre la Turquie et l’Union européenne entreront en crise à cause du problème chypriote à la fin de l’année. C’est d’après moi, un souhait plutôt qu’une constatation.
Mais, la Grèce dont l’intérêt économique en Turquie grandit de plus en plus souhaite-elle ce genre de crise, ce qui se reflétera négativement sur l’économie turque et qui mettra, par conséquence, les investisseurs grecs en difficultés ? Il n’est pas besoin d’être un génie pour répondre à une telle question.
Traduit par les étudiants de la 4e année du département de français de l’Université Anadolu à Eskişehir (Turquie)