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Exporter en Turquie !

Ou l’intérêt de soutenir un des premiers partenaires économiques de la France !

mercredi 26 octobre 2005, par Pierre Mourlevat

Résumé d’une compte rendu de 226 pages des publications des missions économiques, intitulé : Exporter en Turquie.
Date de Rédaction : 01/05/2004

Au dernier tiers du XXe s., la Turquie a connu une situation de crise économique chronique, due à l’instabilité politique et à l’endettement de l’État et des holdings, débouchant en février 2001 sur une grave crise financière, imposant un 18e accord de stand by avec le FMI sur une période triennale (2002-2004). D’où une politique d’austérité salutaire, gel des dépenses publiques, notamment sur l’investissement, contrôle de la création monétaire, instauration d’une banque centrale indépendante, passage à un régime de change flottant, et réforme du système bancaire. Arrivé au pouvoir en novembre 2002, l’AKP [1] , parti « conservateur démocrate », issu de la mouvance islamique, a confirmé cette orientation nouvelle, en l’amplifiant sur certains points.

Au plan des réformes structurelles, politique de désétatisation massive, de décentralisation, de dérégulation et d’ouverture internationale (libéralisation quasi totale des investissements étrangers).

Au plan macroéconomique, politique d’assainissement impulsée par le FMI, avec contraction des dépenses publiques, en limitant au minimum l’endettement nouveau de l’État et l’octroi de la garantie du Trésor sur les projets. Principal résultat : la désinflation, les prix à la consommation se situant autour de 10 % (contre 68,5 % en 2001).

Enfin, mise en uvre des réformes demandées par l’UE, sur les critères politiques de Copenhague, ou sur l’harmonisation du droit économique, en vue d’obtenir du Conseil européen de décembre 2004 l’ouverture de négociations d’adhésion en 2005. Le gouvernement a pour objectif premier d’enclencher une dynamique d’adhésion irréversible, dans la mesure où il anticipe que l’avenir européen du pays conditionne l’installation durable d’un climat de confiance, permettant de mobiliser l’épargne et d’attirer les IDE [2] qui ne progressent toujours pas malgré la libéralisation. L’investissement et la relance de la consommation privée sont désormais les principaux moteurs d’une croissance économique soutenue : 5,9 % en 2003, maintien à un niveau similaire en 2004

Ces mesures offrent aux entreprises étrangères un environnement plus favorable : réduction de l’incertitude politique, simplification des procédures administratives, capacité du secteur bancaire à concourir au financement de l’activité. Evolution progressive toutefois, dans la mesure où les obstacles traditionnels ne changeront pas du jour au lendemain : contrôles normatifs, très contraignants en dépit de la libéralisation des échanges de biens industriels avec l’UE dans le cadre de l’Union douanière. Les entreprises devront également s’adapter à des conditions nouvelles : garantie de l’État sur les grands projets de plus en plus rare, BOT supprimés dans certains secteurs (en particulier l’énergie). Les municipalités vont monter en puissance dans les grands projets d’équipement en infrastructures, il faudra travailler en direct avec elles.

La France est déjà, en stock, le premier investisseur étranger et détient traditionnellement une part de marché de 6 %, soit dans les quatre premiers fournisseurs du pays, devant les États-Unis. Forte progression récemment des ventes françaises, qui ont atteint en 2003 leur plus haut niveau historique hors aéronautique. La Turquie est notre 7e client hors UE.

Progression accompagnée d’un changement dans les échanges : la part des grands contrats est devenue négligeable en raison de la contrainte budgétaire. Mais les ventes ont fortement progressé sur les biens d’équipement grâce à la reprise de la demande privée, dans des secteurs où l’offre française est bien adaptée : au-delà des automobiles et équipements automobiles, poste traditionnellement élevé, les flux réguliers sur les biens d’équipement et les demi-produits permettent désormais d’anticiper plus de maturité dans les courants d’échanges, et moindre dépendance aux grands projets.

Potentiel de progression considérable : si l’ajustement produit les résultats escomptés, le gouvernement pourrait relancer les grands projets publics à partir de 2005, ouvrant à nouveau la voie des grands contrats aux entreprises françaises. Par ailleurs, alors que le marché des produits agricoles est toujours presque totalement fermé, moins de 5 % de nos ventes, l’ouverture possible de négociations d’adhésion pourrait entraîner un déblocage progressif dans de nombreux secteurs où l’offre française peut prendre des parts de marché.

La Turquie pourrait devenir un de nos tout premiers partenaires économiques, avec des méthodes d’approche renouvelées : travailler davantage avec les municipalités, et très en amont sur les marchés agricoles, aborder les grands projets avec des mécanismes financiers innovants pour pallier la raréfaction de la garantie souveraine.

La « révolution silencieuse » engagée par la Turquie est favorable au développement de la présence française, notamment celle des PME, avec un marché moins complexe, moins difficile et moins incertain.

Pierre Mourlevat

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Voir en ligne : Mission Economique

Notes

[1Adalet ve Kalkınma Partisi ( Parti pour la Justice et le Développement )

[2Investissements Directs Etrangers

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