Quand la plupart des leaders du Moyen-Orient tombent en disgrâce, l’un d’eux renforce sa popularité : c’est le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, et qui briguera un troisième mandat en juin. Dans un paysage de régimes autoritaires et décrépits, la Turquie montre un visage moderne, propre à séduire les peuples arabes en quête d’un modèle. Ankara s’est projeté sur la région avec un appétit non dissimulé, redevenant, en quelques années, une puissance économique, culturelle et (...)
C’est un vent de colère, un vent de justice aussi qui secoue, ces temps, quelques rives de la Méditerranée. Sans manquer de nous inviter à penser, parfois. Où, quand et comment la Turquie a-t-elle connu ces noces si déterminantes de l’événement, du ras-le-bol et de la justice ? L’événement ne se décrète, il se manifeste puis se laisse dévoiler parmi des bouquets d’indices. En voici, quelques-uns.
« En un mot, les années 2005 et 2006 furent des années pourries. Nous avons sans cesse été affrontés à des (...)
« L’économie globale aujourd’hui est avant tout une économie de signes : il n’est plus un lieu sur terre qui puisse échapper à cette mousson des signes et des formes dominants, surtout pas la Turquie. Et leur propagation est aussi foudroyante que celle de certains virus. Ahmadinejad, Khamenei et, qui sait, Moubarak ne seront-ils pas les prochains prétendants au grand concours du plus beau coyote ? »
Le 15 avril dernier, TE évoquait le « syndrome de Tex Avery » : tout le monde a souvenir du coyote (...)
Le 17 décembre dernier, alors que l’espace politique s’agitait autour des propositions faites par les mouvements kurdes et concernant l’emploi systématisé de la langue kurde dans les municipalités du sud-est anatolien, l’état-major général des armées turques réagissait à ce débat sur son site Internet.
Tenant cette ingérence militaire comme illégitime et foncièrement anti-démocratique, constatant le plus grand silence des partis politiques sur ce sujet, les intellectuels turcs ont tenu à réagir en deux (...)
Par trois fois, le jour du vendredi, en utilisant les armes que leur avait données l’Etat, ils ont commis un coup d’Etat. A la première occasion, le peuple leur a administré une claque : le 27 mai (1960) avec le parti de la justice, le 12 mars (1971) avec le CHP et le 12 septembre (1980) avec l’ANAP. Nous nous sommes dits qu’ils en avaient alors tiré une leçon, mais voilà qu’avec le site Internet qu’ils avaient fondé sur le budget que leur avait alloué l’Etat, ils ont commencé à émettre “les (...)
Une partie de ceux qui prétendaient qu’en Turquie la laïcité était menacée et qu’on se dirigeait vers la fondation d’un Etat islamique ont modifié leur cote d’alerte lors du référendum du 12 septembre dernier. Les huit années d’administration AKP commencent à rendre inopérante cette hallucination du « prenez garde, ils arrivent avec des drapeaux verts ». En lieu et place de ce fantasme, émerge une autre comparaison pour rendre compte du danger que certains tentent de pointer en parlant de dictature ou de (...)
58 % des électeurs turcs ont approuvé par référendum, dimanche dernier, un paquet de réformes constitutionnelles : c’est une large et sereine décision de la société turque.
On peut parler d’acceptation sereine parce que ce vote n’est pas tout à fait un plébiscite en faveur du parti au pouvoir, l’AKP (parti de la Justice et du Développement, islamo-conservateur), mais relève plutôt d’un délicat mélange de soutien aux réformes et de confiance accordée à ce parti. Elle est l’expression nette d’une demande de (...)
Petit matin. Avec Feyhan, ma compagne, nous lisons les journaux. Gros titre dans Taraf : “les Kurdes vont proclamer l’autonomie”. (25.06.10). Feyhan se tourne vers moi avec un regard d’incompréhension. Les mairies tenues par le BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie, pro-kurde) ont décidé que “l’on lutte pour rompre totalement la dépendance vis-à-vis de l’Etat central”. A cela vient s’ajouter la déclaration de l’un des leaders du PKK, Cemil Bayik : “ nous voulons résoudre la question kurde sur la base (...)
“Si l’on ne met pas fin aux structures illégales tapies au sein de l’armée, de la police et de la justice, des structures dotées de prolongements au sein du PKK lui-même, alors tout cet ensemble sabotera […] le processus de démocratisation en Turquie » « Au sein de l’armée, il est des personnes qui négligent leur mission lors des attaques du PKK. S’agit-il de trafiquants de drogue ? Se servent-ils du terrorisme dans la région pour servir certains de leurs intérêts, on n’en sait rien. »
« Les esprits (...)
La question kurde n’est pas une question de terrorisme. Et cela pour deux raisons.
La première est que l’on ne reconnaît pas aux gens le droit de vivre en citoyen de Turquie avec une identité kurde. En Turquie, les citoyens d’origine kurde ne sont les victimes d’aucune discrimination pour autant qu’ils acceptent de se turquifier, mais cela ne signifie pas la reconnaissance d’une identité kurde. Et il est donc une question kurde dans ce pays parce que n’existe pas toute une série de droits (...)